Ensemble, les deux entreprises familiales ont plus d’un siècle d’expérience dans la construction. Le Groupe BauVal et Roxboro ont mis cette expertise en commun pour créer un géant québécois dans un secteur en pleine effervescence.

Avec 2000 employés et un chiffre d’affaires annuel de 650 millions, l’entreprise issue de la fusion élargit considérablement ses horizons, expliquent les deux dirigeants, David Théorêt et Luc Lachapelle, lors d’un entretien avec La Presse.

La transaction s’est conclue relativement rapidement, en décembre 2019. « Ça a pris neuf mois, comme pour un bébé », dit Luc Lachapelle, patron de BauVal.

Il faut dire que les deux entreprises se connaissaient, pour avoir déjà travaillé ensemble au cours des années.

On était à la fois concurrents et fournisseurs, mais le plus important, c’est qu’on partageait les mêmes valeurs.

David Théorêt, PDG de Roxboro

Roxboro, établie à Dorval, se spécialise dans les travaux de génie civil, l’asphaltage et le terrassement. BauVal exploite des carrières et des sablières et son siège social est à Boucherville.

Une épidémie de transactions dans le secteur a donné l’impulsion à la fusion. « On voyait beaucoup de belles entreprises québécoises partir à l’étranger », dit David Théorêt. BauVal, de son côté, recevait des offres d’achat chaque année, parfois deux fois par année, rappelle Luc Lachapelle.

L’idée de créer un fleuron québécois s’est donc imposée aux deux dirigeants, qui se sont mis à parler de fusion.

Un long cheminement

Si la transaction a été conclue rondement, elle est l’aboutissement d’un long cheminement au sein des deux entreprises familiales. Elles ont dû passer à travers un processus de transfert de propriété d’une génération à l’autre.

Chez Roxboro, c’était tout un défi. L’entreprise fondée en 1972 par les grands-parents de David avait été reprise par leurs cinq fils. Ces derniers ont passé le flambeau à leurs enfants, 11 cousins et cousines en tout, qui ont dû s’entendre sur la suite des choses.

« Le plus beau cadeau que les cinq frères nous ont fait, c’est de nous dire : “Si vous voulez racheter l’entreprise, la solution va venir de vous. Préparez un plan d’affaires et une offre d’achat.”

« On a formé un groupe de relève, qui se rencontrait toutes les deux semaines, et on a présenté un plan d’affaires. En 2017, on a conclu le transfert », résume David Théorêt.

Le groupe BauVal, à Boucherville, est passé par le même chemin, mais simplifié parce qu’il y avait moins de parties prenantes. « L’entreprise a été fondée en 1954, rappelle Luc Lachapelle. Mon père avait commencé à racheter les autres actionnaires, puis ma sœur et moi en avons hérité. J’ai été le catalyseur pour acheter toutes les actions du groupe et assurer sa continuité. On a roulé 10 ans là-dessus. »

Pendant ces 10 années, même si les occasions de vendre se sont multipliées, Luc Lachapelle a tenu bon. « C’est passé proche », reconnaît-il. La fusion avec Roxboro est une expérience plus complexe, mais plus prometteuse, selon lui. « Comme on me l’a dit, c’est plus difficile que d’encaisser un chèque et sacrer mon camp en Floride. »

Et maintenant, l’avenir

Luc Lachapelle continue de s’impliquer dans l’entreprise fusionnée, dirigée par David Théorêt. « J’ai pris ma retraite du contrôle, mais je reste là, pour faire du mentorat, entre autres », dit-il.

Après avoir reçu le feu vert du Bureau de la concurrence, les dirigeants se sont mis à la tâche pour arrimer les activités des deux entreprises. « On a démarré sept chantiers d’intégration pour consolider les activités et deux semaines après, la crise [de la COVID-19] est arrivée », raconte David Théorêt.

Après la pause imposée par le gouvernement, l’industrie de la construction a redémarré à grande vitesse. « Il a fallu se réadapter très vite, on a continué les réunions d’intégration en visioconférence. Ç’a vraiment été un défi. »

Aujourd’hui, l’intégration est achevée à 70 %, estiment les deux hommes, et à la satisfaction des clients et des employés. Aucun employé n’a été licencié, souligne Luc Lachapelle. « On fait ce que j’appelle des remaniements ministériels, pour mettre les bonnes personnes à la bonne place. »

L’expérience sera mise à profit dans les prochains chapitres de l’histoire de l’entreprise, selon David Théorêt. « Avec la taille qu’on a, ça nous permet d’aller vers d’autres spécialités et d’autres régions. »