Les consommateurs canadiens se tournent de plus en plus vers les chaînes d’épiceries à bas prix, achètent des produits de marque maison et choisissent du porc ou du poulet, moins cher que le bœuf, dans le but d’économiser de l’argent dans un contexte de forte inflation, ont observé jeudi les Compagnies Loblaw.

La société mère des chaînes d’épiceries Loblaw et de pharmacies Shoppers Drug Mart — exploitées sous les enseignes Provigo et Pharmaprix au Québec — a expliqué que la hausse des prix des aliments commençait à modifier les habitudes d’achat des clients.

« Ils deviennent de plus en plus sensibles aux prix. Cela ne fait aucun doute », a affirmé le président du conseil et président de Loblaw, Galen G. Weston, lors d’une conférence téléphonique avec des analystes pour discuter des résultats du quatrième trimestre et de l’exercice complet de la société.

« Nous le voyons notamment dans l’accélération des performances de notre activité à bas prix. »

L’économie rouvre après les fermetures pandémiques, ce qui, selon lui, pourrait influencer le retour des consommateurs chez les enseignes de bas prix telles que Maxi. De nombreuses personnes ont préféré regrouper leurs achats à un même guichet — dans les supermarchés conventionnels, où la sélection de produits et services était plus large — pendant la pandémie.

Entre-temps, la chaîne d’épiceries voit également les premiers signes d’acheteurs qui font le compromis de se tourner vers des catégories de produits moins chères.

« Les gens passeront du bœuf au porc ou au poulet », a expliqué M. Weston, ajoutant que même si l’entreprise s’attendait à ce que cela se poursuive, cette situation n’était pas encore à un « niveau extrême ».

Le détaillant voit également la force de ses marques maison, a-t-il ajouté.

La société s’efforce de minimiser les augmentations de prix en rayon alors que les fournisseurs cherchent à augmenter les prix.

« Notre prix sur l’étagère arrive à la fin d’une chaîne de coûts », a souligné le directeur financier de Loblaw, Richard Dufresne, lors de la conférence. « Nous surveillons cela très attentivement et nous veillons à ce que nos prix de détail soient concurrentiels. »

La question de la hausse des coûts a été mise en lumière lorsque Frito-Lay Canada, l’un des plus grands fabricants de produits alimentaires au pays, a interrompu ses livraisons aux magasins Loblaw après que l’épicier a refusé d’accepter une hausse des prix de gros. La situation fait en sorte que les étagères de l’allée des croustilles et des grignotines de plusieurs magasins sont moins remplies que d’habitude, ou sont davantage approvisionnées avec les marques maison comme le Choix du Président ou Sans nom.

L’épicier a refusé de commenter ses discussions spécifiques avec les fournisseurs de produits alimentaires, mais M. Dufresne a offert un aperçu de la façon dont les négociations sur les prix se déroulent.

« Nous avons une équipe d’experts et ils décomposent le coût de chaque (unité de stockage) en ses composants tels que les matières premières, l’emballage, la main-d’œuvre et le transport », a-t-il affirmé.

« Grâce à leur analyse, nous sommes bien placés pour évaluer les demandes qui nous sont envoyées. »

Loblaw, la plus grande chaîne de supermarchés au Canada, traite également avec un grand nombre de fournisseurs, ce qui donne à l’entreprise « une perspective très solide sur ce qui se passe en matière d’augmentation des coûts », a précisé M. Dufresne.

Dans ses perspectives, la société a indiqué s’attendre à voir ses ventes bénéficier de la pandémie en cours et de la hausse de l’inflation à l’échelle de l’industrie au premier semestre de 2022. Mais Loblaw a prévenu que la croissance des revenus de ses épiceries et pharmacies pourrait diminuer vers la fin de l’année.

« À mesure que les économies rouvriront et que la société commencera à comparer ses résultats à ceux des périodes marquées par les prix inflationnistes et les services pharmaceutiques liés à la COVID-19 de 2021, il deviendra plus difficile d’enregistrer une croissance des produits d’un exercice à l’autre », a indiqué l’entreprise dans un communiqué.

Profits en hausse

Pendant ce temps, Loblaw a affiché un bénéfice du quatrième trimestre en forte hausse, soutenue par une solide demande, les consommateurs continuant de manger à la maison, en particulier pendant la période des Fêtes.

Le profit de Loblaw pour le plus récent trimestre était plus de deux fois plus important que celui de la même période un an plus tôt, gonflé par un recouvrement non récurrent lié à une décision de la Cour suprême sur un litige fiscal.

La société a engrangé un profit net attribuable aux actionnaires de 744 millions, ou 2,20 $ par action, pour la période de 12 semaines terminée le 1er janvier. Ce résultat se comparait à un profit de 345 millions, ou 98 cents par action, pour le quatrième trimestre de l’exercice précédent, qui comptait une semaine de plus.

Les revenus ont totalisé près de 12,8 milliards, un chiffre d’affaires en baisse par rapport à celui de 13,3 milliards réalisé un an plus tôt.

Les plus récents résultats comprenaient un recouvrement de 301 millions lié à la décision de la Cour suprême sur un litige fiscal entre Glenhuron Bank et Loblaw Financial Holdings.