Le Québec vient de vivre le mois de janvier le plus froid depuis 2004, et Hydro-Québec a dû faire appel à des moyens extraordinaires pour répondre aux besoins de chauffage des maisons. Il faudra trouver des solutions permanentes pour faire face à ce problème récurrent, estime Pierre-Olivier Pineau, professeur à HEC Montréal.

« Actuellement, on gère ça à la petite semaine, illustre-t-il. Il va falloir faire plus. »

L’édition actuelle de l’État de l’énergie au Québec souligne que si les autres sources d’énergie pour le chauffage disparaissent et sont remplacées par l’électricité, le réseau d’Hydro-Québec ne suffira pas à la demande. Les efforts de la société d’État pour déplacer la consommation avec la tarification dynamique et sa filiale de domotique Hilo seront utiles, mais pas suffisants.

« Aucune gestion de la pointe, horaire ou quotidienne, ne pourra complètement régler cet enjeu durant ces mois, car le froid perdure pendant plusieurs jours, voire des semaines, ce qui fait qu’on ne peut simplement déplacer une demande pendant un moment afin d’en satisfaire un autre », souligne le document.

Comme pistes de solution, le professeur suggère d’abord de conserver les équipements de chauffage au gaz naturel et au mazout existants, qui sont très efficaces pendant ces quelques heures de l’année où les besoins de chauffage sont au maximum. « Avec le temps, des biocarburants pourraient remplacer le gaz naturel et le mazout dans ces systèmes », explique-t-il.

Les thermopompes, très populaires, ne sont pas très efficaces, selon la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal. « Les thermopompes ayant une efficacité décroissante lorsque les températures sont plus froides, elles ne peuvent avoir qu’un impact limité sur les pointes de consommation liées aux grands froids québécois. »

Le recours à la géothermie et l’amélioration de l’isolation des maisons sont deux autres moyens de réduire la demande d’électricité pendant les périodes de froid extrême.

Mais le moyen le plus efficace, selon Pierre-Olivier Pineau, est aussi celui dont on parle le moins : faire payer les consommateurs d’électricité pour la puissance dont ils ont besoin, et pas seulement pour l’électricité consommée. Cette double tarification, qui est celle des clients commerciaux et industriels d’Hydro-Québec, est une mesure incitative efficace pour réduire la consommation d’électricité par période de froid.

Au cours des dernières années, le Québec est devenu très dépendant d’une seule source d’énergie, l’électricité, surtout pour le chauffage. Quelque 60 % de l’électricité consommée dans les foyers québécois sert au chauffage.

Selon l’édition 2022 de l’État de l’énergie au Québec, la demande d’électricité pour la climatisation est en forte croissance au Québec, avec une augmentation de l’ordre de 300 % entre 1990 et 2019.