(Québec) Le gouvernement Legault donne le feu vert à la réalisation de la ligne d’interconnexion Appalaches-Maine, qui permettra d’acheminer de l’électricité québécoise au Massachusetts pendant 20 ans. Les travaux de construction du projet estimé à 600 millions pourraient débuter dès l’été prochain.

Québec autorise Hydro-Québec à aller de l’avant avec la construction de la ligne de transport d’électricité (environ 100 kilomètres) qui reliera le poste des Appalaches, situé à Saint-Adrien-d’Irlande, près de Thetford Mines, en Chaudière-Appalaches, au point de raccordement à la frontière entre le Québec et le Maine.

« C’est un projet d’envergure que l’on va pouvoir entamer rapidement », a lancé le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, en entrevue. Le décret autorisant le projet a été adopté par le Conseil des ministres le 7 avril.

Le Bureau des audiences publiques sur l’environnement avait conclu en décembre que le tracé était « acceptable » sur le plan environnemental.

Le 15 janvier, la société d’État a aussi obtenu le permis présidentiel pour construire la ligne de transport vers l’État américain, où elle se raccordera au réseau de la New England Clean Energy Connect (NECEC). Au Maine, le premier pylône a été érigé en février dernier et les travaux de construction se poursuivent.

Mais le projet ne récolte pas que des appuis, si bien que les autorités du Maine tiendront un référendum sur sa réalisation en novembre 2021. Cinq communautés autochtones du Québec se sont aussi adressées en octobre au ministère américain de l’Énergie pour empêcher la réalisation de la ligne de transport.

LISEZ la lettre du sénateur républicain Richard Bennett publiée le 8 avril dernier.

LISEZ la réplique de Serge Aberdel, directeur des communications d’Hydro-Québec, publiée dans La Presse+ du 13 avril

Au Québec, il ne manque plus que le sceau d’approbation de la Régie de l’énergie du Canada pour lancer officiellement le chantier, où s’activeront plus de 275 travailleurs. Ce chiffre atteindra 400 en période de pointe. La Régie doit rendre une décision d’ici la fin du printemps.

En dépit du résultat du référendum de novembre, l’intention d’Hydro-Québec est d’entreprendre les travaux cet été. « C’est l’objectif, a assuré M. Julien. Ça fait longtemps qu’on en parle, là, on le concrétise vraiment. On parle d’un contrat de 20 ans avec le Massachusetts, avec des retombées économiques. Ça positionne aussi le Québec comme la batterie du nord-est des Amériques », a poursuivi le ministre.

Hydro-Québec doit approvisionner le Massachusetts avec 9,45 térawattheures (TWh) d’hydroélectricité par année pendant 20 ans. Le Maine bénéficiera également d’un approvisionnement de 0,5 TWh par an pour la même période. Le prix moyen négocié pour la durée de vie du contrat est de 6,6 cents US du kilowattheure (kWh). Pour l’année 1, on parle d’un prix de 5,15 cents le kilowattheure, selon Hydro-Québec.

La future ligne de transport a pour but « d’accroître la capacité d’échange entre Québec et la Nouvelle-Angleterre de 1200 mégawatts », indique-t-on. La mise en service des nouvelles installations, qui était prévue initialement pour l’automne 2022, est maintenant prévue pour mai 2023.

« On parle d’un contrat de plusieurs milliards de dollars avec des bénéfices de plusieurs centaines de millions de dollars sur la durée. On est encore en train de mesurer ces éléments-là, mais c’est très payant », a fait valoir le ministre Julien.

La fin des surplus

L’ère des surplus d’énergie tire à sa fin, selon la société d’État. Hydro-Québec a aussi conclu un contrat de vente ferme d’électricité avec le Vermont. L’État de New York a également lancé des appels d’offres pour la réalisation de projets de lignes de transmission d’énergie renouvelable, dont l’une serait reliée au réseau d’Hydro-Québec.

La présidente-directrice générale d’Hydro-Québec, Sophie Brochu, a admis lors du lancement du projet éolien Apuiat, sur la Côte-Nord, en février dernier, que le Plan d’économie verte du gouvernement « va mettre de la pression sur la demande ». Québec a dans les cartons d’importants projets de transports collectifs électriques.

Le projet de ligne Appalaches-Maine répond au double objectif du gouvernement Legault, soit rendre plus verte son économie, mais aussi contribuer à la diminution des gaz à effet de serre « de manière plus globale […] en permettant à des États voisins du Québec de leur faire [profiter] d’une énergie propre », selon M. Julien.