La baisse d’impôt des PME est évidemment bien reçue dans les milieux économiques, mais l’absence de solutions à la rareté de la main-d’œuvre en inquiète plusieurs.

« Le gouvernement semble oublier qu’il existe une grande pénurie de main-d’œuvre dans le manufacturier, a fait savoir par courriel Véronique Proulx, PDG de Manufacturiers et exportateurs du Québec. Les mesures incitatives pour stimuler les investissements dans l’automatisation et la numérisation ne suffiront pas si nous n’avons pas assez de travailleurs. Sans travailleurs supplémentaires, le manufacturier ne pourra pas jouer pleinement son rôle dans la relance économique. »

Il manque toujours 18 000 travailleurs dans le secteur manufacturier, insiste-t-elle. Mme Proulx aurait voulu que le Québec prenne l’engagement d’augmenter le nombre d’immigrants permanents de plusieurs dizaines de milliers.

La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) fait le même constat. « La rareté de main-d’œuvre et le manque de productivité demeureront des enjeux importants pour les prochaines années. C’est pourquoi il est important que le gouvernement consacre les ressources nécessaires afin de rehausser fortement les compétences des travailleurs québécois de toutes les industries. Malheureusement, nous aurions espéré davantage du budget d’aujourd’hui pour cet enjeu si déterminant pour l’économie et les régions québécoises », dit Charles Milliard, président-directeur général de la FCCQ.

La Fédération applaudit néanmoins à l’ajout de 150 millions supplémentaires pour prolonger les deux principaux programmes d’aide aux entreprises : le programme Aide d’urgence aux PME (PAUPME) et le programme d’action concertée temporaire pour les entreprises (PACTE).

M. Milliard souligne aussi les 523 millions en 5 ans consacrés au développement régional, dont 205 millions pour la relance du tourisme.

Du côté de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, le budget Girard, « c’est tout bénef ». « Le test le plus important pour ce premier budget de sortie de pandémie était de renforcer la confiance des citoyens et des entreprises, tout en maintenant le contrôle des finances publiques sans hausser le fardeau fiscal. Le ministre Girard a réussi », dit Michel Leblanc, président et chef de la direction.

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Michel Leblanc, président et chef de la direction de la CCMM.

Rien en habitation ou si peu

Au moment où le marché résidentiel est chaud chaud chaud, le gouvernement se garde d’ajouter des bûches dans le poêle. L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) prend note de l’absence d’appui financier aux rénovations écoresponsables. L’Association regrette de plus que le budget ne propose aucune mesure concernant l’accession à la propriété, de souligner François Bernier, vice-président principal Affaires publiques.

Le plan budgétaire du Québec ajoute néanmoins 305 millions sur cinq ans pour accroître le parc de logements sociaux et abordables, ce que salue l’Union des municipalités du Québec (UMQ). « Nous sommes très heureux que le gouvernement du Québec finalise le rattrapage des projets en logement social qui ont été annoncés depuis 2010. Également, il met des sommes supplémentaires pour la création de 500 unités d’habitation », dit Suzanne Roy, mairesse de Sainte-Julie et présidente de l’UMQ.

« Le budget aurait dû prévoir des investissements beaucoup plus ambitieux pour le logement social et annoncer un plan sur plusieurs années », fait savoir pour sa part Véronique Laflamme, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)

Avoir la mine réjouie

Québec crée un incitatif à la mise en valeur des minéraux critiques et stratégiques (MCS) doté d’une enveloppe de 22 millions de dollars sur cinq ans. Pour l’Association minière du Québec, la mesure permettra de soutenir une étape coûteuse et déterminante du développement minier et qui comporte un niveau de risque élevé.

L’AMQ note l’investissement de deux millions de dollars afin de faciliter la mise en œuvre du projet aurifère Fenelon de Wallbridge grâce à la route d’accès aux ressources à l’ouest de Matagami de même que les initiatives visant l’approvisionnement en gaz naturel pour les régions non desservies actuellement.

« L’industrie minière a été ciblée par le gouvernement comme une industrie phare. Les sociétés minières actives ici répondent présentes et les mesures annoncées dans le budget représentent une marque de confiance envers notre industrie », de dire Josée Méthot, présidente-directrice générale de l’AMQ.

De son côté, l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) déplore l’absence de mesures en environnement. Selon lui, le gouvernement aurait dû se donner une marge de manœuvre en cessant les paiements au Fonds des générations, censé payer la dette un jour.