(Montréal) Les scènes de consommateurs qui se ruaient sur les emballages de papier toilette dans les allées ainsi que les faibles ventes aux entreprises et institutions continuent de hanter les finances de Cascades, si bien que le géant québécois du papier prévoit essuyer des résultats financiers décevants une fois de plus au prochain trimestre.

« Les résultats des papiers tissu poursuivront leur baisse par rapport à ceux, très bons, de l’an dernier [qui étaient] propulsés par la forte demande liée à la COVID-19 dans le secteur du détail », a résumé jeudi Allan Hogg, le vice-président et chef de la direction financière, lors d’un appel avec des analystes pour discuter des résultats du premier trimestre de 2021.

L’entreprise présentait des bénéfices en recul par rapport au trimestre correspondant de 2020, une baisse qu’elle attribue principalement à l’importante contraction de la demande pour les papiers tissu destinés au commerce de détail. Dans l’ensemble, les ventes de la division des papiers tissu ont en fait diminué de 23 % lors du dernier trimestre.

Le grand patron de la division Tissu, Jean-David Tardif, a estimé que l’entreprise a expédié en 2020 l’équivalent d’un mois de plus de marchandise que ce qui a été réellement consommé, conséquence du stockage de produits par les consommateurs durant la pandémie.

M. Tardif a cité lors de l’appel téléphonique des données de la firme Nielsen qui indiqueraient qu’avril est le premier mois de croissance des volumes de mois en mois dans ce secteur aux États-Unis depuis le début de la pandémie.

« Nous croyons que les consommateurs ont écoulé l’inventaire de leur côté, mais qu’il y a encore un surplus [de stocks] chez les détaillants et les distributeurs, et dans les manufactures. En tout et pour tout, nous croyons qu’il y a pour deux ou trois mois de débalancement, mais nous entrevoyons de meilleures ventes au deuxième trimestre qu’au premier. »

Ces résultats décevants sont toutefois temporaires, assure l’entreprise de Kingsey Falls, dans le Centre-du-Québec, estimant qu’à long terme, la demande des consommateurs et des organisations reviendra à la normale à mesure que les inventaires se rééquilibrent et que les commerces et l’économie rouvrent.

La pandémie a aussi entraîné des changements dans le type de production de cette division, dont la moitié allait habituellement au marché du détail et l’autre moitié au hors foyer, faisant passer la proportion à environ 65 % et 35 % respectivement. À plus long terme, Cascades entrevoit que 60 % de sa production sera destinée aux consommateurs et le reste aux organisations.

Commerce en ligne

Mais la pandémie et l’explosion du commerce en ligne sourient aussi au fleuron québécois avec une forte demande pour les boîtes de carton.

Et l’avenir s’annonce radieux. « Nous observons que certains de ces changements demeureront pour le long terme », a dit Charles Malo, le président et chef de l’exploitation de Cascades Emballage.

Cette tendance est de bon augure alors que l’entreprise est en train de réaliser un investissement majeur pour convertir l’usine de Bear Island, en Virginie, pour la production de carton-caisse recyclé.

En un an, le bénéfice d’exploitation a chuté de 40 %, de 87 millions à 52 millions ; par action, le bénéfice net a reculé de 0,24 $ à 0,22 $.

Le bénéfice d’exploitation ajusté a baissé de 25 %, de 87 millions à 65 millions. Par action, le bénéfice net ajusté est passé en un an de 0,42 $ à 0,29 $.

Les ventes ont atteint 1,182 milliard au premier trimestre de 2020, 7 % de moins qu’à la même période de l’exercice précédent.

À la Bourse de Toronto, l’action de Cascades terminait la séance jeudi à 13,92 $, en baisse de 78 cents, ou environ 5,3 %.

Les analystes attendaient en moyenne un bénéfice par action de 34 cents et un chiffre d’affaires de 1,237 milliard, selon les prévisions recueillies par la firme de données financières Refinitiv.