(Québec) Québec regarnit les coffres de son programme BioMed Propulsion en allouant 44 millions pour favoriser la croissance d’entreprises québécoises du secteur des sciences de la vie. Le gouvernement veut accroître son soutien aux « jeunes pousses » de cette industrie ciblée comme un chantier stratégique de l’après-COVID-19.

Le ministère de l’Économie et de l’Innovation réservera 44 millions pour en faire profiter les entreprises de biotechnologie en santé humaine ou animale et de technologies médicales. Un secteur cher à Pierre Fitzgibbon.

« Il y avait une certaine carence dans la chaîne des capitaux pour des projets en amont », fait-il remarquer en entrevue. « On parle de comment aider les jeunes pousses à commercialiser leurs recherches, parce que c’est toujours le problème qui est fondamental. Le programme me semblait approprié [pour le faire] », explique-t-il.

La décision a été prise récemment par le Conseil des ministres. Le décret sera publié mercredi. Par l’entremise de ce programme, Québec contribuera au financement d’une entreprise sous forme de prêt participatif. L’aide gouvernementale peut aller de 500 000 $ à 10 millions selon le secteur d’activités.

« On ne dit pas oui à tout », prévient le ministre. Les bénéficiaires doivent notamment avoir leur siège social et la majorité de leurs emplois au Québec. D’autres partenaires privés doivent aussi travailler à réunir les fonds.

Le stade de la « précommercialisation » est difficile, rappelle le ministre Fitzgibbon. « Les gens ne veulent pas trop prendre de risques dans cette industrie-là. Il faut être prudents nous aussi. On peut financer de 10 à 30 % d’un projet, mais je pense que c’est le rôle d’un gouvernement d’intervenir à ce stade-là […] Il faut faire ça pour que ces entreprises-là sortent de cette phase-là », dit-il.

« Devenir en quelque sorte la bougie d’allumage », illustre le ministre.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Imagia, entreprise dans laquelle Québec a investi 7 millions, œuvre dans le domaine de l’imagerie médicale.

Depuis 2018, le gouvernement Legault a investi quelque 40 millions dans neuf entreprises en biotechnologie et technologies médicales. Québec a notamment investi dans les projets d’Imagia (7 millions), d’Emovi (4,8 millions) et de Laurent Pharmaceuticals (2,7 millions). Ce dernier poursuit ses études cliniques de médicament traitant la fibrose kystique.

Redynamiser l’industrie

Québec a pour objectif de redynamiser l’industrie des sciences de la vie. Une visée devenue encore plus claire avec la crise sanitaire. Déjà, il soutient que le gouvernement « va monter l’enveloppe » du programme « si on continue d’avoir un engouement et des projets intéressants » dans ce secteur particulier.

« C’est un secteur stratégique pour le Québec », a-t-il soutenu.

À cela s’ajoutent 10 millions annoncés en mai dernier pour soutenir des projets scientifiques et technologiques en lien avec la COVID-19. Il a aussi accordé 7 millions à Medicago pour le développement d’un vaccin.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie et de l’Innovation

C’est un volet à part […], mais je voulais qu’on l’encourage parce que même si on perd la course à la COVID-19, on gagne une expertise.

Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie et de l’Innovation, au sujet de la recherche sur les vaccins

Il rappelle que le gouvernement Legault veut accroître son autonomie en approvisionnement d’équipements de protection individuelle, de production vaccinale, mais aussi de médicaments. Une ambition maintenant partagée par plusieurs pays sur la planète. « Je pense qu’on va voir les entreprises réaliser que les gouvernements veulent avoir cette autosuffisance-là », estime le ministre de l’Économie.

Le programme BioMed Propulsion a été lancé en 2016 sous le gouvernement de Philippe Couillard. Il avait été lors de son lancement doté d’une enveloppe de 100 millions.