(Francfort) Le deuxième groupe automobile mondial, Volkswagen, en quête de fonds pour financer sa transition électrique, a annoncé mardi un projet d’introduction en Bourse de Porsche, fabricant de la célèbre sportive 911 valorisé à des dizaines de milliards d’euros.

Le groupe est en « discussions avancées » avec son actionnaire principal et a négocié un « accord général » qui doit constituer « la base pour d’autres étapes d’une éventuelle entrée en Bourse de Porsche AG », selon un communiqué.

Volkswagen compte initialement introduire en Bourse quelque 25 % de Porsche, a indiqué à l’AFP une source au sein de l’entreprise sous couvert d’anonymat, confirmant des informations de presse.

Le constructeur de luxe est valorisé à minima entre 60 et 80 milliards par les analystes.

La « décision finale n’a pas encore été prise » concernant cette opération, longtemps évoquée par les analystes et la presse sans jamais être confirmée, a toutefois précisé le groupe.

Il s’agirait d’une décision majeure dans l’histoire du conglomérat qui veut couvrir les besoins massifs en capitaux pour financer la transition électrique et les investissements dans la voiture autonome et connectée du futur.

Transition électrique

Le géant aux douze marques est, en effet, lancé depuis plusieurs mois dans une course acharnée pour électrifier son offre et se mettre au niveau de l’Américain Tesla et de ses concurrents chinois, plus avancés dans ce domaine.

Face à une électrification accélérée avec, aussi, la construction de coûteuses usines de cellules de batteries, le financement par le placement de Porsche donne plus de flexibilité que les fonds propres.

Selon le quotidien économique allemand Handelsblatt, le directoire aurait d’ailleurs obtenu dans l’accord « l’assurance » que les fonds allaient servir au virage électrique.

Le groupe a prévu d’investir des dizaines de milliards d’euros dans son électrification et compte vendre 50 % de véhicules électriques d’ici 2030.

Dix ans plus tard, la proportion devra quasiment atteindre 100 % sur ses principaux marchés.

Porsche est actuellement détenue intégralement par le groupe Volkswagen. Celui-ci est à son tour contrôlé par une société de portefeuille financière, nommée Porsche SE, à travers laquelle la famille Porsche-Piëch détient une majorité absolue de droits de vote (53,3 %).

Porsche SE est déjà cotée en Bourse et son titre a pris mardi plus de 11 %, alors que Volkswagen a bondi de près de 8 % au sein d’un Dax plombé par le conflit autour de l’Ukraine.

L’accord, encore nécessaire, des conseils de surveillance de Volkswagen et de Porsche SE semble probable, le directeur de la société de portefeuille étant président du comité de surveillance du groupe automobile. Tout projet de cette nature ne serait par ailleurs possible sans l’aval de la famille Porsche-Piëch.

Plus tard, « la réalisation de la transaction reste sous réserve d’autres vérifications […] et de l’évolution du marché », note Porsche SE dans son communiqué.

Quête de valorisation

Une « IPO » de Porsche doit également donner un coup de pouce à la valorisation boursière de la maison mère, qui reste à la traîne à quelque 112 milliards d’euros, notamment face au grand concurrent Tesla qui vaut plus de 885 milliards de dollars.

Les investisseurs, pourtant avides de placer leur argent dans l’automobile électrique, restent sur leurs gardes concernant le groupe allemand.

Dans cette optique, pour réduire la complexité du conglomérat, Volkswagen a notamment déjà introduit en Bourse sa branche poids lourds Traton et cédé une majorité du constructeur de luxe Bugatti.

Herbert Diess s’efforce de transformer l’image du groupe – d’un colosse automobile en un groupe technologique résolument tourné vers l’électrique et les logiciels.  

Il veut mener une « révolution » à Wolfsburg, le siège historique, et a supprimé des milliers d’emplois pour redresser la rentabilité.

La structure décisionnelle du groupe, qui associe les pouvoirs publics – la région allemande de Basse-Saxe – et donne un véto de facto aux représentants syndicaux, freine cependant l’appétit des marchés et attire moins que la start-up d’Elon Musk.

VW est régulièrement agitée par des conflits internes entre le comité d’entreprise et le patron Herbert Diess, qui ont encore récemment ébranlé la confiance des investisseurs.