(Toronto) Le patron de la Banque Royale estime que la volatilité du marché attribuable aux risques géopolitiques ne suffira pas pour faire dérailler les hausses de taux d’intérêt à venir et la vigueur sous-jacente de l’économie.

Les déclarations faites jeudi par le chef de la direction de la Royale, Dave McKay, interviennent après que la première offensive militaire de la Russie contre l’Ukraine, dans la nuit de mercredi à jeudi, a fait plonger les marchés et généré de l’incertitude quant aux retombées potentielles de l’agression non provoquée.

« Le risque géopolitique a tendance à s’atténuer avec le temps, mais il peut être assez volatil à court terme », a expliqué M. McKay lors d’une conférence téléphonique pour discuter des plus récents résultats financiers de la banque.

« Donc, je m’attends toujours à ce que la vigueur de l’économie, les pressions inflationnistes dont nous avons parlé, la capacité économique utilisée […], permettent toujours à une certaine forme d’augmentation des taux d’aller de l’avant et à la politique monétaire de continuer à se resserrer. »

Le chef de la gestion du risque de la Royale, Graeme Hepworth, a affirmé lors de l’appel que la banque n’avait aucune exposition directe ou significative à la Russie ou à l’Ukraine en raison des risques sous-jacents, de sorte que la banque se concentre davantage sur les impacts indirects qui pourraient résulter du conflit, tel que la hausse des prix des matières premières.

L’action russe a déjà contribué à faire passer brièvement le pétrole à plus de 100 $ US le baril pour la première fois depuis 2014, tandis que les prix du gaz naturel augmentent également.

« Ce sont des choses qui vont continuer à alimenter et à exacerber les préoccupations actuelles en matière de risque comme l’inflation », a souligné M. Hepworth.

Le risque géopolitique n’est que l’un des défis économiques évoqués par M. McKay, car les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, les pénuries aiguës de main-d’œuvre et les déséquilibres du marché de l’énergie sont également source d’incertitude. Le grand patron de la banque a cependant fait valoir que les moteurs économiques sous-jacents étaient toujours solides.

« Alors que nous dépassons le pic (de la vague de contaminations au variant) Omicron, nous pouvons nous attendre à ce que les économies record des ménages — plus de 200 milliards au Canada seulement — stimulent les dépenses de consommation de biens et services ; à ce qu’une immigration renouvelée stimule la demande de logements ; à un investissement accru des entreprises dans des stratégies préventives de stocks et à l’élaboration de nouvelles capacités numériques. »

Profit supérieur aux attentes

Cet optimisme de la banque survient dans un contexte où la Royale a surpassé les attentes des analystes à son plus récent trimestre, en réalisant un bénéfice net de 4,1 milliards, soit 2,84 $ par action, pour le trimestre clos le 31 janvier, comparativement à celui de 3,8 milliards, ou 2,66 $ par action, de la même période un an plus tôt.

Sur une base ajustée, le bénéfice par action de la Royale s’est chiffré à 2,87 $ pour le plus récent trimestre, alors qu’il avait été de 2,69 $ un an plus tôt. Les analystes s’attendaient en moyenne à un profit ajusté de 2,73 $ par action, selon les prévisions recueillies par la firme de données financières Refinitiv.

Ses revenus ont totalisé près de 13,1 milliards, alors qu’ils avaient été de 12,9 milliards au premier trimestre précédent.

Les provisions pour pertes sur créances ont atteint 105 millions au plus récent trimestre, comparativement à celles de 110 millions de la même période un an plus tôt.

L’analyste de Barclays, John Aiken, a noté que la banque avait fait mieux que prévu, en particulier en ce qui concerne les revenus liés aux marchés des capitaux, les transactions ayant rebondi de 40 % et les frais de conseil ayant augmenté de 7 %. Les services bancaires de détail au Canada ont également enregistré des gains, les prêts moyens ayant augmenté de 9,7 % par rapport à l’année précédente, ce qui a contrebalancé une légère baisse des marges nettes d’intérêt.

« Les résultats ont été assez propres et pavent la voie à une bonne séquence pour la banque pour le reste de l’année, car les augmentations de taux prévues devraient alimenter une nouvelle croissance des revenus, compensant toute baisse potentielle des volumes. »

La banque a précisé que les frais autres que d’intérêts avaient augmenté de 1 % par rapport à l’année précédente, la baisse de certaines rémunérations variables ayant aidé à compenser les augmentations ailleurs.

Les dépenses ont augmenté de 3 % en excluant l’impact de certaines indemnisations. En excluant en plus les gains liés à la réduction des provisions juridiques, les dépenses ont augmenté de 5 % par rapport à l’année précédente.

La directrice financière, Nadine Ahn, a indiqué que la banque avait constaté une augmentation des frais de marketing et de déplacement par rapport au premier semestre 2021, tandis que les frais de personnel augmentaient également.

« Les salaires et les avantages sociaux ont augmenté de 4 %, car nous avons continué d’investir dans la capacité de vente et les activités d’arrière-plan pour soutenir l’augmentation de l’activité des clients dans nos nombreux secteurs verticaux de croissance. »

Les services bancaires personnels et commerciaux de la Banque Royale ont dégagé un profit de 1,97 milliard, en hausse par rapport à 1,79 milliard l’an dernier, une progression soutenue par la vigueur des services bancaires canadiens, incluant la croissance des prêts hypothécaires résidentiels.

La division de la gestion de patrimoine a gagné 795 millions, en hausse par rapport à 641 millions l’an dernier, tandis que celle des marchés des capitaux a dégagé un gain de 1,03 milliard, en baisse par rapport à celui de près de 1,07 milliard de l’an dernier.

Les services aux investisseurs et de trésorerie ont réalisé un profit de 118 millions, en baisse par rapport à celui de 123 millions de l’an dernier, tandis que les activités d’assurance de la Royale ont gagné 197 millions, soit un peu moins que les 201 millions dégagés au même trimestre l’an dernier.

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