CGI n’a pas l’habitude de se mêler de politique, ce qui ne l’empêche pas d’estimer que certaines orientations de la nouvelle administration démocrate aux États-Unis pourraient lui sourire dans ce qui constitue le plus important marché de la multinationale québécoise.

Le plan de relance de 1900 milliards US proposé par le président Joe Biden contient par exemple une enveloppe de 10 milliards US pour la cybersécurité ainsi que la modernisation des services informatiques de plusieurs agences fédérales. Pour la firme spécialisée dans les technologies de l’information et les services-conseils, cela représente de nouvelles occasions d’affaires.

« C’est positif, a lancé mercredi son président et chef de la direction, George Schindler, dans le cadre d’une visioconférence en marge de l’assemblée annuelle des actionnaires. Il s’agit de priorités énoncées, alors il faudra voir comment cela se passe. Mais elles concernent des secteurs où nous avons investi comme la santé, l’environnement et la sécurité. »

Contrairement à la coutume, celui-ci n’était pas accompagné du fondateur et président exécutif du conseil d’administration Serge Godin, qui avait pourtant participé à l’assemblée des actionnaires — au cours de laquelle la revue financière des activités s’est déroulée essentiellement en anglais.

L’an dernier, CGI a généré environ 30 % de ses revenus de 12 milliards aux États-Unis.

Au sud de la frontière, la multinationale établie à Montréal exploite une filiale, CGI Fedral, pour faire affaire avec le gouvernement fédéral. Avec plus de 12 500 employés en sol américain, elle croit pouvoir respecter les exigences de l’administration Biden, qui vient de resserrer la loi « Buy American ».

« Notre modèle de proximité devrait répondre à ce genre de politique, a dit M. Schindler. Nous n’avons pas vu le plan écrit, mais, certainement, nous croyons pouvoir (répondre à ce qui est demandé). »

Profits en hausse

Parallèlement à son assemblée, CGI a dévoilé ses résultats du premier trimestre, où son bénéfice net a progressé de 18,4 %, à 343,5 millions, ou 1,32 $ par action, grâce à une amélioration de ses marges et de frais de restructuration et d’intégration moins élevés.

Ses revenus ont cependant légèrement décliné à 3,02 milliards, une tendance qui devrait s’inverser dans la deuxième moitié de l’exercice, d’après M. Schindler.

Au premier trimestre terminé le 30 décembre, l’entreprise a signé de nouveaux contrats pour une valeur de 3,4 milliards, en hausse de 24 % par rapport à l’an dernier. Pour le grand patron de CGI, cela témoigne d’une accélération du virage numérique provoqué par la pandémie de COVID-19.

« Nous croyons que le secteur des services informatiques sera l’un des segments qui bénéficiera d’une sortie significative de la pandémie, en particulier pour les fournisseurs qui peuvent faire pivoter leurs offres de services là où il y a de la demande, comme le fait CGI », a observé l’analyste Richard Tse, de la Financière Banque Nationale, dans un rapport.

Un peu plus compliqué

Si la compagnie de 77 000 employés répartis dans 40 pays ambitionne toujours de doubler sa taille dans les cinq à sept prochaines années, la crise sanitaire a néanmoins ralenti les choses, a expliqué M. Schindler, sans toutefois évoquer une année où le plan pourrait se concrétiser.

Une partie de cette stratégie repose sur les acquisitions, et dans le cadre d’une conférence téléphonique, les analystes financiers ont interpellé M. Schindler à plus d’une reprise en tentant de savoir si une annonce était pour bientôt.

« L’activité s’intensifie, a dit le patron de CGI, dans le cadre de la visioconférence. Nous continuons d’avoir une liste d’occasions potentielles qui s’allonge. »

La dernière prise majeure de la compagnie remonte à 2012, lorsqu’elle avait mis la main sur la firme britanno-néerlandaise Logica, au coût de 2,8 milliards.

À la fin de la dernière crise financière, certaines entreprises éprouvaient des difficultés, ce qui avait accéléré certaines transactions dans l’industrie, a fait remarquer le chef de la direction financière François Boulanger. Celui-ci a suggéré que le contexte était similaire en raison de la pandémie.

Abstraction faite des éléments non récurrents, CGI a affiché un bénéfice ajusté de 347,2 millions, ou 1,33 $ par action, en hausse de 3,7 % par rapport au premier trimestre de l’an dernier. Les analystes tablaient sur un profit ajusté par action de 1,24 $, selon la société de données financières Refinitiv.