Un important gestionnaire de portefeuille québécois vient d’investir dans SNC-Lavalin, une nouvelle position qu’il entend bonifier prochainement.

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« C’est un début de position. C’est un premier pas dans SNC », dit Daniel Ouellet, du Groupe Ouellet Bolduc, le plus gros gestionnaire de portefeuille chez Desjardins Gestion de patrimoine, avec un actif sous gestion de 1,25 milliard.

Il dit avoir acheté quelque 300 000 actions de SNC-Lavalin le 25 janvier. Les titres ont été achetés à un prix moyen de 23,30 $, précise-t-il.

« La question existentielle que je me pose est la suivante : est-ce que j’achète un autre bloc d’actions avant les résultats de fin d’exercice, qui seront publiés le 9 mars, ou après ? », dit le gestionnaire de portefeuille de Rimouski.

Sa décision dépendra du prix. « L’action a monté jusqu’à 27 $ cette semaine, avant de se replier à 25 $. Si j’ai une fenêtre entre 24 $ et 25 $, ce qui semble vouloir arriver, il y a de bonnes chances que j’achète avant les résultats. »

Daniel Ouellet ne s’attend pas à de grandes surprises le 9 mars.

Ce qui est toujours le plus important quand une entreprise publie ses résultats, ce n’est pas le trimestre qui vient de se terminer. C’est davantage les perspectives que la direction offrira pour les mois à venir.

Daniel Ouellet, du Groupe Ouellet Bolduc

Le gestionnaire de portefeuille explique qu’il avait des liquidités en portefeuille à la fin de janvier, mais aussi qu’il a vendu dans les derniers jours une portion des actions de Magna détenues en portefeuille, ce qui lui donne des munitions pour bonifier sa position dans SNC. « On avait acheté beaucoup de Magna l’an passé durant la correction. C’était rendu que Magna comptait pour plus de 6 % de notre portefeuille croissance. C’est une grosse position qu’on avait. »

S’il convient que la décision d’investir peut paraître surprenante étant donné les déboires qui ont terni la crédibilité et la réputation de SNC, Daniel Ouellet prédit que les investissements publics seront nombreux pour appuyer et stimuler la reprise. « Il y aura de l’ouvrage pour toutes les firmes [de génie]. SNC va en profiter. »

Pour soutenir la relance de l’après-pandémie, dit-il, le gouvernement canadien a annoncé un investissement de 10 milliards dans un plan d’infrastructure pour une période de trois ans et l’administration Biden a prévu un budget d’environ 2 milliards en dépenses d’infrastructure pour le présent mandat.

Il ajoute que sa décision d’investir dans SNC est aussi beaucoup liée à l’évaluation du titre. « Le prix qu’on paye équivaut à [4 fois] le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) [contre 8 fois] pour les comparables. Je m’attends à ce que le carnet de commandes augmente, que le BAIIA augmente et que le multiple d’évaluation tende vers celui de son secteur d’activité. »

Daniel Ouellet dit avoir détenu du SNC au début des années 2000. « Mais on n’était plus dans le titre depuis la crise financière. » Il souligne avoir suivi l’évolution des choses dans les dernières années.

« Je voyais que de gros institutionnels embarquaient dans le titre, mais je trouvais que tout n’était pas encore mûr. On aurait dit que la page n’était pas tournée [sur le plan] éthique. Le temps fait son œuvre. Mais il y a aussi le fait que SNC prend un virage beaucoup moins risqué en sortant des contrats à coûts fixes. Soumissionner des contrats importants où il peut y avoir des dépassements de coûts peut donner des rendements plus volatils. Revenir à un modèle de firme d’ingénierie plus traditionnel et facturer des heures devient moins risqué. J’aime cette transition. »

L’action de SNC a cédé 3 %, à 25,60 $, vendredi à Toronto. Les trois plus importants actionnaires de l’entreprise sont toujours la Caisse de dépôt et placement du Québec (19 %), Jarislowsky Fraser (14 %) et RBC Gestion mondiale d’actifs (13 %). Parmi les 13 analystes qui suivent officiellement SNC, 11 recommandent l’achat du titre. Leur cible moyenne sur 12 mois est à 33 $.