Les nombreux changements survenus au sein de la haute direction de Bombardier au cours de la dernière année s’accompagnent d’une facture salée en indemnités de départ qui totalisent au bas mot 16 millions US.

En plus des 12,5 millions US consentis à l’ex-président et chef de la direction Alain Bellemare – un arrangement dont les modalités étaient déjà connues – l’entreprise a également dû verser au moins 3,5 millions US à son ancien chef de la direction financière John Di Bert, qui a perdu son poste à la fin novembre.

L’information figure dans la circulaire de sollicitation envoyée aux actionnaires de Bombardier en vue de son assemblée annuelle prévue le 6 mai en format virtuel.

« Un arrangement de départ a été convenu avec lui, qui tenait compte de son contrat d’emploi actuel et de son entente d’indemnité liée à une transaction (la vente de Bombardier Transport à Alstom) », peut-on lire dans le document.

En plus des départs de MM. Bellemare et Di Bert, l’actuel grand patron Éric Martel avait décidé de ne pas retenir les services de celui qui dirigeait la division des jets d’affaires – le secteur sur lequel s’est recentré Bombardier – David Coleal.

Si le document envoyé aux porteurs de titres ne fait aucune mention de l’indemnité de départ octroyée à ce dernier, les plus récentes informations publiques entourant son contrat de travail prévoyaient une somme d’au moins 3,1 millions US. Cela ferait passer la facture des indemnités versées l’an dernier à environ 20 millions US.

Bombardier n’a toutefois pas voulu préciser, vendredi, si M. Coleal avait touché ce montant.

En recul

Dans l’ensemble, les cinq principaux dirigeants de Bombardier ont vu leur rémunération globale, qui tient compte du salaire de base, des primes et autres avantages, s’établir à 9,53 millions US l’an dernier, une année où la compagnie a notamment annoncé l’élimination de 2500 emplois, dont 1500 au Québec.

Sur une base comparable à l’année précédente et en excluant les traitements de MM. Bellemare et Di Bert, Bombardier a fait valoir que les émoluments de sa haute direction avaient fléchi de 60 % en 2020.

Aux commandes depuis un peu moins d’un an, M. Martel, âgé de 53 ans, a vu sa paye globale s’établir à quelque 3 millions US. Ce traitement tient notamment compte d’un salaire de base de 542 000 $, d’une prime annuelle 566 600 $ US, d’une prime à l’embauche de 423 000 $ US et d’attributions fondées sur des options d’une valeur de 745 200 $ US.

Pour l’exercice 2020 terminé le 31 décembre, même si elle a temporairement eu droit à la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC), licencié plusieurs milliers d’employés en plus d’afficher une perte nette de 68 millions US, ou 37 cents US par action, Bombardier a octroyé plus de 800 000 $ en primes annuelles à ses dirigeants.

« Nous avons mené l’exercice soigneusement et c’est une pratique que l’on a vu sur le marché, a souligné un porte-parole de Bombardier, Mark Masluch, à propos de la décision d’octroyer des primes alors que la société a bénéficié de la SSUC. En termes de pratique, les primes versées sont inférieures à celles des années précédentes. »

Celui-ci a également ajouté que la contribution de la subvention salariale obtenue auprès d’Ottawa avait été « exclue » du calcul de la rémunération incitative annuelle.

En mars dernier, les membres du conseil d’administration avaient renoncé à leur rémunération pour le reste de l’exercice dans le contexte de la crise sanitaire. Le président, Pierre Beaudoin, a toutefois eu droit à un paiement de 315 000 $ US, notamment pour effectuer du « développement des affaires », est-il indiqué.

La multinationale se concentre uniquement sur le segment des jets d’affaires depuis le 29 janvier dernier, lorsque la vente de Bombardier Transport à Alstom s’est concrétisée. La dette nette de Bombardier est évaluée à environ 4,7 milliards US, ce qui tient notamment compte du produit net de 3,6 milliards US récolté grâce à la cession de ses activités de matériel roulant.

Le plus récent plan quinquennal de la compagnie table sur des revenus de 7,5 milliards US en 2025, où elle devrait également générer un bénéfice d’exploitation de 1,5 milliard US.