C’est une motoneige sur laquelle on reste debout et sa conduite a peu de similitudes avec l’invention de Joseph-Armand Bombardier. Après deux décennies à travailler en catimini et près de 12 millions en coûts de développement, Widescape commercialise finalement son véhicule récréatif.

« La première fois que tu en fais, après ta première heure, c’est un entraînement », lance le cofondateur et président de l’entreprise, Félix Gauthier, également président et fondateur du constructeur québécois de vélos Devinci, en entrevue téléphonique avec La Presse. « Même s’il fait -25 °C, on a chaud quand on conduit le véhicule. »

Difficile, donc, pour les conducteurs d’envisager des randonnées de plusieurs heures dans des sentiers ponctués d’arrêts dans des relais, comme le font de nombreux amateurs de motoneige.

Le Widescape WS250 est à la jonction de la motoneige, de la moto enduro (motocross) et du vélo de montagne. Plus léger et moins large qu’une motoneige traditionnelle, le véhicule est propulsé par des chenilles alimentées par un moteur à essence quatre temps à injection électronique. Il est équipé d’un guidon et d’un seul ski à l’avant. La société table déjà sur une version électrique.

L’entreprise, qui a présenté son véhicule mercredi, s’attend à en livrer 2500 unités de la fin de septembre au début de 2023. Une centaine de commandes ont déjà été reçues, selon le président de Widescape.

Mais ce nouveau véhicule récréatif n’aurait jamais vu le jour sans une rencontre survenue entre M. Gauthier et Alain Aubut par l’entremise d’un ami commun, il y a environ 20 ans.

« Alain m’avait dit qu’il avait construit un nouveau véhicule qui allait sur la neige, raconte M. Gauthier. J’ai répondu : “Quand tu en auras deux, appelle-moi.” Quand je l’ai essayé, j’ai eu la piqûre. »

À l’époque, malgré la croissance de Devinci, les cycles de production du constructeur de vélos établi à Chicoutimi étaient plus courts. Son président avait du temps et désirait diversifier ses activités de fabrication. Après une pause de quelques années, le projet est relancé avec une équipe qui y est consacrée. Aujourd’hui, le fils d’Alain Aubut, Frédérik, est responsable du développement de produits chez Widescape.

Un produit différent

Ce nouveau véhicule récréatif n’est pas un concurrent direct de la motoneige, selon M. Gauthier.

« Il est conçu pour les conditions hors sentier, dit-il. On n’a pas besoin d’un grand territoire pour s’amuser. Il va intéresser les personnes de 25 à 45 ans qui sont actives. Des adeptes de vélo vont éprouver du plaisir aussi. C’est une conduite assez sportive. Il y a une question de transfert de poids, comme avec une planche à neige. »

PHOTO FOURNIE PAR WIDESCAPE

Moins large qu’une motoneige traditionnelle, le véhicule récréatif de Widescape peut circuler à l’extérieur des sentiers.

Des sommes nécessaires pour développer le Widescape WS250, 55 % proviennent du secteur privé. Investissement Québec (IQ) a épaulé l’entreprise, à l’instar de Desjardins Capital, qui consent un prêt non garanti, et de CDE Saguenay, par le truchement d’une marge de crédit.

Conçu au Québec, le véhicule récréatif sera assemblé en Asie parce que l’entreprise n’avait pas le temps et l’argent pour construire une usine en territoire québécois. Elle fait cependant affaire avec des sociétés d’ici comme Soucy International (chenilles) et CVTech (systèmes de transmission).

« J’ai appris que mieux vaut ne pas vendre que vendre et ne pas livrer, explique M. Gauthier, sur la décision d’effectuer l’assemblage en Asie. On présente le produit et pour ceux qui sont intéressés, on peut offrir une date. »

Transports Canada considère le Widescape WS250 comme une motoneige. Les véhicules doivent donc être immatriculés. L’entreprise dit « travailler » avec les autorités fédérales pour « trouver une classification qui « va bien représenter le véhicule ». Elle souhaite une exemption concernant l’obligation d’avoir un siège et des portes-pieds.

Widescape dit également échanger avec la Fédération des clubs de motoneigistes du Québec.

« On veut permettre au véhicule d’aller sur les sentiers, affirme M. Gauthier. Il est facile à conduire, stable, mais il va moins vite qu’une motoneige. »

Widescape compte 10 employés.

Le Widescape WS250

  • Prix : 8150 $
  • Poids : 200 lb
  • Longueur : 2,2 m
  • Largeur : 1,3 m
  • Consommation : 3 L/heure
En savoir plus
  • 234 000
    Il s’agit de l’estimation du nombre de motoneiges immatriculées au Québec.
    Société de l’assurance automobile du Québec