(Montréal) Autre illustration des difficultés de recrutement d’employés de métier : alors que la négociation pour le renouvellement de la convention collective n’a pas encore commencé, le salaire d’employés de métier est augmenté de 3,73 $ l’heure à l’usine de carton WestRock de La Tuque.

L’usine fabrique du carton pour l’emballage et le secteur alimentaire. Le syndicat Unifor, affilié à la FTQ, y représente 250 travailleurs.

La concurrence est si vive pour trouver et garder des employés de métier que la section locale du syndicat Unifor et l’entreprise se sont entendues pour rouvrir la convention collective, avant même son échéance prévue à la fin du mois d’août. L’entente vient d’être entérinée par les membres de la section locale d’Unifor dans une proportion de 82 %.

Les salaires sont donc bonifiés immédiatement… avant même que les négociations débutent pour renouveler la convention collective.

Ainsi, ce sont les employés de métier de classe A qui voient leur salaire grimper de 3,73 $ l’heure. Ceux de classe B voient leur salaire augmenter de 2,61 $ l’heure et ceux de classe C de 1,59 $ l’heure.

De plus, deux classifications de techniciens ont été ajoutées, le niveau 2 à 48,50 $ l’heure et le niveau 3 à 52 $ l’heure. Le niveau 1 passe de 38,44 $ à 45 $ l’heure.

« C’est immédiat, parce que c’est de la main-d’œuvre qui est rare. La compétition est féroce pour enlever ou recruter. Si on veut retenir ou recruter, on n’a pas le choix de procéder », a résumé en entrevue lundi avec La Presse Canadienne Renaud Gagné, directeur québécois d’Unifor, affilié à la FTQ.

Les négociations pour renouveler la convention collective commenceront en mars, donc ces salaires pourront encore être rehaussés.

« C’est ouvert avec les augmentations qui vont s’appliquer. On avait besoin de ces ajustements-là immédiatement. Puis, si on avait disons 2,5 % d’augmentation le 1er septembre, ces taux-là vont être ajustés en conséquence », a spécifié M. Gagné.

Et il y a aussi les employés de la production auxquels il faut penser. « Il y a aussi des employés de production qu’il faut recruter. Là, on parle des hommes de métier principalement, mais les autres travailleurs dans l’usine, il y a aussi des intérêts pour en recruter, parce que le problème de la main-d’œuvre est partout et tout le monde se l’arrache », a ajouté le dirigeant syndical.

Le directeur québécois du grand syndicat Unifor explique que ce cas est loin d’être unique. Il a vu plusieurs cas d’augmentations de salaire impressionnantes ou de réouverture des conventions collectives avant l’échéance, à cause des difficultés de recrutement et de rétention, particulièrement pour ce type de travailleurs.

« On en a fait beaucoup depuis la pandémie, je dirais depuis l’été 2020, quand on a commencé à avoir toutes sortes de problèmes de main-d’œuvre. On a commencé à avoir des problèmes de recrutement ; il fallait même fermer des équipes de travail [dans certaines entreprises]. Ça fait que ce n’est pas la première fois », a-t-il admis.

Jointe par téléphone, la direction de l’usine WestRock à La Tuque n’avait pas rappelé, au moment de publier.