(Berlin) Le chimiste allemand Bayer a fait état jeudi d’une lourde perte nette en 2020, causée par le coûteux accord soldant le litige sur le glyphosate et des contre-performances liées à la COVID-19, mais s’attend à une « solide croissance » pour 2021.

Bayer a vu ses pertes nettes s’élever à 10,5 milliards d’euros, et son résultat opérationnel plonger à -16,1 milliards d’euros, en raison de « provisions effectuées pour l’accord sur le glyphosate », a affirmé le groupe dans un communiqué.

Le spécialiste de la chimie et des semences est toutefois confiant pour l’année 2021 et « s’attend à une solide croissance opérationnelle et des gains stables en monnaie constante ».

Son chiffre d’affaires devrait ainsi croître de 3 % pour se situer « entre 42 et 43 milliards d’euros », pour une marge opérationnelle « autour de 26 % ».

L’entreprise allemande s’est résolue l’an dernier à signer un accord à 10,9 milliards de dollars pour solder 90 000 des 125 000 requêtes aux États-Unis contre le Roundup, pesticide à base de glyphosate commercialisé par sa filiale Monsanto, rachetée en 2018.

Les plaignants américains accusent ce produit – soupçonné d’être cancérigène par le Circ, une branche de l’OMS –, d’avoir causé la maladie dont ils souffrent – ce que Bayer dément.

La provision faite en vue du paiement de ces dommages et intérêts a fortement plombé le bilan du groupe, tout comme d’autres litiges aux États-Unis liés au médicament contraceptif Essure et au pesticide Dicamba, a-t-il indiqué.

Dépréciations

L’entreprise a également souffert en 2020 de « dépréciations » comptables massives dans sa division agrochimique, en partie liée aux conséquences de la crise sanitaire de la COVID-19 -19.

Annoncées dès septembre, elles ont été causées par des prix bas pour plusieurs plantes, une forte concurrence sur le soja et la baisse de consommation de biocarburants, le tout s’ajoutant à des effets de change « massifs », notamment sur le réal brésilien.

Résultat : la branche agrochimique de Bayer inscrit une lourde perte nette de 18 milliards d’euros à son bilan.

La division pharmaceutique a dégagé de son côté un bénéfice de 3,5 milliards d’euros, en baisse de 26 % sur un an.

Cette activité a subi de plein fouet l’effet de la COVID-19, qui a « conduit à une réduction des traitements non urgents », notamment dans la première partie de l’année, affirme Bayer.

La division d’automédication Consumer Health sort néanmoins du lot, avec une hausse de plus de 5 % de son chiffre d’affaires.

La « place plus importante accordée à la santé et à la prévention, en lien avec la pandémie de coronavirus, a généré une croissance substantielle de la demande », estime Bayer pour expliquer cette bonne performance.

« Malgré la pandémie, nous délivrons une performance robuste », a voulu rassurer le président du groupe, Werner Baumann, lors d’une conférence téléphonique.

Si on retranche les effets spéciaux, le groupe fait en effet état d’un bénéfice opérationnel en hausse de 1,7 %.

Mais l’argument n’a pas convaincu les investisseurs : le titre du groupe plongeait à la Bourse de Francfort suite à ces annonces, perdant à 5 h 21 (heure de l’Est) 3,86 % à 52,98 euros, sur un Dax en baisse de 0,11 % à 13 960,50 points.