Des pharmacies Jean Coutu ont récemment été la cible de fraudes « Post-it », un stratagème qui permet de demander un remboursement sans avoir de reçu de caisse. Une plainte a été déposée à la Sûreté du Québec (SQ). Celle-ci confirme que 16 dossiers distincts font l’objet d’une enquête, mais qu’ils concernent tous un seul et même suspect.

« Au cours des dernières semaines, certaines de nos pharmacies ont été la cible de fraudes réalisées par remboursements. Les fraudeurs appliquent le stratagème du Post-it. Ils demandent le remboursement de produits, et ce, sans présenter de reçu de caisse », indique le directeur à la sécurité et à la prévention du Groupe Jean Coutu, Sylvain Giguère, dans un mémo interne envoyé aux employés à la fin de mai, que La Presse a obtenu.

Dans ce cas particulier, le modus operandi du fraudeur consiste à apposer une note de type Post-it sur l’imprimante ou l’écran d’une des caisses à l’avant de la pharmacie, sur laquelle « est inscrit le nombre d’items et le nom du produit à rembourser », poursuit le gestionnaire. « Par la suite, il se dirige à la caisse avec l’item en question et indique à l’employé qu’il devrait y avoir un message autorisant le remboursement de la marchandise, en soulignant qu’il a communiqué avec le propriétaire ou gérant », indique M. Giguère.

Au moment où l’avis interne a été rédigé, le suspect ciblait surtout des tensiomètres, soit des appareils servant à mesurer la tension artérielle. Cela dit, il pourrait cibler « d’autres marchandises de valeur », prévient le groupe de pharmacies. À la Sûreté du Québec, le porte-parole Benoit Richard indique que 16 dossiers sont liés à des fraudes « Post-it », surtout dans la région de Lanaudière. Chaque fois, c’est le même suspect qui y est lié.

Jean Coutu précise aussi que les fraudes « ont été commises principalement par une personne », mais qu’il demeure possible que celle-ci ait des complices. « Soyez très vigilants, car il a réussi à de multiples reprises en employant toujours le même stratagème », écrit Sylvain Giguère, en invitant ses employés à la plus grande prudence dans les circonstances.

Lorsque le client se présente à une caisse pour demander un remboursement en mentionnant qu’une note autorisant le remboursement devrait être laissée à la caisse, la caissière devrait toujours sécuriser la marchandise à l’arrière de son comptoir, afin que le client n’y ait plus accès, et ensuite appeler un responsable.

Sylvain Giguère, directeur sécurité et prévention du Groupe Jean Coutu

Plus de fraudes « en face à face » ?

De manière générale, la Sûreté du Québec suit de près l’évolution des techniques de fraude au fil du temps. Au-delà de la technique « Post-it » et du présent dossier, certaines informations « récupérées au cours de la dernière année » permettent de dégager plusieurs stratagèmes régulièrement utilisés « en face à face » par des fraudeurs auprès de commerçants.

L’un d’eux « consiste à contacter un commerçant par téléphone pour commander des outils ou un produit dispendieux en utilisant des numéros de carte de crédit frauduleux », détaille M. Richard. « Le fraudeur mentionne qu’un employé récupérera la marchandise dans la journée. Au moment de l’achat, le commerçant conclut la transaction et prépare la marchandise qui sera récupérée avant que la carte de crédit ne soit déclarée frauduleuse. Ce n’est que quelques jours après la transaction que celle-ci sera refusée. Il n’y aura jamais de paiement au commerçant », avance-t-il.

Un autre stratagème bien connu est celui du fraudeur qui se déplace dans un commerce et fait l’achat d’un produit. Il quitte ensuite le magasin avec le produit en question, avant de revenir un peu plus tard. Le fraudeur va alors se chercher un bien identique dans les étagères, « sans se faire remarquer », et revient au comptoir pour demander un remboursement.

Enfin, une dernière technique « consiste pour un fraudeur à personnifier un réel fournisseur d’un commerce ou d’une entreprise exigeant le paiement d’une fausse facture », soutient la SQ, qui rappelle par ailleurs que « certains stratagèmes sont destinés à un type de commerçant en particulier », notamment des hôtels ou des concessionnaires automobiles.

« Les stratagèmes de fraude évoluent à la même vitesse que la technologie. Nous devons constamment adapter nos méthodes et informer continuellement la population. Nous travaillons régulièrement avec le Centre antifraude du Canada », souligne Benoit Richard à ce sujet, en invitant les commerces ainsi que la population à faire preuve de beaucoup de vigilance, en cas de moindre doute.