(Paris) Safran est parvenu à rester bénéficiaire en 2020 au prix de sévères mesures d’austérité, dans un secteur aéronautique foudroyé par la pandémie de COVID-19, « la plus grande crise de son histoire ».

Alors que les deux principaux avionneurs mondiaux, Airbus et Boeing, ont tous deux plongé dans le rouge, l’équipementier et motoriste français a publié jeudi un bénéfice net de 352 millions d’euros. Il s’attend à une reprise progressive en 2021.

Des résultats « aussi bons que possible » étant donnée la situation, a résumé son directeur général Olivier Andriès.

Car le secteur aéronautique « a été confronté à la plus grande crise de son histoire avec un effondrement du trafic aérien dû aux confinements et aux restrictions de voyages imposés dans toutes les régions du monde », rappelle le groupe, qui était déjà affecté par les déboires du Boeing 737 MAX dont il produit tous les moteurs.

Son chiffre d’affaires ajusté a chuté de 33 % sur l’année, à 16,5 milliards d’euros. Cette baisse touche toutes ses activités « à des degrés divers, à l’exception de marchés de défense et des hélicoptères peu ou pas impactés », a détaillé M. Andriès lors d’une conférence téléphonique.

Cette diminution de l’activité tient notamment aux baisses de cadences de production adoptées par les avionneurs, de l’ordre de 40 % pour Airbus, et à l’atonie du trafic aérien : les avions volant moins, les compagnies ont moins besoin de pièces de rechange et de services, activités rémunératrices pour Safran.

Safran a ainsi livré 815 moteurs Leap en 2020, contre 1736 l’année précédente. Ces moteurs équipent plus de 60 % des Airbus A320 et la totalité des Boeing 737 MAX. Safran dispose d’un carnet de commandes de 9600 Leap, représentant cinq ans de production à pleine cadence.

L’activité de services pour moteurs civils a reculé de 43,2 %, mais a progressé de trimestre en trimestre.

Début d’année « dans la continuité »

La division Équipements aéronautiques, défense et aérosystèmes a vu ses revenus se replier d’un quart. L’activité Intérieurs d’avion (sièges, cabines, divertissements à bord) a été la plus touchée (-40,4 %), faisant les frais des mesures d’économies de la part de compagnies aériennes exsangues.

Le groupe a toutefois dégagé un bénéfice opérationnel courant de 1,69 milliard d’euros (-55,9 %) et compte donc verser en 2021 un dividende – son versement avait été annulé l’an passé.

Il a atteint ses objectifs de l’année avec une marge opérationnelle de 10,2 % – il vise une marge « supérieure à 11 % » en 2021 – et un flux de trésorerie disponible de 1,073 milliard.  

Pour y parvenir, Safran a taillé dans les coûts. Quatre sites de production ont été fermés, les dépenses de sous-traitance et engagements d’investissement sabrés, les dépenses de recherche-développement réduites de 35 % en 2020.

Les effectifs totaux ont fondu de 17 % à 79 000 salariés. La France, avec 44 000 personnels, a été épargnée à la faveur d’un plan d’adaptation d’activité comprenant notamment un dispositif d’activité partielle de longue durée (APLD). Le taux d’inactivité moyen en France a été de 23 % d’avril à décembre.

Le début 2021 est « dans la continuité » de la fin 2020, sous l’effet de l’émergence de variants du virus et du renforcement des mesures de restrictions aux voyages. Pour Olivier Andriès, « le point clé sera la saison estivale », haute saison pour le transport aérien.  

Le groupe prévoit pour 2021 un chiffre d’affaires ajusté en baisse « de 2 % à 4 % » hors effets de changes et de périmètres. Cela est dû à la comparaison avec le premier trimestre 2020, avant-crise donc, qui avait « pesé un tiers du chiffre d’affaires de l’année », et aux baisses successives de cadences du Boeing 787, passées de 14 avions mensuels avant crise à cinq, selon M. Andriès.

Safran table par ailleurs sur un nombre similaire de moteurs Leap livrés aux avionneurs (« 800 ») et une progression de son activité de services pour moteurs civils comprise « entre 7 % et 9 % ».

Et il poursuit l’adaptation de son outil industriel : « depuis le 31 décembre, nous avons réduit nos effectifs de 1500 personnes supplémentaires » et fermé deux sites aux États-Unis, selon M. Andriès.