(Louisville) Les querelles commerciales de l’ancienne administration Trump continuent de donner une gueule de bois aux distilleries américaines. Leur situation pourrait même se dégrader au cours des prochains mois.

Le bourbon, le whisky du Tennessee et le rye whisky ont été exclus des récentes ententes commerciales entre les États-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni. Si les droits de douane ont été suspendus pour certains spiritueux, ils demeurent à 25 % pour le whisky américain dans l’Union européenne et au Royaume-Uni. Ils pourraient même doubler en juin dans l’Union européenne, le principal marché d’exportation des producteurs de whisky américains.

Le Conseil des spiritueux distillés des États-Unis implore la représentante commerciale, Katherine Tai, de ne pas abandonner les producteurs de whisky. Il l’a exhortée à faire pression auprès des Européens pour qu’ils suspendent immédiatement les droits et à conclure des accords pour les supprimer.

« La suppression rapide de ces droits aidera à soutenir les travailleurs et les consommateurs américains au moment où que l’économie et le secteur hôtelier continuent de se remettre de la pandémie », a déclaré le conseil par communiqué.

Les distilleries américaines sont victimes du différent commercial entre les États-Unis et l’Union européenne depuis 2018. Cette dernière a imposé des droits de douane sur le whisky et autres produits américains en guise de représailles contre la décision de l’ancien président Donald Trump d’imposer des droits sur l’acier et l’aluminium européens.

Depuis lors, les exportations de whisky américain vers l’Union européenne ont chuté de 37 %, privant les distilleries de centaines de millions de revenus de 2018 à 2020, selon le Conseil. Les exportations américaines de whisky vers le Royaume-Uni, quatrième marché du secteur, ont dégringolé de 53 % depuis 2018, a-t-il ajouté.

Amir Peay, le propriétaire de la distillerie James E. Pepper, à Lexington, au Kentucky, dit que le whisky est devenu « une victime collatérale » du conflit commercial. La dispute lui a coûté environ les trois quarts de son activité américaine. L’imposition d’un droit de 50 % pourrait bien drainer le reste.

« Cela pourrait éventuellement mettre fin à nos activités en Europe », craint-il.

Il a déjà réduit certaines livraisons vers l’Europe pour se prémunir contre la hausse des droits européens.

Les droits ont également nui aux géants du secteur des spiritueux.

« Notre entreprise a supporté environ 15 % de la facture totale, affirme Lawson Whiting, président et chef de la direction de Brown-Forman, producteur du célèbre Jack Daniel’s. Les droits sont devenus un gros problème pour nous et il est impératif que nous le résolvions le plus rapidement possible. »

Pour les producteurs de bourbon du Kentucky, les droits de douane ont réduit leurs exportations de 35 % en 2020, les livraisons vers l’Union ayant chuté de près de 50 %, souligne l’Association des distilleries du Kentucky.

L’Union européenne était traditionnellement le plus grand marché mondial pour les distilleries du Kentucky. Son marché représentait 56 % de toutes les exportations en 2017. La part est désormais d’environ 40 %, selon l’association.

« Notre secteur du bourbon a subi des dommages importants pendant plus de deux ans en raison d’une guerre commerciale qui n’a rien à voir avec le whisky, déplore son président Eric Gregory. Et la situation deviendra bien pire si nous ne parvenons pas à désamorcer ce conflit. »

Les distilleries du Kentucky produisent 95 % de l’approvisionnement mondial en bourbon, estime l’association.

Les tarifs droits suspendus signifient que certains producteurs européens de spiritueux peuvent expédier leurs produits aux États-Unis pendant que les produits américains sont toujours soumis à des droits de douane, dit M. Whiting.

« Nous voulons simplement des règles du jeu équitables pour le whisky américain. »