(New York) Le géant du commerce en ligne Amazon part à l’assaut d’un nouveau champ d’action : il prévoit de proposer à toutes les entreprises aux États-Unis de mettre à disposition de leurs salariés son nouveau service de télémédecine, un concept qui a pris de l’élan avec la pandémie.

Lancé il y a 18 mois, Amazon Care permet actuellement aux employés de la société basés dans l’État de Washington, dans l’ouest du pays, de communiquer rapidement et à toute heure avec des médecins ou infirmiers, par chat ou vidéo via une application, a détaillé l’entreprise dans un billet de blogue mercredi.

Amazon Care leur propose aussi un service de visites médicales à domicile, permettant par exemple de faire une prise de sang, un vaccin ou de se faire livrer des médicaments prescrits lors d’une visite en ligne.  

Amazon prévoit de proposer son service de télémédecine à toutes les entreprises du pays à partir de l’été prochain.

Le service de visites à domicile sera pour sa part étendu « dans les prochains mois » à certaines villes américaines, dont la capitale Washington ainsi que Baltimore dans le Maryland (est des États-Unis).

« En offrant Amazon Care comme un avantage, les employeurs investissent dans la santé et le bien-être de leur atout le plus important : leurs employés », affirme Amazon.  

Les patients utilisant le service peuvent aussi bien avoir une visite médicale de prévention qu’une consultation en urgence pour des maladies ou des blessures.  

Toute visite virtuelle avec un infirmier est actuellement gratuite. Les patients doivent en revanche payer pour une consultation avec un médecin, qui peut être ensuite facturée à l’assurance-santé.

Les utilisateurs peuvent aussi facilement voir sur leur application les informations les concernant, comme un compte-rendu de visite ou la date du prochain rendez-vous.

Éviter les salles d’attente

Amazon explique avoir voulu étendre son service de soins de santé après les retours positifs de ses employés sur la flexibilité et la commodité du service, et son utilisation accrue pendant la pandémie.  

De nombreux patients ont en effet préféré éviter les salles d’attente des médecins ou des centres d’analyses pour des consultations à distance.

Selon le cabinet McKinsey, le pourcentage d’Américains utilisant la télémédecine était déjà passé de 11 % en 2019 à 46 % en avril 2020.  

Avant la COVID-19, le chiffre d’affaires total des acteurs de la télémédecine était d’environ 3 milliards de dollars aux États-Unis, estime McKinsey. Avec les nouvelles tendances, « 250 milliards de dollars actuellement dépensés dans le système de santé américain pourraient passer en ligne ».  

Cet engouement agite le secteur.  

Le spécialiste américain de la télémédecine Teladoc s’est ainsi rapproché en août de la société spécialisée dans l’accompagnement des patients diabétiques Livongo via une transaction évaluée à 18,5 milliards de dollars.

L’assureur Cigna a annoncé fin février le rachat de la société de la plateforme de télémédecine MDLive.

Le service d’aide à la coordination des soins Grand Rounds a annoncé mercredi sa fusion avec la plateforme de consultations en ligne Doctor On Demand.  

Ce n’est en tout cas pas la première fois qu’Amazon se lance dans le secteur de la santé.

En plus de la distribution de livres, de vêtements ou de produits frais, de la gestion d’une plateforme de vidéos en ligne ou d’un service d’informatique à distance, Amazon propose depuis fin 2020 aux États-Unis une pharmacie en ligne, qui permet de commander sur l’internet des médicaments sur ordonnance.

Alors qu’il y a une forte demande de transparence de la part des consommateurs américains vis-à-vis des prix des médicaments, qui flambent ces dernières années, et que des programmes de cartes de réduction tel GoodRx commencent à faire florès, Amazon permet notamment de comparer les différences de prix en fonction des assurances.  

Le groupe dirigé par Jezz Bezos avait engagé début 2018 un ambitieux projet d’un nouveau système de prise en charge des soins de santé plus simple et moins onéreux avec la banque JPMorgan Chase et le conglomérat Berkshire Hathaway mais ce dernier a finalement été abandonné en début d’année.

La vaste étendue des activités d’Amazon et ses possibles atteintes au droit de la concurrence sont dans le collimateur de plusieurs autorités de régulation, notamment aux États-Unis et dans l’Union européenne.