Le titre de la montréalaise recule en Bourse

Les Industries Dorel n’arrivent pas à échapper à la « tempête » tandis que le fabricant de meubles et de produits juvéniles est frappé de plein fouet par les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et la flambée des coûts.

La société montréalaise a dévoilé, vendredi, que sa perte nette a plus que doublé au quatrième trimestre. « La demande était bonne, mais nous n’avons pas été en mesure d’obtenir les ressources ou les pièces nécessaires pour la satisfaire pleinement », rapporte le président et chef de la direction, Martin Schwartz, lors d’un appel avec les analystes financiers.

L’augmentation des coûts qui résulte des perturbations de la chaîne d’approvisionnement a grugé la rentabilité du fabricant. « Pour une entreprise qui dépend entièrement des conteneurs pour livrer ses produits, la pression sur les coûts est extrême », explique l’analyste financier Derek Lessard, de Valeurs mobilières TD.

Le chef des finances, Jeffrey Schwartz, a évoqué la hausse des prix des conteneurs comme un exemple des obstacles qui se dressent sur son chemin.

Quand le prix d’un conteneur passe de 2000 $ à 15 000 $ en seulement huit mois et qu’il contient entre 300 et 400 lits superposés ou sofas, l’augmentation est significative.

Jeffrey Schwartz, chef des finances des Industries Dorel

Si les revenus tirés des activités poursuivies sont demeurés relativement stables avec un recul de 0,9 % à 435,3 millions US, l’augmentation des coûts a eu un impact « sévère » sur la perte nette liée aux activités poursuivies (la vente de la division sport a été conclue au début du mois de janvier). Elle atteint 29,6 millions US, contre 13,3 millions US à la même période l’an dernier.

Une mauvaise surprise

Même si Dorel rapporte que la situation de la chaîne d’approvisionnement perturbe ses activités depuis plusieurs trimestres, l’ampleur des difficultés a surpris les investisseurs.

L’action de Dorel perdait 1,75 $, ou 14,9 %, à 9,97 $ à la fermeture de la Bourse de Toronto, vendredi. « En combinant les défis d’un engorgement de la chaîne d’approvisionnement, d’un marché du travail difficile, de l’inflation, de tensions géopolitiques et d’une crise sanitaire mondiale, la visibilité à court terme sur les bénéfices de Dorel est presque nulle », résume M. Lessard.

Jeffrey Schwartz reconnaît qu’il est difficile de dire de quoi seront faits les prochains trimestres. « Nous nous sentons comme si nous étions dans une tempête en ce moment, confie le chef des finances. Nous voulons nous rendre à l’autre bout et nous espérons que ce que nous faisons aujourd’hui nous permettra de rebondir après la tempête. »

En attendant l’éclaircie, la direction mène différents projets pour renforcer l’entreprise. Elle a vendu sa division des sports derrière les marques de bicyclettes Cannondale, Mongoose et Schwinn pour 810 millions US, en janvier dernier.

Dorel veut aussi transférer une partie de sa production faite en Asie vers les pays occidentaux. Elle est d’ailleurs sur le point de mener à terme des travaux à son usine de Montréal pour démarrer la production de matelas à ressorts enroulés.

Malgré les malheurs de Dorel, M. Lessard, un des deux seuls analystes à faire le suivi de l’entreprise, maintient sa recommandation d’achat. « Nous continuons de croire que de possibles ventes d’actifs et que les mesures pour retourner de l’argent aux actionnaires [dividende ou rachat d’action] seront des facteurs déterminants du prix de l’action pour les 12 à 18 prochains mois. »

Martin Schwartz a voulu se faire rassurant tandis que les mauvaises nouvelles s’accumulent. « Deux années de pandémie et maintenant une guerre insensée [l’invasion russe en Ukraine], déplore le président et chef de la direction. Qui aurait prédit cela ? Il reste beaucoup de défis, mais Dorel vaincra. »