(New York) L’ambitieux projet d’un nouveau système de prise en charge des soins de santé plus simple et moins onéreux lancé par trois mastodontes américains, la banque JPMorgan Chase, le conglomérat Berkshire Hathaway et le géant de la vente en ligne Amazon, ne verra finalement pas le jour.

La société Haven, qui devait mettre en place cette solution pour les trois entreprises, a annoncé lundi sur son site internet qu’elle mettra fin à ses opérations « fin février ».

Le projet avait été lancé début 2018 par trois des grandes figures des milieux d’affaires américains : Jamie Dimon, le patron de la première banque américaine en termes d’actifs, le milliardaire Warren Buffett, à la tête du conglomérat Berkshire Hathaway qui possède notamment la société d’assurance Geico, et Jeff Bezos dont le groupe Amazon emploie désormais plus de 1,12 million de personnes.

L’objectif était alors de proposer un nouveau système d’assurance maladie améliorant la satisfaction de leurs employés tout en réduisant les coûts.

Les trois groupes souhaitaient unir leurs forces pour répondre au démantèlement de la réforme de santé Obamacare et à l’explosion des dépenses d’assurance maladie aux États-Unis.

Dans sa forme originelle, la loi Obamacare obligeait tous les Américains, même ceux en bonne santé, à souscrire une assurance sous peine de pénalités financières et contraignait les compagnies à assurer tous les clients potentiels, quel que soit leur état de santé.

PHOTO SCOTT MORGAN, ARCHIVES REUTERS

Warren Buffett de Berkshire Hathaway

Mais les élus républicains ont vu dès le début l’obligation d’assurance comme un abus de pouvoir du gouvernement et sont parvenus à l’amender, supprimant notamment en 2017 les pénalités financières découlant de l’absence d’assurance.

Les dépenses de santé montent pour leur part en flèche depuis plusieurs années selon l’organisme public CMS : en 2019, elles ont encore augmenté de 4,6 % pour atteindre 3800 milliards de dollars, soit 11 582 dollars par personne.

Ces dépenses représentent désormais 17,7 % du produit intérieur brut des États-Unis.

Collaboration informelle

Haven assure avoir pendant trois ans « exploré un large éventail de solutions » et « testé de nouvelles façons de faciliter l’accès aux soins de base, de rendre les prestations d’assurance plus simples à comprendre et à utiliser, et de rendre les médicaments plus abordables ».

Les trois groupes « exploiteront ces connaissances et continueront à collaborer de manière informelle pour concevoir des programmes adaptés afin de répondre aux besoins spécifiques de leurs propres employés », affirme l’organisation.

Contactée par l’AFP, la société n’a pas donné de précisions sur les raisons de sa dissolution.

Dans un mémo adressé aux salariés de JPMorgan, Jamie Dimon a confirmé que la banque avait bien l’intention d’utiliser les observations et propositions élaborées par Haven pour améliorer le système.

L’organisation, a-t-il ajouté, « a bien fonctionné en tant qu’incubateur d’idées et entité pour engager des projets, tester et apprendre et a servi de lieu pour partager nos meilleures pratiques ».

PHOTO CLODAGH KILCOYNE, ARCHIVES REUTERS

Jeff Bezos d'Amazon

JPMorgan, Berkshire et Amazon avaient marqué les esprits en lançant cette société indépendante et à but non lucratif : s’ils prévoyaient de réserver au départ le projet à leurs salariés, les dirigeants envisageaient de l’étendre potentiellement à tous les Américains.

L’objectif était de bousculer un système toujours plus complexe et onéreux en combinant leurs données, leurs technologies, leur expertise et leur pouvoir d’achat.

Le contrôle de la hausse des coûts du système d’assurance maladie est devenu une priorité pour les responsables politiques.

Après avoir échoué à abroger complètement la loi Obamacare, le président républicain Donald Trump a ainsi tenté de s’attaquer aux prix des médicaments.

Le président élu Joe Biden a de son côté prévu de défendre, et étendre, Obamacare, en créant notamment une nouvelle option de système d’assurance maladie géré par le secteur public, qui concurrencerait les assureurs privés.