Lightspeed a réalisé plusieurs acquisitions dans les dernières années, mais le prédateur pourrait se transformer en proie.

À son évaluation actuelle et compte tenu de la croissance anticipée de ses revenus, l’entreprise montréalaise de commerce infonuagique devient une cible d’acquisition potentiellement attrayante, soutient l’analyste Richard Tse, de la Financière Banque Nationale.

Si Richard Tse ne se prononce pas sur l’identité des possibles prétendants pour Lightspeed, les observateurs aguerris n’hésiteront pas à dire que des firmes privées d’investissement et des entreprises comme Shopify et Oracle, par exemple, pourraient démontrer un intérêt.

Oracle a acheté il y a huit ans Micros Systems, spécialiste des logiciels utilisés en hôtellerie et en restauration. Oracle pourrait voir en Lightspeed une façon de prendre de l’expansion dans ce secteur d’activité et pénétrer de nouveaux marchés.

La direction de Lightspeed se dit convaincue qu’un taux de croissance interne des produits tirés des abonnements et du traitement des transactions de l’ordre de 35 % à 40 % par année est réalisable. Surtout avec l’assouplissement des mesures sanitaires, qui permet notamment la réouverture des commerces comme les restaurants.

Achat recommandé

Dans une note publiée jeudi, Richard Tse réitère sa recommandation d’achat à ses clients et qualifie de « solides » les résultats trimestriels publiés mercredi soir.

Il juge cependant que les prévisions pour le trimestre de fin d’exercice (janvier, février et mars) sont simplement « conformes » aux attentes et que la décision de nommer JP Chauvet au poste de PDG, alors que le fondateur, Dax Dasilva, assumera dorénavant le nouveau rôle de président-directeur du conseil d’administration, est un élément alimentant l’incertitude.

En particulier, précise cet expert, dans le contexte du marché volatil actuel pour les titres technologiques et à un moment où la pression des vendeurs à découvert pèse toujours sur l’action de Lightspeed.

« Les investisseurs pourraient se montrer méfiants à propos de la transition au poste de PDG », souligne de son côté l’analyste Daniel Chan, de la TD. « Toutefois, ajoute-t-il, mes rencontres avec JP Chauvet au fil des années me permettent d’afficher une grande confiance en son leadership et sa maîtrise des activités de l’entreprise. »

L’action de Lightspeed a amorcé la journée en baisse de près de 20 % avant de se redresser, pour finalement clôturer en baisse 4 %, à 39,12 $, à la Bourse de Toronto.

Le titre vient néanmoins de se replier de façon importante pour la deuxième séance de suite puisqu’il avait cédé 7 % la veille.

Lightspeed a été attaquée par un vendeur à découvert à la fin de septembre. La valeur boursière de l’entreprise est en chute depuis la publication de ce rapport préparé par Spruce Point Capital. L’action valait 142 $ la veille de la divulgation de ce rapport, et le titre a depuis perdu environ 75 % de sa valeur.

Daniel Chan croit que les investisseurs s’attendaient à la perfection en prenant connaissance de la performance trimestrielle dévoilée mercredi soir. Satisfait des résultats présentés, il soutient qu’ils montrent bien la résilience des activités et des clients de l’entreprise.

Le seul élément négatif, à son avis, est la perte d’exploitation ajustée anticipée de 45 millions US pour l’exercice financier 2022. Ce chiffre se situe dans le bas de la fourchette présentée par les dirigeants et à un niveau inférieur au consensus des analystes.

Sur les 14 analystes qui suivent officiellement Lightspeed, 12 recommandent toujours d’acheter le titre.