Le numéro un des centres de conditionnement au Québec se met à l’abri de ses créanciers

Aux prises avec une lourde dette après 15 mois de fermeture presque complète de ses succursales, Nautilus Plus se met à l’abri de ses créanciers.

L’entreprise sera rachetée par un groupe d’investisseurs mené par son PDG actuel, Martin Légaré, deux vice-présidents, Marie-Josée Després et Sylvain Cyr, ainsi que Fondaction, le fonds de travailleurs de la Confédération des syndicats nationaux (CSN).

En entrevue, M. Légaré est catégorique : aucun des 700 emplois et des 33 centres de conditionnement physique n’est menacé. « Je considère que c’est une bonne nouvelle pour nos employés et nos membres. C’est la continuité de notre entreprise. »

Deux gros créanciers

Le prix de la transaction, qui sera rendue officielle ce vendredi matin, n’a pas été dévoilé. Nautilus Plus, qui s’est placée jeudi sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité, compte 115 créanciers, à qui elle doit un total de 41,9 millions. Le syndic désigné est Raymond Chabot.

Les deux plus importants créanciers non garantis sont la Banque de Montréal (24,4 millions) et la Caisse de dépôt et placement du Québec (8,3 millions). On compte également des dettes importantes pour la location des espaces abritant les centres de conditionnement physique, notamment 423 733 $ pour le 1870, avenue Panama, à Brossard, et 492 791 $ pour deux emplacements loués à Ivanhoé Cambridge, bras immobilier de la Caisse de dépôt.

Par ailleurs, seule la Banque de Montréal compte également une créance garantie de 4 millions, qui lui vaut la priorité pour le remboursement. Depuis 2008, la firme de capitaux privés Novacap en est l’actionnaire majoritaire.

Coup de grâce et COVID-19

Cette « restructuration financière » permettra de renégocier et de réduire considérablement la dette. M. Légaré n’a pas voulu préciser quelle proportion les nouveaux propriétaires offriraient en remboursement aux créanciers. « C’est un peu trop tôt pour en discuter. L’objectif poursuivi dans nos discussions, c’est d’assurer la continuité. »

Même réponse quand on lui demande s’il en profitera pour renégocier les baux.

Il est trop tôt, on amorce le processus. Je sais que ça va se faire dans le meilleur intérêt de toutes les parties.

Martin Légaré, PDG de Nautilus Plus

Fondée en 1978 à Québec par deux joueurs des Nordiques, Steve Sutherland et Charles Constantin, l’entreprise aujourd’hui établie à Longueuil est devenue la plus importante dans ce domaine au Québec, avec quelque 50 000 membres, 33 succursales, un demi-millier d’entraîneurs certifiés et une centaine de nutritionnistes.

Elle a toutefois perdu quelques plumes ces dernières années. La Presse a rapporté par exemple en 2013 qu’elle comptait alors plus de 67 000 membres, 1200 employés et 41 centres. Mais c’est la pandémie de COVID-19, qui a forcé la fermeture des salles d’entraînement sauf pendant de rares intervalles depuis mars 2020, qui a donné le coup de grâce.

« Une entreprise qui a une dette, ce n’est pas un problème, affirme M. Légaré. Mais une entreprise qui a une dette et qui doit cesser ses activités, il y a un moment où la réalité nous rattrape. »

« Prochaine compétition »

En rétrospective, croit-il que l’équipe de gestionnaires, qui reste en place, aurait pu administrer différemment l’entreprise pour la préparer à un choc comme celui subi depuis 15 mois ? « Il est un peu tôt pour faire un post-mortem, mais les gens en place qui ont fait partie de la cellule de crise sont d’une grande compétence. Personne n'est parfait, mais je ne vois pas où on pourrait trouver une autre explication que la pandémie […] Il y a deux ans, on n’allait pas du tout dans cette direction-là. On n’est pas la seule organisation à avoir été secouée par cette crise. »

Pour reprendre une image sportive, M. Légaré convient que la nouvelle des déboires financiers survient alors que le fil d’arrivée semble proche, avec la réouverture récente des centres de conditionnement physique. « On vient de vivre un marathon en temps de pandémie […] Mais les gens qui s’entraînent font plus qu’une épreuve. C’est une étape importante dans l’entreprise, on est prêts pour une prochaine compétition. »

Il ne craint pas que sa clientèle soit méfiante à l’idée de faire affaire avec une entreprise qui se place sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité. « C’était la meilleure décision, soutient-il. Ça permet de garder le siège social au Québec, l’équipe de direction et le contrôle de l’entreprise ici, et, par-dessus tout, de respecter l’ensemble de nos engagements auprès des membres et de préserver l’ensemble de nos emplois. »

Il promet dans les prochaines semaines des annonces qui démontreront que Nautilus Plus est toujours bien en forme. « On avait des projets en développement. J’invite les gens à surveiller les nouvelles. »