(Londres) Le groupe pharmaceutique AstraZeneca a vu son bénéfice s’envoler au premier trimestre et a engrangé des ventes de 275 millions de dollars pour son vaccin contre la COVID-19 dont il a défendu les mérites malgré les retards et les doutes.

Le laboratoire suédo-britannique, qui dévoile pour la première fois un chiffre d’affaires sur son vaccin, a dégagé un profit net doublé à 1,56 milliard de dollars sur les trois premiers mois de l’année, selon un communiqué.  

Les ventes du vaccin ne représentent que 4 % de son chiffre d’affaires qui grimpe de 15 % à 7,3 milliards de dollars.

AstraZeneca ne donne des données sur son sérum que pour le premier trimestre, sans préciser s’il s’agit du montant total du son chiffre d’affaires depuis son lancement.

Son vaccin, développé avec l’Université d’Oxford, est l’un des moins chers de ceux qui sont sur le marché, et le groupe a rappelé qu’il le vendait à prix coûtant, donc sans faire de bénéfices ni de pertes.

L’américain Pfizer, dont le sérum est beaucoup plus onéreux, avait estimé que les ventes de son vaccin anti-COVID-19 atteindraient 15 milliards de dollars en 2021.

« Nous jouons un rôle majeur dans la lutte mondiale contre la pandémie », a affirmé le directeur général Pascal Soriot, lors d’une conférence de presse en ligne, défendant l’efficacité de son vaccin.

PHOTO BRENDA GOH, ARCHIVES REUTERS

Le directeur général d'AstraZeneca, Pascal Soriot

« Nous voyons des signes qu’il réduit les transmissions », évoquant de récentes données au Royaume-Uni, selon le dirigeant.

« En Europe, nous continuons à faire des progrès dans l’approvisionnement […] et nous travaillons dur pour augmenter la production », a-t-il précisé.

Le vaccin d’AstraZeneca a subi des retards de livraison en Europe et fait l’objet de doutes sur ses effets secondaires.

« Nous n’avons jamais prétendu que nous allions être parfaits », mais « nous ne regrettons rien », a expliqué M. Soriot.

L’utilisation du vaccin AstraZeneca a été restreinte dans la plupart des pays de l’Union européenne à cause de très rares cas de thromboses qu’il peut provoquer. Le Danemark ne l’utilise plus.

L’UE a elle attaqué en justice le laboratoire pour ne pas avoir tenu ses engagements sur les livraisons de son vaccin anti-COVID-19, une procédure que le groupe a jugée « sans fondement ».

Le laboratoire n’a livré au premier trimestre que 30 millions de doses à l’UE sur les 120 millions promises contractuellement.

Impact de la pandémie

Au deuxième trimestre, il ne compte en fournir que 70 millions sur les 180 millions initialement prévues. Il prévoit d’atteindre le chiffre de 50 millions à fin avril.

« Bien sûr nous aurions préféré livrer plus de quantités à l’Europe. Mais au bout du compte nous avons fait de notre mieux pour aider le monde », a déclaré Pascal Soriot.

Son groupe a livré plus de 300 millions de doses dans 165 pays à ce jour. Son sérum représente 90 % des vaccinations en Inde, où la pandémie fait des ravages.

AstraZeneca représente en outre l’écrasante majorité du programme mondial de vaccination COVAX.

Son vaccin n’est pas encore autorisé aux États-Unis, le groupe assurant qu’il avance dans la procédure, ralentie par le grand nombre de données à transmettre.

Au cours du trimestre écoulé, les profits d’AstraZeneca ont été dopés par un bond de ses ventes dans ses nouveaux traitements, en particulier dans l’oncologie, l’une de ses spécialités.

Pascal Soriot s’est félicité dans le communiqué des résultats « malgré l’impact négatif de la pandémie sur le diagnostic et le traitement de nombreuses maladies ».

Les médecins donnent la priorité au traitement de la COVID-19 par rapport à d’autres maladies, tandis que la distanciation et les mesures sanitaires limitent la propagation des rhumes ou de la grippe.

Ce phénomène peut conduire à une baisse des ventes, ce dont a fait les frais par exemple GSK, le concurrent britannique d’AstraZeneca.

M. Soriot s’attend à ce que cet impact soit moins fort au second semestre, ce qui devrait permettre de soutenir un peu plus les résultats financiers et de respecter ses objectifs d’une hausse de ses ventes et de son bénéfice par action pour 2021.

Il compte s’appuyer sur l’acquisition de la biotech américaine Alexion, spécialisée dans les maladies rares, qui devrait être bouclée au troisième trimestre.