L’entrepreneur Stéphan Crétier, grand patron de GardaWorld, injecte 60 millions dans une entreprise de Victoriaville et devient ainsi actionnaire de Vosker, une plateforme de surveillance à distance en forte croissance.

Cet investissement donne à Stéphan Crétier un siège au conseil d’administration, ce qui lui permet de jouer un rôle dans la progression future de l’entreprise.

Les trois jeunes fondateurs de Vosker – Yan Gagnon, 40 ans, et les frères jumeaux Danny et Jimmy Angers, âgés de 30 ans – détenaient jusqu’ici 100 % des actions.

Il n’a pas été possible de connaître la valorisation que cet investissement donne à Vosker et la direction se contente de dire que Stéphan Crétier obtient une participation minoritaire.

« Il nous amène un nouveau bagage de connaissances et d’expérience de l’industrie de la sécurité. Ça nous servira à aller partout dans le monde en accélérant notre croissance. Il va nous guider, nous conseiller, et nous connecter aux bonnes personnes », lance Danny Angers, cofondateur, vice-président exécutif et chef de la croissance.

Danny Angers raconte que les dirigeants de Vosker ont pu rencontrer Stéphan Crétier pour la première fois en mars dernier après que des discussions avec différentes personnes ont mené « de fil en aiguille » à un rendez-vous.

Stéphan Crétier n’était pas disponible pour une entrevue. Sa collègue Isabelle Panelli, du bureau de la direction chez GardaWorld, a cependant indiqué à La Presse que Stéphan Crétier était « très heureux d’investir dans Vosker, qui est en plein essor et dirigée par une équipe dynamique et motivée ».

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Les fondateurs de Vosker : Jimmy Angers, Yan Gagnon et Danny Angers.

Le chiffre d’affaires de Vosker, dont la création remonte à 2018, devrait atteindre cette année plus de 150 millions. Danny Angers indique que la pandémie a « complexifié » les activités en raison de la rareté des matériaux – les pièces électroniques notamment – servant à la fabrication des caméras de surveillance.

Danny Angers explique que l’argent injecté par Stéphan Crétier aidera Vosker à sécuriser des pièces à l’avance de façon à les obtenir avant la concurrence, ce qui lui permettra de répondre plus rapidement à la demande des consommateurs.

L’investissement de Stéphan Crétier arrive aussi à un moment important en raison de la saisonnalité des produits. « C’est entre juillet et décembre qu’on vend le plus de produits. Il nous faut donc financer cette production en février et en mars », dit Danny Angers.

Il ajoute que les fondateurs n’avaient pas encore eu à diluer l’actionnariat parce que Vosker génère des marges en croissance.

Nos marges sur les revenus récurrents tournent aujourd’hui autour de 75 % et on s’attend à ce qu’elles augmentent de façon significative.

Danny Angers, cofondateur, vice-président exécutif et chef de la croissance de Vosker

De 80 % à 85 % des revenus proviennent actuellement des États-Unis, 10 % du reste du monde (essentiellement d’Europe) et 5 % du Canada.

Pour accélérer sa croissance, Vosker aimerait notamment profiter de la fragmentation du marché pour réaliser des acquisitions.

« On a identifié 500 entreprises au Canada, aux États-Unis et en Europe qui sont des cibles potentielles pouvant nous permettre d’augmenter de façon importante nos revenus récurrents [abonnements mensuels à la plateforme] et on a des discussions très sérieuses avec une vingtaine d’entre elles et une transaction pourrait se réaliser cette année », dit Danny Angers.

Surveillance à distance

Vosker compte environ 380 employés, tous au Québec. L’entreprise a des bureaux à Victoriaville, à Brossard et à Montréal. La direction ne veut pas dévoiler le nombre d’utilisateurs de ses produits, mais il se compte en centaines de milliers, soutient Danny Angers.

Les caméras de Vosker servent à surveiller des chantiers de construction, des fermes, la faune pour les chasseurs, des chalets, des bateaux à la marina, des vignobles, etc.

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Produits de Vosker, plateforme de surveillance à distance

À l’origine, l’idée des fondateurs était de fournir des caméras de surveillance pour des endroits en zone éloignée où il n’y a pas d’électricité. Ils ont commencé par vendre des caméras fonctionnant à l’aide de piles et dont la technologie permettait de détecter les mouvements et d’être activées seulement lors d’un évènement. Puis, nous explique-t-on, les clients ont commencé à demander du visionnement à distance, mais le transfert de données posait problème et c’est à partir de ce moment que la destinée de l’entreprise a changé et que la direction a voulu aspirer à devenir un géant de la connectivité en surveillance en développant une plateforme technologique.

La plateforme applique notamment des filtres aux notifications et aux images à envoyer aux utilisateurs selon leurs besoins. Le design est réalisé au Québec. Les caméras sont assemblées en Asie.

L’investissement de Stéphan Crétier arrive alors que Vosker a annoncé le mois dernier l’obtention d’un financement (dette, crédit, etc.) de 100 millions auprès de la HSBC, de la Caisse de dépôt et placement du Québec, d’Exportation et développement Canada et de la Banque de développement du Canada.

« Notre moteur économique, c’est nos employés. Ils font en sorte que le rêve devient réalité et que la machine avance à cette vitesse-là », dit Danny Angers.

En savoir plus
  • De 10 à 150
    Le chiffre d’affaires de Vosker est passé de 10 millions à 150 millions en cinq ans. Durant la même période, le nombre d’employés est passé d’une trentaine à 380.