D’ici la fin du mois de janvier, 24 Bizou fermeront définitivement leurs portes. Cela représente près de 30 % des boutiques de la chaîne qui tente de se restructurer à l’abri de ses créanciers depuis octobre.

Aux prises avec un passif de près de 9,5 millions de dollars, Bizou International a eu recours à la Loi sur la faillite et l’insolvabilité (LFI) au milieu de l’automne.

Depuis, l’entreprise de Sainte-Marie, en Beauce, a renégocié « plusieurs loyers à la baisse » et obtenu « des loyers à pourcentage basé sur les ventes », précise le plus récent rapport du syndic Éric St-Amour, de la firme Ernst & Young. Mais 24 points de vente sur 85 fermeront tout de même leurs portes « entre le 15 et le 31 janvier ».

Dans certains cas, le bail n’a pas pu être renégocié de façon satisfaisante et dans d’autres, le retour à la rentabilité suscitait peu d’espoir. La très vaste majorité des boutiques se trouve au Québec. Bizou en exploite quelques-unes dans les Maritimes et dans la région de Toronto.

Il ne semble pas impossible que le nombre de fermetures grimpe davantage. « Il est à noter que Bizou explore encore la possibilité d’émettre quelques préavis de résiliation de bail pour certaines boutiques », ajoute le syndic.

Au moment de se placer à l’abri de ses créanciers, la chaîne de bijouteries employait 400 personnes. Les documents publics font état de « quelques mises à pied dues à la fermeture de trois boutiques depuis le premier novembre ». Mais aucune information sur la réduction de personnel engendrée par les 24 fermetures à venir n’y est mentionnée. Chez Bizou, personne de la direction n’a rappelé La Presse.

L’entreprise a été fondée en 1982 par la famille Labrecque, qui en est encore propriétaire. Les documents relatifs à la restructuration sont signés par Joey Labrecque, vice-président aux opérations et codirecteur général. Le président est Marcel Labrecque, selon le Registraire des entreprises.

COVID-19, France, Amazon

Comme bien d’autres détaillants québécois, la chaîne Bizou a été privée d’importants revenus lors du premier confinement au printemps, ce qui a fragilisé ses finances. Mais les documents soumis au tribunal précisent que son insolvabilité est également attribuable à la fermeture de « ses boutiques et autres opérations en France ». Ce retrait de l’Hexagone, survenu en 2019, a « engendré une perte importante » dont l’ampleur n’est pas précisée. Très peu de détails sont connus sur cette rare expansion en France pour un détaillant québécois.

« L’effet Amazon » fait aussi partie des causes énumérées. Le virage vers le commerce électronique a « conféré un avantage concurrentiel considérable aux entreprises axées principalement sur les ventes en ligne », écrit le syndic. Cela a notamment eu une « incidence défavorable sur le pouvoir de fixation des prix, la part de marché, les marges de profits et les liquidités » des magasins, ajoute-t-il.

Les principaux créanciers garantis de Bizou sont la Banque Royale (1,8 million), Fiera Capital (1,5 million) et la BDC (140 000 $).

Le Tribunal a accordé sa protection à Bizou jusqu’au 3 février. La Banque Royale a accepté de maintenir la marge de crédit jusqu’au 31 mars 2021 sous certaines conditions. Et des discussions ont lieu avec « de nouveaux partenaires financiers pour refinancer les opérations afin d’assurer la pérennité de la Société », précise le rapport d’Ernst & Young.

Les 24 boutiques qui fermeront

Fermeture ce mois-ci

Galeries d’Anjou – Carrefour Laval – Centre Eaton – Place Sainte-Foy – Galeries du Vieux-Port (Matane) – Place Donnacona – Centre Alma – Carrefour Saint-Félicien – Plaza d’Alma – Carrefour Jeannois (Roberval) – Centre commercial le Village (Baie-Saint-Paul) – Carrefour Gaspé – Place du Havre (Chandler) – Carrefour Assomption (Edmundston, Nouveau-Brunswick) – Le Rond Point (Tracadie-Sheila, Nouveau-Brunswick) – Bathurst Mall (Bathurst, Nouveau-Brunswick) – Confederation Court Mall (Charlottetown, Île-du-Prince-Édouard) – Corner Brook Plaza (Corner Brook, Terre-Neuve-et-Labrador) – St Laurent Center (Ottawa, Ontario) – Georgian Mall (Barrie, Ontario) – Masonville Place (London, Ontario)

Déjà fermées

– Place Charlevoix, La Malbaie – Rue Saint-Jean (Vieux-Québec) – Place Versailles (Montréal)