Toujours à la recherche de nouvelles acquisitions dans le but de gonfler sa taille, Saputo table également sur un plan stratégique afin de stimuler la croissance interne dans un contexte où les habitudes des consommateurs ont changé depuis le début de la pandémie de COVID-19.

C’est aux États-Unis que les premiers changements s’effectueront puisque les activités de fabrication de fromage et d’ingrédients du transformateur laitier seront regroupées au sein d’une nouvelle division, celle des produits laitiers.

Les activités américaines de la multinationale québécoise sont davantage exposées aux restaurants, cafétérias et autres entreprises de services alimentaires. Pour la multinationale québécoise, il y a des gains à réaliser dans le segment du détail, vers lequel les consommateurs se sont tournés en raison des restrictions imposées par la crise sanitaire.

« Quand nous analysons notre portefeuille, nous avons beaucoup de belles marques, mais nous avons peut-être trop de marques, a expliqué le chef de l’exploitation de Saputo, Kai Bockmann, au cours d’une conférence téléphonique visant à discuter des résultats du troisième trimestre. La COVID-19 […] nous a obligés à le réévaluer parce qu’après (la crise) les habitudes d’achat des consommateurs auront changé à jamais. »

Le mandat de diriger cette division a été confié à Lyne Castonguay, qui présente une longue feuille de route dans le secteur du commerce de détail et qui a occupé des postes de direction au sein d’entreprises comme Home Depot et Sobeys (IGA au Québec). Elle sera épaulée par un directeur du marketing dont l’identité n’a pas été précisée.

Cette réorganisation devrait également permettre de réaliser des économies puisque les activités seront regroupées au sein d’une seule division.

Au troisième trimestre terminé le 31 décembre, Saputo a affiché une croissance de ses profits puisque les ventes générées dans le segment du détail ont contrebalancé le déclin observé du côté industriel. La multinationale a engrangé un bénéfice net de 209,8  millions, ou 55 cents par action, en hausse de 6,1 %. Ses revenus ont décliné de 3,3 %, à 3,76  milliards.

« Pour la première fois depuis le début de la pandémie, nos volumes étaient similaires au niveau observé l’an dernier », a souligné le président et chef de la direction de Saputo, Lino Saputo fils.

Interrogé par les analystes, celui-ci a expliqué qu’il y avait beaucoup de discussions en ce qui a trait aux occasions d’acquisitions, mais que les négociations n’ont tout simplement pas abouti.

Si les habitudes des consommateurs ont changé en raison de la pandémie de COVID-19, cela n’a pas modifié la stratégie de la multinationale, a dit M. Saputo fils.

« Au cours de la dernière année, nous avons probablement été impliqués dans six ou sept dossiers où nous avons effectué une vérification au préalable, a-t-il expliqué. Mais pour une raison ou une autre, la transaction ne s’est pas matérialisée. L’appétit est toujours là et nos cibles n’ont pas changé. »

Abstraction faite des éléments non récurrents, Saputo a affiché un bénéfice ajusté de 227,8  millions, ou 55 cents par action, par rapport à 229,1  millions, ou 56 cents par action, à la même période l’an dernier.

Les analystes tablaient sur un profit ajusté de 48 cents par action et sur un chiffre d’affaires de 3,85  milliards, selon la firme de données financières Refinitiv.

Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux, a souligné, dans une note envoyée à ses clients, que Saputo avait livré de solides résultats en dépit de certains défis opérationnels.

« Les (perspectives) signalent également un intérêt pour les acquisitions et un engagement à évaluer les occasions à l’extérieur du secteur laitier (comme les breuvages à base de plantes) », a écrit l’analyste.

À la Bourse de Toronto, l’action de Saputo a clôturé à 35,26 $, en hausse de 1,42 $, ou 4,2 %.