Les économistes de la Banque Nationale abaissent leur prévision de croissance de l’économie du Québec pour 2022 en raison de la sévérité des restrictions sanitaires contre la COVID-19 qui ont été remises en vigueur depuis décembre.

« C’est au Québec que les mesures (anti-COVID-19) sont les plus sévères au Canada et qu’elles risquent le plus de limiter la croissance économique. Par conséquent, nous sommes obligés de réduire notre estimation de la croissance du PIB réel du Québec de plus d’un demi-point de pourcentage pour 2022 », indiquent les économistes de la Banque Nationale dans leur Mensuel économique publié lundi.

Ainsi, ils retranchent trois quarts de point de pourcentage (0,7 %) à leur prévision de croissance de 3,3 % de l’économie québécoise en 2022 qu’ils avaient émise il y a à peine plus d’un mois.

Abaissée de 3,3 % à 2,6 %, leur prévision de croissance au Québec glisse aux derniers rangs parmi leurs prévisions de produit intérieur brut (PIB) pour les 10 provinces, ainsi que pour l’ensemble de l’économie canadienne.

Ces prévisions sont aussi révisées à la baisse par les économistes de la Banque Nationale, mais par une moindre mesure (de 0,3 % à 0,5 %) par rapport à l’ampleur de la révision de leur prévision de croissance pour l’économie du Québec.

L’écart de taux de croissance qui s’annonçait déjà défavorable au Québec en 2022 par rapport à l’Ontario et l’ensemble du Canada risque de se creuser davantage.

Cet écart pourrait s’élever à 1,3 % vis-à-vis de l’Ontario, alors que la prévision de croissance pour cette province voisine est abaissée d’un demi-point de pourcentage à 3,9 % par les économistes de la Banque Nationale.

Par rapport à l’économique canadienne, où les économistes de la banque abaissent leur prévision de 4,1 % à 3,6 % en 2022, l’écart défavorable de croissance du PIB réel au Québec pourrait s’élever à un point de pourcentage.

« Jamais l’écart de rigueur des mesures sanitaires imposées aux Québécois n’a été aussi grand par rapport à la moyenne nationale (depuis le début de la pandémie). Pourtant, les hospitalisations COVID aux soins intensifs au Québec se situent dans la moyenne des pays industrialisés, et la campagne de vaccination au Québec est un grand succès qui ferait l’envie de nombreux pays », souligne l’économiste en chef de la Banque Nationale, Stéfane Marion, dans une note spéciale envoyée lundi matin aux clients-investisseurs de la banque.

D’ailleurs, si la prévision de croissance abaissée à 2,6 % devait se confirmer au cours des prochains mois, l’économie du Québec serait la seule parmi les quatre principales économies provinciales à croître à un rythme inférieur à celui mesuré en 2019, lors de la dernière année économique complète avant le choc de la pandémie au printemps 2020.

En 2019, le PIB réel de l’économie québécoise avait crû de 2,8 %, au-delà du taux de 2,0 % mesuré en Ontario et du taux de 1,9 % pour l’ensemble de l’économie canadienne, selon les données fournies par les économistes de la Banque Nationale.

Après l’année 2020 marquée par la brutale récession de pandémie, l’économie du Québec avait retrouvé l’an dernier un élan de reprise favorable par rapport à l’Ontario et à tout le Canada.

En attendant les statistiques officielles de fin d’année, les économistes de la Banque Nationale anticipent une croissance de l’ordre de 6,2 % pour le PIB réel du Québec en 2021, comparativement à 4,0 % en Ontario et à 4,6 % pour toute l’économie canadienne.

Cet avantage de croissance économique du Québec risque fort de s’inverser au cours des prochains mois, prévoient maintenant les économistes de la Nationale, en conséquence de la sévérité des restrictions sanitaires de pandémie qui ont été remises en place depuis un mois.