Des représentants des milieux de l’éducation et des affaires veulent que les entreprises du Québec s’engagent à favoriser la réussite éducative de leurs travailleurs-étudiants en adhérant à la nouvelle « Charte des employeurs pour la persévérance scolaire ».

Dévoilée jeudi dans la Capitale-Nationale, l’initiative de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) vise à encourager les employeurs à « faire preuve de flexibilité » à l’égard de leurs employés-étudiants et favoriser leur réussite académique.

Selon le président-directeur général de la FCCQ, Charles Milliard, les entreprises auront fréquemment dans leurs rangs des employés menant de front études et boulot en raison d’un marché du travail en mutation avec les changements économiques, écologiques et technologiques.

« Maintenant, c’est devenu normal d’apprendre et d’aller à l’école toute sa vie », a-t-il dit en conférence de presse.

En signant la charte, un employeur s’engage à respecter cinq points.

Parmi ceux-ci, figurent d’offrir un horaire de travail adapté aux besoins des employés-étudiants, de prévoir « un temps de repos suffisant » entre un quart de travail et une journée d’école, ainsi qu’« encourager la poursuite des études jusqu’à l’obtention du diplôme ou de la qualification visée ».

La charte demande aussi de mettre en place des « mécanismes de rétroaction » quant au succès de la conciliation études-travail d’un employé.

Elle compte déjà parmi ses signataires le Mouvement Desjardins et Metro. Le réseau des chambres de commerce qui représente près de 50 000 entreprises sera mis à profit pour en faire la promotion.

« Ça s’adresse aussi à des PME, partout en région dans tous les secteurs d’activités, que ce soit un café ou un salon de coiffure », a précisé le président-directeur général de la FCCQ, Charles Milliard,

Le document a été lancé dans le cadre des Journées de la persévérance scolaire qui se déroulent jusqu’à vendredi. La charte a été élaborée par une table ronde composée notamment de membres de la Fédération des cégeps, de Metro, du Mouvement Desjardins, du Réseau québécois pour la réussite éducative et de la Fédération des centres de services scolaires.

Dans le cadre de leurs travaux, ils détermineront des mesures pour s’assurer du succès et du suivi de la charte, a indiqué M. Milliard.

À ses côtés, le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, estime que l’initiative pourrait « changer des vies » et « faire la différence » si les employeurs décident d’y adhérer, « de la colorer un peu de leur milieu de travail » et de faire « preuve de flexibilité ».

La directrice principale de Patrimoine et Fondation Desjardins, Nancy Lee, a invité les employeurs à prendre en compte que plusieurs étudiants sont dans l’obligation de travailler pour poursuivre leurs études, et à voir au-delà de leurs besoins immédiats de personnel.

« En temps de pénurie de main-d’œuvre, c’est tentant d’inciter les employés-étudiants à mettre de côté leurs études. Alors qu’au contraire ce qu’il faut faire, c’est s’assurer de leur donner les moyens de réaliser leurs rêves parce que par la suite, c’est dans nos entreprises qu’ils vont venir réaliser ces rêves-là », a-t-elle affirmé.

Un équilibre possible

En 2019, un sondage mené pour le compte du Réseau québécois pour la réussite éducative (RQRE) a démontré qu’une majorité d’entreprises accordent « une grande importance » à la réussite éducative de leurs employés-étudiants.

Dans une enquête récente sur la motivation des jeunes de 15 à 22 ans, la RQRE a révélé que parmi ceux qui occupent un emploi, 87 % disent arriver à trouver un équilibre entre l’école et leur emploi. Ils affirment pour la plupart que leur employeur considère leurs études dans la gestion de l’horaire.

L’école a aussi toujours préséance par rapport à leur travail pour une majorité de répondants. Ceux-ci étaient invités à indiquer sur une échelle de 1 à 10 s’ils accordaient leur priorité aux études ou au travail ; 1 à 5 représentant la priorité aux études et 6 à 10 pour leur emploi.

« La moyenne des répondants se trouve à 3,8/10, peut-on lire dans le sondage. […] Les femmes (81 %) et les répondants âgés de 15 à 17 ans (84 %) sont proportionnellement plus nombreux à prioriser leurs études. »

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.