Le fabricant de produits de bois traité Stella-Jones profite de l’emballement de la demande dans le marché des bricoleurs et des rénovateurs résidentiels pour engranger des résultats records en ce début d’année 2021.

Durant le premier trimestre, le doublement des revenus de sa division de bois d’œuvre traité à usage résidentiel a propulsé les revenus totaux de Stella-Jones en hausse de 23 % au montant record de 623 millions.

En conséquence, le bénéfice d’exploitation (BAIIA) du premier trimestre a bondi de 57 %, à 99 millions — aussi un montant record — alors que le bénéfice net a doublé sur un an pour atteindre 56 millions.

« Nous avons connu un début d’année exceptionnellement robuste », a constaté d’emblée le président et chef de la direction de Stella-Jones, Éric Vachon, lors de sa présentation des résultats trimestriels.

« Notre performance au premier trimestre a été alimentée par des prix de vente records et un accroissement des volumes dans le marché du bois d’œuvre [traité] à usage résidentiel, par de très bons résultats dans le marché des poteaux destinés aux sociétés de services publics, ainsi que par une forte demande pour les traverses de chemin de fer atténuée toutefois par des pressions [baissières] sur les prix dans certains marchés. »

Sur cette lancée, et sans l’ombre d’un ralentissement du marché résidentiel à l’horizon, les dirigeants de l’entreprise montréalaise ont signalé aux actionnaires convoqués en assemblée virtuelle et aux analystes durant la téléconférence trimestrielle qu’ils rehaussaient substantiellement leurs estimations de résultats pour tout l’exercice 2021.

Le chiffre d’affaires annuel est désormais prévu en hausse « de 15 % à 24 % » par rapport à l’an dernier ; un taux de croissance au triple des plus récentes prévisions d’analystes.

Quant au bénéfice d’exploitation annuel, les dirigeants de Stella-Jones l’anticipent maintenant aux environs de 465 millions, soit 17 % de plus que ce dont ils avaient fait part il y a à peine trois mois, en fin d’exercice 2020.

Accueil favorable en Bourse

En Bourse, les investisseurs en actions de Stella-Jones ont vivement réagi à ses résultats trimestriels et ses perspectives nettement au-delà des attentes en poussant leur valeur en hausse de 5 % en cours de séance lundi, tout juste au-dessus des 54 $, un nouveau prix record.

En fin de séance, les actions de Stella-Jones cotaient en hausse plus modeste de 2,2 %, à 52,51 $, ce qui rehausse la capitalisation boursière totale de l’entreprise aux environs de 3,4 milliards de dollars.

« Stella-Jones a publié des résultats impressionnants au premier trimestre. Et plus important encore, l’entreprise a augmenté ses prévisions pour 2021 en raison d’une forte demande pour le segment du bois de construction résidentiel », ont signalé les analystes Benoit Poirier et Jean-François Lavoie, chez Desjardins Marchés des capitaux, dans une note à leurs clients investisseurs obtenue par La Presse.

« Nous sommes très satisfaits des solides résultats du trimestre, qui démontrent à nouveau la résilience de Stella-Jones face à la pandémie et sa capacité à générer un solide bénéfice d’exploitation (BAIIA) et une croissance des bénéfices par action. La révision haussière des prévisions de résultats pour tout l’exercice 2021 témoigne également de cette résilience et de cette capacité. »

Dépendant du secteur résidentiel

Mais pour l’analyste Maxim Sytchev, de la Financière Banque Nationale à Toronto, même impressionnants à première vue, les résultats de Stella-Jones au premier trimestre 2021 pourraient cacher sa plus grande dépendance au marché résidentiel.

« Manifestement, les résultats du premier trimestre de Stella-Jones découlaient surtout de la force du marché résidentiel pour le bois d’œuvre traité. Mais combien de temps pourrait durer cette force sur le marché résidentiel ? », signale l’analyste torontois dans une note à ses clients-investisseurs.

« Ce marché résidentiel a largement contribué au chiffre d’affaires global de Stella-Jones au fil des ans. Mais l’engouement de la demande suscité par la pandémie a poussé le pourcentage du résidentiel dans les revenus totaux à des niveaux beaucoup plus élevés. Il s’établit à 27 % au premier trimestre, soit le double (13 %) d’il y a deux ans, au premier trimestre 2019 », explique M. Sytchev dans sa note d’analyste obtenue par La Presse.

« En mentionnant cela, je ne remets pas en question la bonne capacité de Stella-Jones de profiter de la dynamique actuelle des prix sur le marché résidentiel. Néanmoins, je considère que cette dynamique de prix est devenue comme une rallonge sur un marché qui était déjà très étiré. »

N’empêche, dans sa présentation durant l’assemblée d’actionnaires tenue hier en webconférence, le président et chef de la direction de Stella-Jones, Éric Vachon, a signalé que, parmi les « priorités pour 2021 », l’entreprise entendait « être active sur le front des acquisitions » afin « d’étendre [sa] capacité à maintenir la rentabilité ».

« Depuis plus de 15 ans, Stella-Jones poursuit un chemin de croissance régulier et discipliné, qui a impliqué de nombreuses acquisitions et nous a amenés à un total de 40 usines de traitement du bois et 12 installations de façonnage de poteaux dans 19 États américains et 6 provinces canadiennes », a souligné Éric Vachon.

« Si la dernière année a été calme sur ce front, notre vision stratégique, basée sur l’expansion continentale, reste très intacte. Nous recherchons activement des opportunités identifiées pour renforcer encore notre présence à l’échelle du marché nord-américain. »