Deloitte annonce ce vendredi qu’elle vend 25 de ses bureaux à la firme albertaine MNP. Dès le 1er mars, 900 employés au Canada, dont 500 au Québec, changeront d’employeur. Deloitte conserve ses bureaux de Montréal, Brossard, Laval et Québec.

Après avoir revu sa stratégie au cours des 15 derniers mois, Deloitte a choisi de se départir de ses bureaux régionaux spécialisés dans l’audit, la fiscalité et les services-conseils destinés aux petites entreprises. La firme souhaite utiliser les fonds de la transaction avec l’albertaine MNP, dont le montant n’a pas été dévoilé, pour investir dans les services de pointe et les services diversifiés.

« Ce n’est pas un abandon, on passe le flambeau », précise Geneviève Provost, associée directrice pour le Québec chez Deloitte, lors d’une entrevue avec La Presse en vidéoconférence.

L’intelligence artificielle, la cybersécurité, la transformation numérique, l’analytique de données et les services infonuagiques sont des services de plus en plus réclamés par les clients, explique-t-elle. Deloitte veut donc développer ces secteurs d’activité en investissant dans des actifs technologiques, en formant les employés actuels et en engageant de nouveaux talents spécialisés.

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Geneviève Provost, associée directrice pour le Québec chez Deloitte

« Avec le C.A. et la haute direction, on a établi des critères pour que la transaction soit gagnante-gagnante pour l’ensemble des parties, pour les employés, les clients, les acheteurs et la marque Deloitte », relate-t-elle.

Selon Deloitte, MNP a les mêmes valeurs, de sorte que les clients et les employés seront heureux de la transaction. La firme comptable albertaine, qui se spécialise dans les PME, a implanté son premier bureau à Montréal en 2011. Depuis, elle en a ouvert un deuxième dans la métropole, un à Longueuil et un autre à Saint-Georges en Beauce. D’ici deux semaines, 25 bureaux porteront son nom dans la province. Le nombre d’employés passera de 300 à 800 au Québec pour un total de 5571 au Canada.

« L’objectif a toujours été de prendre de l’expansion dans le reste de la province, soutient Jean-Philippe Langevin, associé chez MNP, lors d’une entrevue en vidéoconférence avec La Presse. Du jour au lendemain, la transaction nous permet d’avoir une présence à la grandeur du Québec. C’était très attrayant pour nous. »

« Le modèle de notre firme, c’est de s’établir dans les provinces et de conquérir les marchés de la PME avec des bureaux régionaux, poursuit-il. Notre philosophie, c’est d’être présents physiquement dans les collectivités où nos clients vivent et travaillent. »

« Les employés changent de maison »

Les 500 employés de Deloitte conservent leurs emplois, leurs salaires, leurs avantages sociaux et les mêmes gestionnaires. Ils ont appris la nouvelle de la transaction mardi matin.

« Personne ne sera dans une moins bonne position au 1er mars qu’il ne l’était au 28 février, assure Jean-Philippe Langevin. S’il y a des différences entre les couvertures d’assurance, par exemple, on va les compenser. L’idée, c’est que tout le monde se joigne à nous avec un sourire. Les gens à qui j’ai parlé semblent tout aussi excités que moi. »

« Les employés changent de maison. Je pense que quelqu’un qui est heureux dans son poste actuel va être heureux dans son poste à partir du 1er mars, renchérit Geneviève Provost. C’est sûr que c’est un choc pour les employés, parce que tu fais partie d’une organisation, tu t’associes à la marque. Mais rapidement, les employés ont été mobilisés en réalisant que leurs leaders, qui ont été avisés avant, pouvaient les rassurer, parce qu’ils avaient déjà testé les valeurs de l’acquéreur et voient la transaction de façon positive. »

La majorité des associés ont déjà signé un contrat avec le nouvel acquéreur, affirme Geneviève Provost, qui s’attend à ce que les clients suivent les équipes chez MNP. Deloitte précise que de son côté, elle continuera de servir les sociétés privées tout comme les sociétés publiques et le secteur public.

Des 11 100 employés canadiens, 2150 resteront au Québec.

Si aucune autre transaction n’est prévue dans la prochaine année, Deloitte reste ouverte aux acquisitions.