(New York) Le laboratoire américain Pfizer prévoit d’écouler cette année pour 26 milliards de dollars de son vaccin anti-COVID-19 développé en partenariat avec BioNTech, et s’attend à continuer à en vendre massivement par la suite.

C’est bien plus que les quelque 15 milliards de dollars estimés en février.

Grâce aux campagnes de vaccination qui se mettent en place un peu partout dans le monde, le groupe a signé d’autres contrats. Et sur la base des accords existants à la mi-avril, il prévoit de vendre au moins 1,6 milliard de doses sur l’ensemble de l’année.

Le laboratoire a aussi indiqué mardi avoir conclu des accords avec le Canada et Israël pour fournir des vaccins au-delà de 2021 et « être en train de négocier des contrats potentiels similaires avec de nombreux autres pays ».

Le PDG de Pfizer, Albert Bourla, a évoqué lors d’une conférence téléphonique mardi des discussions portant jusqu’à 2024.

« Sur la base de ce que nous avons vu, nous pensons qu’il est probable que la demande pour notre vaccin contre la COVID-19 sera durable, comme c’est le cas pour les vaccins contre la grippe », a-t-il remarqué.

Il faudra sans doute faire des rappels régulièrement pour maintenir un niveau d’immunité satisfaisant dans l’ensemble de la population, et contrer la menace de nouveaux variants.

Pfizer mène actuellement une étude sur les effets d’une troisième dose du vaccin pour déterminer si un rappel apporte une protection contre les mutations du virus.

L’utilisation du vaccin, administré actuellement en deux doses et efficace à plus de 90 %, va par ailleurs peut-être être étendue aux plus jeunes.

Pfizer s’attend notamment à « avoir bientôt des nouvelles » de l’agence américaine des médicaments (FDA) sur une possible administration du vaccin chez les adolescents de 12 à 15 ans, a souligné M. Bourla.

Le groupe est aussi en train de mener une étude sur la sécurité et l’efficacité du vaccin pour les enfants de 6 mois à 11 ans.

Envolée des profits

Parallèlement, Pfizer cherche à faciliter l’utilisation de son produit.

Le groupe espère notamment recevoir bientôt le feu vert des autorités américaines pour une conservation du vaccin à des températures standards de réfrigérateur (entre 2 et 8 degrés Celsius) jusqu’à quatre semaines, contre une température de congélateur actuellement (entre -25 et -15 degrés).

Au 3 mai, l’entreprise avait déjà envoyé environ 430 millions de doses du vaccin à 91 pays et territoires dans le monde.

Fort de la demande pour son produit phare, qui devient ainsi l’un des plus gros « blockbusters » de l’histoire de la pharmacie, Pfizer a nettement relevé ses prévisions pour l’ensemble de l’année.

Le chiffre d’affaires total en 2021 devrait atteindre entre 70,5 et 72,5 milliards de dollars, contre 59,4 à 61,4 milliards prévus auparavant.

Pfizer travaille aussi sur deux nouveaux traitements pour soigner les patients atteints de la COVID-19, « l’un administré par voie intraveineuse et l’autre par voie orale », a rappelé M. Bourla.

Au seul premier trimestre, le chiffre d’affaires total du laboratoire a bondi de 45 %, à 14,6 milliards de dollars, dopé par la vente du vaccin pour 3,5 milliards de dollars.

Son bénéfice net total s’est aussi envolé de 45 %, à 4,9 milliards de dollars.

Le groupe ne détaille pas à part les bénéfices retirés des vaccins anti-COVID-19, indiquant seulement dégager une marge avant impôt d’environ 25 % à 30 % sur le produit et partager 50-50 les profits bruts avec son partenaire allemand BioNTech.

Ses concurrents Johnson & Johnson et AstraZeneca se sont pour leur part engagés à vendre leur vaccin à prix coûtant le temps de la pandémie.

L’ONG de protection des consommateurs Public Citizen a déploré mardi que Pfizer « profite financièrement de la crise […] alors que des milliards de personnes à travers le monde n’ont pas encore accès au vaccin ».

Pfizer s’est engagée à apporter jusqu’à 40 millions de doses au dispositif international COVAX, qui distribue le vaccin aux pays les plus pauvres. C’est une fraction des 2,5 milliards de doses que le groupe dit être en capacité de fournir cette année.

Les gouvernements devraient « forcer Pfizer à partager sa technologie avec les fabricants à travers le monde pour aider à accélérer la production », a ajouté Public Citizen dans un message transmis à l’AFP.