Le deuxième plus grand détaillant en alimentation du Canada et un groupe de l’industrie représentant les producteurs d’aliments ont accepté de préparer une proposition provisoire de code de pratiques qui s’attaque à des pratiques qu’ils jugent déloyales.

Empire et Produits alimentaires, de santé et de consommation du Canada (PASC) ont indiqué que leur code s’intéressait à des tactiques en vigueur depuis longtemps, comme des frais arbitraires, des hausses de coûts imposées sans préavis et des paiements tardifs.

Le chef de la direction d’Empire, Michael Medline, a estimé que les détaillants et fournisseurs ont réalisé des « progrès sans précédent » grâce à leur collaboration pendant la pandémie, pour protéger la chaîne d’approvisionnement alimentaire.

« Ne revenons pas à l’ancienne façon de faire », a-t-il affirmé dans un communiqué. « Nous espérons que cette proposition fondée sur des principes servira de tremplin pour faire progresser notre industrie. »

Cette proposition de code de conduite survient après que les Compagnies Loblaw et Walmart Canada ont imposé des hausses de frais à leurs fournisseurs ces derniers mois. En réponse, United Grocers, un acheteur national qui représente Metro, a envoyé une lettre aux fournisseurs en disant qu’il s’attendait aux mêmes tarifs que ses rivaux.

Ces décisions ont fait grimper le coût de la livraison des biens aux tablettes des détaillants pour les fournisseurs alimentaires.

Même si le code de pratiques vise à promouvoir l’équité et la transparence dans l’industrie, il a été dénoncé par la Fédération canadienne des épiciers indépendants parce qu’il ne fait pas mention des petites épiceries indépendantes.

« Nous sommes déçus de voir l’association représentant les grands fournisseurs s’associer à une grande chaîne de détaillants pour développer un code », a observé le vice-président de la politique publique du groupe, Gary Sands.

« C’est un peu le reflet de ce que nous voyons dans l’industrie », a-t-il affirmé. « Il n’y a aucune référence aux indépendants. »

Empire — qui exploite plusieurs chaînes d’épiceries incluant IGA, Sobeys, Safeway, FreshCo et Rachelle-Béry — et le groupe de produits de consommation encouragent les autres épiciers, fournisseurs et participants de l’industrie à appuyer leur proposition.

Selon eux, les mauvaises relations entre les détaillants et les fournisseurs se répercutent sur les consommateurs et peuvent avoir une incidence sur les prix, le choix des produits et les possibilités d’emploi.

Le code renfermerait un ensemble de principes d’affaires de bonne foi, comme l’obligation pour les grands détaillants et les fournisseurs de conclure des ententes écrites, et stipulerait que les modalités commerciales ne doivent pas être imposées arbitrairement, ont-ils ajouté.

« Les détaillants et les fournisseurs sont résilients et pleins de ressources, bien qu’ils ne partagent pas toujours le même point de vue, a affirmé le président et chef de la direction de PASC, Michael Graydon.

« Cependant, nous croyons que nous pouvons bâtir une chaîne d’approvisionnement fondée sur la confiance mutuelle, une chaîne qui traite les entreprises de toutes tailles de façon équitable et qui permet de servir tous les Canadiens qui comptent sur nous chaque jour. »

Le code serait le premier du genre au Canada, mais il tire les leçons de documents similaires, notamment le code de pratique de l’approvisionnement en produits d’épicerie du Royaume-Uni.

Le code a été officiellement soumis jeudi à un groupe de travail fédéral, provincial et territorial, qui examine les problèmes qui affligent l’industrie de l’alimentation, y compris l’imposition de frais unilatéraux aux fournisseurs, l’imposition d’une amende aux fournisseurs pour les pénuries et le renvoi des coûts de déchargement aux fournisseurs.

M. Sands, du groupe d’épiciers indépendants, a fait valoir que les gouvernements devaient accorder un poids égal à toutes les soumissions reçues sur la question.

Il a déclaré que le fait d’ignorer les épiceries indépendantes pourrait mettre en danger la sécurité alimentaire du pays.

« Les indépendants vivent dans de nombreuses collectivités rurales et éloignées du pays, là où il n’y a pas de chaîne, et où il n’y aura jamais de chaîne », a affirmé M. Sands. « Si nous ne commençons pas à traiter la question de l’approvisionnement équitable et des prix équitables pour ces magasins, ils vont faire faillite. »