(Washington) L’entreprise pharmaceutique Johnson & Johnson a déposé jeudi une demande d’autorisation conditionnelle de son vaccin contre la COVID-19 auprès des autorités sanitaires américaines, qui l’étudieront d’ici trois semaines.

Au terme de la procédure, s’il obtient le feu vert de l’Agence américaine du médicament (FDA), ce vaccin serait le troisième autorisé aux États-Unis, après ceux de Pfizer/BioNTech et de Moderna.  

Il est particulièrement attendu, car il présente deux avantages non négligeables en termes logistiques. D’abord, il peut être stocké à des températures de réfrigérateur plutôt que de congélateur, ce qui facilitera considérablement sa distribution.

Surtout, il ne s’administre qu’en une seule dose.

« Nous sommes prêts à commencer les livraisons » dès que l’autorisation sera donnée, a déclaré Paul Stoffels, directeur scientifique chez Johnson & Johnson, qualifiant la demande soumise jeudi d’« étape déterminante » dans la lutte contre la pandémie.  

La société a déposé ce qui s’appelle aux États-Unis une demande d’autorisation d’utilisation en urgence auprès de la FDA, la principale agence fédérale de santé publique dans le pays.

Celle-ci a annoncé convoquer pour le 26 février son comité consultatif sur les vaccins, qui rendra son avis après étude des données des essais cliniques. Il sera chargé de déterminer si les bénéfices du vaccin l’emportent sur les risques de son utilisation.  

Comme pour les vaccins de Pfizer et Moderna, les discussions puis le vote des experts membres de ce comité, dont des scientifiques indépendants, seront retransmis en direct ce jour-là, pour pouvoir être suivis par le grand public.

Le feu vert devra ensuite être donné, « le plus rapidement possible », a promis la FDA. Pour Pfizer et Moderna, l’autorisation avait été accordée dès le lendemain du rendu de l’avis favorable du comité.

Efficace à 66 %

Johnson & Johnson s’est engagé à acheminer 100 millions de doses aux États-Unis avant la fin du mois de juin.  

Le géant pharmaceutique a fait part en fin de semaine dernière des premiers résultats de ses essais cliniques, menés sur près de 44 000 personnes dans 8 pays.

Le vaccin était dans l’ensemble efficace à 66 %, s’est félicitée la société. Et il est efficace à 85 % pour prévenir les formes graves de la maladie.

Mais ces résultats ont aussi soulevé une inquiétude : le remède était plus efficace aux États-Unis (72 %), qu’en Afrique du Sud (57 %), où un variant apparu dans ce pays est devenu largement majoritaire.  

Les experts y voient l’indication que de futurs variants pourraient finir par totalement contourner les défenses immunitaires développées par les vaccins actuels. Une raison supplémentaire, selon eux, pour accélérer les campagnes de vaccination.

Contrairement aux remèdes de Pfizer et Moderna, qui utilisent la technique innovante de l’ARN messager, le vaccin de « J & J » est un vaccin à « vecteur viral ».  

Ces vaccins utilisent comme support un autre virus peu virulent, transformé pour y ajouter des instructions génétiques d’une partie du virus responsable de la COVID-19. Le virus modifié pénètre dans les cellules des personnes vaccinées, qui fabriquent alors une protéine typique du SARS-CoV-2, éduquant leur système immunitaire à le reconnaître. Un procédé aussi employé pour les vaccins d’AstraZeneca et de Sputnik.

L’Agence européenne des médicaments (EMA) a indiqué en fin de semaine dernière s’attendre elle aussi à recevoir « prochainement » une demande d’autorisation de mise sur le marché conditionnelle du vaccin de Johnson & Johnson.