(Montréal) Après WestJet la semaine dernière, c’est au tour d’Air Canada de s’ajuster, entre autres, aux nouvelles exigences de dépistage de la COVID-19 imposées par Ottawa en réduisant la cadence de ses activités, ce qui affectera quelque 1900 personnes chez le transporteur aérien et ses partenaires régionaux.

La réduction de service de l’ordre de 25 % — qui n’épargne pas le Québec — annoncée mercredi entraînera ainsi la fin du service dans six aéroports des provinces de l’Atlantique, la suspension d’une quarantaine de liaisons au Canada, vers les États-Unis ainsi qu’à l’international.

Quelque 1700 travailleurs d’Air Canada et 200 autres chez ses transporteurs Air Canada express perdront leur gagne-pain.

« Depuis la mise en œuvre par les gouvernements fédéral et provinciaux de ces restrictions de voyage renforcées […] nous avons constaté des répercussions immédiates sur les réservations à brève échéance », a souligné la vice-présidente générale et chef des affaires commerciales d’Air Canada, Lucie Guillemette, dans un communiqué où elle a également évoqué l’obligation de quarantaine toujours en vigueur ainsi que les confinements provinciaux.

Mme Guillemette n’était pas disponible pour accorder des entrevues.

Cette annonce survient au lendemain de la nomination d’un nouveau ministre fédéral des Transports, Omar Alghabra, alors que l’industrie aérienne attend impatiemment une aide sectorielle du gouvernement Trudeau. Vendredi dernier, en écorchant Ottawa pour son « manque de cohérence », WestJet avait également indiqué qu’environ 1000 de ses employés seraient touchés par des congés forcés et des mises à pied temporaires, notamment.

Depuis le 7 janvier, les passagers aériens à destination du Canada doivent fournir la preuve d’un résultat négatif au dépistage de la COVID-19 pour embarquer sur leur vol en vertu d’une décision du gouvernement Trudeau. Les grandes compagnies aériennes comme Air Canada, WestJet, Air Transat et Sunwing demandaient un report de l’entrée en vigueur de cette mesure.

Allison St-Jean, une porte-parole du ministre Alghabra, a fait part, dans un courriel, de la déception du gouvernement Trudeau.

« L’accessibilité de toutes nos régions est importante et les liaisons aériennes sont essentielles au développement économique régional et à la prospérité », a-t-elle écrit.

Taille réduite

Avec les réductions du premier trimestre, Air Canada — qui avait procédé à quelque 20 000 mises à pied au printemps dernier — estime que sa capacité équivaudra à environ 20 % des vols qu’elle exploitait au premier trimestre de 2019.

L’analyste Walter Spracklin, de RBC Marchés des capitaux, a souligné, dans une note envoyée à ses clients, qu’il anticipait une baisse de la capacité de 50 % au premier trimestre.

« Nous estimons que la décision de la société d’agir rapidement […] est prudente et que ces mesures vont partiellement compenser la consommation de trésorerie prévue au cours du trimestre », a-t-il écrit.

Air Canada n’a pas précisé à quels endroits au pays se feraient les coupes dans le personnel. Parmi les employés touchés, on retrouve du personnel de la compagnie dans les aéroports, des pilotes ainsi que des agents de bord.

Le syndicat qui représente les agents de bord d’Air Canada et d’Air Canada Rouge a précisé que 830 de ses membres seraient affectés.

« Nous sommes profondément attristés et déçus de l’annonce, surtout en sachant que la plupart des personnes touchées par cette nouvelle le sont pour la deuxième fois en moins d’un an », a souligné dans une déclaration le président de la Composante Air Canada du Syndicat canadien de la fonction publique, Wesley Lesosky.

Celui-ci a également imputé une partie du blâme au gouvernement Trudeau en lui reprochant de tarder à venir en aide à l’industrie.

Un peu partout

En ce qui a trait à la situation au Québec, la liaison entre Québec et Toronto sera suspendue. Depuis Montréal, Air Canada cessera d’offrir des vols vers des villes américaines comme Denver (Colorado), Houston (Texas) et Orlando (Floride).

À l’international, 10 destinations, comme la Barbade et Casablanca, sont touchées par les changements.

« Bien que ce ne soient pas les nouvelles que nous souhaitions communiquer en ce début d’année, nous sommes cependant encouragés par le fait que Santé Canada a déjà approuvé deux vaccins », a souligné Mme Guillemette, en précisant qu’un retour progressif vers la normale pourrait paver la voie au rappel des quelque 20 000 employés en congé forcé depuis le début de la crise sanitaire.

La compagnie aérienne compte proposer « diverses options » à ses clients concernés, dont un remboursement pour les voyageurs admissibles, ou d’autres itinéraires.

À la Bourse de Toronto, mercredi, l’action d’Air Canada a clôturé à 22,99 $, en baisse de 14 cents, ou 0,6 %.