(Montréal) La construction de magasins physiques est peut-être moins en vogue dans le secteur du commerce de détail, mais c’est pourtant sur cette stratégie que mise Dollarama pour continuer d’alimenter sa croissance à long terme.

D’ici 2031, la chaîne d’articles à 1 $ souhaite exploiter 2000 magasins, ce qui constitue une augmentation d’environ 50 % de la taille actuelle de son réseau, qui comptait, en date du 31 janvier, 1356 points de vente.

Le détaillant établi à Montréal en a fait l’annonce, mercredi, en présentant des résultats du quatrième trimestre relativement conformes aux attentes en dépit d’un recul des profits. Le resserrement des restrictions sanitaires en raison de la pandémie de COVID-19 et l’interdiction temporaire de vendre des biens non essentiels au Québec — où se trouvent environ 30 % des magasins du réseau — ont pesé sur la performance.

« L’évaluation (de notre nouvel objectif) a tenu compte des données sur le recensement ainsi que du revenu des ménages, du contexte concurrentiel dans le secteur du commerce de détail, de la performance passée des magasins comparables et des nouveaux magasins, et de l’actuel portefeuille de projets immobiliers », a expliqué le président et chef de la direction de Dollarama, Neil Rossy, au cours d’une conférence téléphonique avec les analystes.

La haute direction de l’entreprise a souligné que son aperçu de la progression de son réseau ne constituait pas un « point de saturation », mais une estimation du marché potentiel. Sans dévoiler sa stratégie, elle a expliqué qu’elle s’inspirerait de ce qui se fait à l’heure actuelle. Par exemple, les provinces plus populeuses comme le Québec et l’Ontario ainsi que l’ouest du pays devraient accueillir un plus grand nombre de nouveaux magasins.

La cible précédente de Dollarama tablait sur un réseau de 1700 établissements en 2027. Le nouvel objectif devrait être atteint en ajoutant annuellement entre 60 et 70 nouveaux points de vente par année.

En recul

En ce qui a trait au quatrième trimestre terminé le 31 janvier — qui englobait la période névralgique du temps des Fêtes — le bénéfice net s’est établi à 173,9 millions, ou 56 cents par action, en baisse par rapport à 178,7 millions, ou 57 cents par action, il y a un an. Le dernier trimestre de l’exercice s’était amorcé du bon bien alors que les ventes des magasins ouverts depuis un an affichaient une croissance de 7 % au cours des cinq premières semaines.

Toutefois, le resserrement des mesures sanitaires a changé la donne. Au Québec, bien que l’interdiction de vendre des biens non essentiels soit entrée en vigueur le 26 décembre, l’impact sur l’achalandage s’est observé dès l’annonce effectuée à la mi-décembre.

« Lorsque les restrictions ont commencé à être levées en février, le fort élan des ventes a repris et s’est maintenu jusqu’à présent », a expliqué M. Rossy.

De leur côté, les ventes ont totalisé 1,10 milliard, en progression de 2,8 %, grâce à l’ajout de nouveaux magasins. Les ventes comparables se sont toutefois contractées de 0,2 %. Dans l’ensemble, les consommateurs ont dépensé davantage à chaque visite, ce qui a contrebalancé la baisse de l’achalandage.

Les analystes anticipaient un chiffre d’affaires trimestriel de 1,13 milliard et un profit par action de 56 cents, selon la firme de données financières Refinitiv.

« Comme prévu, les ventes ont été négativement affectées par les restrictions sanitaires, a souligné Chris Li, de Desjardins Marchés des capitaux, dans une note. Les marges ont été meilleures que prévu. Les fortes ventes des produits saisonniers ont été contrebalancées par une augmentation des dépenses (liées à la COVID-19). »

Plusieurs millions

Dollarama estime que la pandémie lui a coûté 84 millions au cours du dernier exercice pour le déploiement de mesures sanitaires dans ses magasins et en primes offertes à ses employés.

Au Québec, le détaillant avait toutefois été épinglé par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail en janvier dernier alors que 11 constats d’infraction avaient été décernés à neuf magasins pour non-respect des mesures sanitaires.

L’an dernier, des travailleurs de Dollarama avaient manifesté parce qu’ils estimaient que les mesures sanitaires déployées par l’entreprise étaient inadéquates.

M. Rossy n’a pas fait allusion aux infractions signalées en janvier.

Pour l’exercice, le chiffre d’affaires de Dollarama a affiché une progression de 6,3 % pour s’établir à 4,03 milliards. Son bénéfice net s’est élevé à 564,4 millions, ou 1,81 $ par action, alors qu’il avait été de 564 millions, ou 1,78 $ par action, en 2020.

À la Bourse de Toronto, mercredi, le titre de Dollarama a clôturé à 55,52 $, en hausse de 3,28 $, ou environ 6,3 %.