(San Francisco) Les licenciements de deux designers informatiques d’Amazon, qui avaient critiqué le géant du commerce en ligne, étaient bien des mesures de rétorsion de la part du groupe, a conclu l’agence fédérale chargée du droit du travail aux États-Unis, d’après le New York Times.

L’agence a confirmé sa décision à l’AFP lundi : elle déposera plainte contre Amazon pour infraction au droit du travail si le groupe ne régularise pas l’affaire avec Maren Costa et Emily Cunningham.

Ces deux leaders du collectif AECJ (« Employés d’Amazon pour la justice climatique »), avaient été remerciées il y a un an, officiellement pour des « infractions répétées au règlement intérieur ».

« Lanceuse d’alerte. […] Designer. Virée pour avoir tiré la sonnette d’alarme sur le climat et la COVID-19 », indique le profil d’Emily Cunningham sur Twitter. Celui de Maren Costa explique qu’elles ont été licenciées à Pâques (en 2020) pour « nous être battues pour la sécurité de nos collègues au temps de la COVID-19 ».

« Nous soutenons le droit de tous nos employés à critiquer les conditions de travail de leur employeur, mais cela ne signifie pas une immunité complète contre nos règlements intérieurs, qui sont légaux », a réagi un porte-parole d’Amazon.

« Nous n’avons pas remercié ces employés pour s’être exprimées sur la sécurité ou la durabilité », a-t-il insisté.

Avec d’autres ingénieurs et codeurs d’Amazon, elles avaient appelé à faire grève le 24 avril dernier, pour protester contre les pratiques de la société en termes de ressources humaines et réclamer des mesures pour l’environnement et de meilleures conditions de travail pour les employés des entrepôts.

« Nous voulons dire à Amazon que nous en avons ras-le-bol de tout ça, des licenciements, des tentatives de nous réduire au silence, de la pollution, du racisme et du dérèglement climatique », avait déclaré Maren Costa, d’après un communiqué de l’AECJ, lors d’une réunion en ligne avec près de 400 salariés.

Amazon, deuxième plus important employeur aux États-Unis avec 800 000 salariés, est régulièrement critiqué sur le front des responsabilités sociales et environnementales par des associations et certains de ses employés.

La grogne a été amplifiée par la pandémie. Le groupe fondé par l’homme le plus riche au monde a quasiment doublé son bénéfice net à 21 milliards de dollars en 2020, grâce à l’explosion de la demande en temps de pandémie, mais des salariés se plaignent de cadences infernales et de risques de contamination.

Un mouvement a pris corps pour créer un syndicat dans un entrepôt en Alabama. Ce serait une première pour Amazon aux États-Unis en cas de succès.