Alors que le nombre d’endroits où sont vendues ses canettes de boissons énergisantes à base de plantes biologiques continue d’augmenter au pays, l’entreprise montréalaise Guru haussera ses prix ce printemps pour contrer la hausse des coûts de transport.

« Ce n’est pas majeur. C’est minime. Ça fait l’objet de négociations avec les détaillants présentement », commente le PDG de Guru, Carl Goyette, en entrevue.

Il y a plus d’une façon d’augmenter les prix. Cela peut notamment se faire en réduisant les promotions ou en haussant le prix unitaire.

« Les produits sont souvent vendus 2 pour 4 $ ou 2 pour 5 $. Ça pourrait devenir 2 pour 4,50 $ ou 2 pour 5,50 $. Le prix unitaire pourrait par exemple passer de 3,29 $ à 3,39 $. Une différence de 10 cents par canette peut faire une grosse différence quand tu en vends des millions », explique Carl Goyette.

« On fait juste suivre l’industrie. Il y a un leader qui a augmenté ses prix. Ce n’est pas nous qui avons initié ça. »

L’analyste Nauman Satti, chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne, souligne que la direction de Celsius a effectivement déjà annoncé qu’elle ajusterait le prix de ses boissons énergisantes et sa stratégie promotionnelle.

Nauman Satti dit maintenant s’attendre à ce que Red Bull et Monster emboîtent le pas compte tenu de la montée des prix de l’aluminium et du sucre. « Ça devrait ouvrir la porte pour des hausses de prix par Guru », dit-il dans une note envoyée à ses clients.

La hausse des coûts de transport affecte déjà les marges de Guru. « Les coûts de transport ont augmenté significativement pour tout le monde dans l’industrie en raison de la hausse du prix du baril de pétrole sur les marchés », a indiqué la chef de la direction financière, Ingy Sarraf, durant une conférence téléphonique avec les analystes organisée en marge de la présentation des résultats de début d’exercice.

La marge brute de Guru a atteint à 55 % au cours des mois de novembre, décembre et janvier, alors qu’elle s’élevait à 62 % il y a un an.

Carl Goyette rappelle que la marge brute s’est cependant principalement contractée en raison de l’entente de distribution signée l’année dernière avec Pepsi. « Pepsi fait beaucoup plus que distribuer nos produits. C’est aussi Pepsi qui s’occupe de placer nos produits sur les tablettes et dans les frigos, en plus de s’occuper de la vente et du marchandisage. »

Ingy Sarraf précise que la marge brute continuera de souffrir des coûts élevés de transport dans les prochaines semaines, mais que cette pression sera contrée par une hausse de prix à la mi-mai.

Questionnée par un analyste pour savoir si Guru sera touchée par la pénurie de canettes d’aluminium, Ingy Sarraf a assuré que ce n’était pas un problème pour l’entreprise aujourd’hui en raison de la stratégie de Guru avec ses inventaires. « Nous avons rapidement vu venir la dynamique de marché et avons réalisé nos achats en conséquence. »

Elle a toutefois ajouté que si la hausse de prix se poursuit (le prix de l’aluminium est en hausse de 50 % sur un an), cela pourrait avoir un impact.

Carl Goyette ne s’attend par ailleurs pas à une baisse des ventes en dépanneur liée à une diminution des dollars discrétionnaires disponibles. « Dans le passé, lors de périodes d’inflation, on a vu que les gens vont peut-être faire des sacrifices sur de plus gros items qui coûtent cher, mais ils vont quand même entrer dans les dépanneurs pour se payer leur Guru ou leurs petites gâteries. »

Guru prévoit d’ajouter 1700 nouveaux points de vente au Canada au cours du trimestre en cours à la suite des « récentes confirmations » de chaînes d’épiceries et de pharmacies.

« Nous pensons rejoindre 70 % des épiceries et des pharmacies canadiennes dans les prochains mois », a dit Carl Goyette.

Ces ententes s’ajoutent aux 1500 points de vente ajoutés au premier trimestre, « principalement » en Californie.

Les revenus de Guru ont atteint 7 millions au premier trimestre, en hausse de 6 % sur un an. C’est davantage que les 6,7 millions attendus par les analystes. La perte d’exploitation ajustée s’est élevée à 3 millions, alors que le consensus des analystes s’articulait autour d’une perte de 5,6 millions.

L’action de Guru a gagné 5 % mardi pour clôturer à 10,50 $ à Toronto. Le titre demeure toutefois en baisse de près de 40 % cette année.

« La réaction des investisseurs [au cours des derniers mois] est liée aux taux d’intérêt qui augmentent », estime Carl Goyette. « Les titres de croissance ont très bien performé durant la pandémie. Les investisseurs se tournent vers les titres de valeur plutôt que vers les titres de croissance. »

Les quatre analystes qui suivent le titre recommandent l’achat. Leur cible moyenne sur 12 mois est à 19 $, l’équivalent d’une appréciation de 90 % par rapport au cours actuel.

Avec La Presse Canadienne