Les actions de la société mère du réseau social Facebook, Meta Platforms, ont plongé de 26 % jeudi dans une déroute d’une ampleur jamais vue sur Wall Street et dans la Silicon Valley.

L’effondrement des actions de Meta Platforms, société mère de Facebook, a anéanti 251 milliards US de valeur boursière parmi ses actionnaires ; un chiffre sans précédent dans l’histoire du marché boursier, qui est ainsi supérieur au PIB d’un pays comme la Nouvelle-Zélande.

« 200 milliards de dollars, c’est plus que la capitalisation réunie de 452 entreprises [sur 500] du S&P 500 », a relevé Gregori Volokhine, président de Meeschaert Financial Services à une journaliste de l’Agence France-Presse.

À lui seul, le PDG et fondateur de l’entreprise, Mark Zuckerberg, a vu sa richesse personnelle fondre d’environ 24 milliards US.

Cette débâcle boursière a entraîné dans son sillage une série d’autres valeurs technologiques généralement très prisées des investisseurs, dont Twitter, Snap, Block (ex-Square) et Pinterest, qui ont toutes lâché autour de 10 %.

En tête d’affiche de cette débâcle, l’indice NASDAQ, très influencé par le secteur technologique, a clôturé en repli de 3,7 %. Les indices de marché Dow Jones et S&P 500 ont perdu 1,4 % et 2,4 %, respectivement. Au Canada, le sous-indice du secteur des technologies à la Bourse de Toronto a reculé de 4,8 % jeudi.

Le leader des réseaux sociaux en perte de vitesse

Le catalyseur a été la publication, mercredi soir, de son rapport trimestriel selon lequel la croissance des utilisateurs de Facebook aurait atteint un plafond et que son élan de croissance serait retombé au point mort.

Pour la première fois de son histoire, le géant des réseaux sociaux a perdu des utilisateurs à l’échelle mondiale. Aussi, un profit en baisse au quatrième trimestre et une perspective de croissance ralentie ont fortement déçu les investisseurs et les analystes.

Facebook lui-même a perdu 1 million d’usagers quotidiens, ce qui est inédit pour le réseau social qui a toujours su capter de nouveaux utilisateurs au cours de ses 18 ans d’existence.

Sur un chiffre d’affaires de 33,67 milliards US au quatrième trimestre 2021, Meta Platforms a dégagé un bénéfice net de 10,3 milliards, soit 8 % de moins que l’an passé.

Ce rapport trimestriel a amené les investisseurs à poser une question qui semblait autrefois impensable : les meilleurs jours sont-ils derrière pour Facebook, l’une des actions technologiques les plus détenues dans le monde ?

« C’est un trimestre en forme d’œil au beurre noir », a résumé Dan Ives, analyste pour Wedbush, cité par l’Agence France-Presse.

« Ces coupes sont profondes, et pas dans le bon sens », a écrit Michael Nathanson, analyste chez Moffett Nathanson, dans une note aux investisseurs intitulée « Facebook : Le début de la fin ? », citée par l’agence d’informations financières Bloomberg.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Le professeur Pierre Larouche, expert en droit de la concurrence à l’Université de Montréal

La perception d’un réseau social qui n’est plus à la fine pointe en innovation, combinée aux critiques en matière de protection des données personnelles de ses usagers, semble vouloir se matérialiser en grosse facture en Bourse pour les actionnaires de Meta.

Pierre Larouche, professeur de l’Université de Montréal, en entrevue avec La Presse

TikTok vient brouiller les cartes

Dans ses commentaires sur l’énoncé de résultats trimestriels, le PDG de Meta et fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, a reconnu que le réseau social faisait face à une concurrence sérieuse pour la durée d’utilisation et l’attention des utilisateurs, en particulier de la part de l’application de partage de vidéos TikTok, devenue très populaire parmi les plus jeunes.

De l’avis d’analystes, les résultats décevants de la société mère de Facebook illustrent ses difficultés à séduire la génération des 15-25 ans, malgré la popularité de son autre application Instagram.

Car si Facebook reste le réseau social le plus utilisé au monde, sa croissance n’a rien de comparable à l’ascension fulgurante de son concurrent TikTok, d’origine chinoise.

Selon le rapport 2022 de l’agence We Are Social, cité par l’AFP, TikTok a gagné 650 000 nouveaux utilisateurs par jour lors du dernier trimestre de 2021, avec un nombre total d’utilisateurs en croissance de 45 %.

Le chiffre d’affaires de sa maison-mère chinoise, Bytedance, a d’ailleurs augmenté de 70 % en un an, atteignant les 58 milliards US, soit plus de 73 milliards de dollars.

Pour ne pas perdre trop de vitesse, Meta Platforms mise sur son autre filiale Instagram, un réseau social devenu très populaire auprès des jeunes, mais sans avoir la dynamique d’innovation attribuée à TikTok.

Jusqu’à récemment, les performances d’Instagram, qui a gagné 250 millions d’utilisateurs en 2021 pour atteindre 1,4 milliard au total, avaient permis de relativiser la mauvaise performance de Meta auprès des investisseurs boursiers.

Avec l’Agence France-Presse, l’Associated Press, Bloomberg et Reuters