Appuyé notamment par le vote du plus important détenteur de parts et de celui de la Caisse de dépôt et placement du Québec, le consortium mené par Canderel a obtenu le soutien nécessaire en assemblée mardi pour racheter Cominar.

La transaction a été approuvée dans une proportion de 83 % des voix exprimées lors d’une assemblée extraordinaire virtuelle d’une durée d’à peine une vingtaine de minutes.

« Compte tenu des circonstances et du contexte actuel, Ivanhoé Cambridge a décidé de suivre la recommandation de Cominar et de voter en faveur de l’arrangement », indique la porte-parole d’Ivanhoé Cambridge, Justine Lord-Dufour.

« Sous réserve d’entérinement de la transaction par la Cour supérieure du Québec jeudi [demain], cette transaction nous permettra, à terme, de réinvestir dans l’immobilier québécois, poursuivant ainsi le pivot de notre portefeuille. »

Par l’entremise d’Ivanhoé Cambridge, la Caisse de dépôt détenait une participation de près de 5 % dans Cominar.

Après avoir hésité dans les dernières semaines, l’homme d’affaires George Armoyan – plus grand détenteur de parts avec une participation de 9,7 % – a appuyé l’opération. « J’ai senti que plusieurs institutions souhaitaient que la transaction se réalise. Je ne voulais pas être celui qui allait mettre du sable dans l’engrenage. La partie facile est de s’opposer », dit-il en entrevue.

George Armoyan ajoute qu’il craignait un repli du titre à court terme et ne voulait pas porter le fardeau de l’échec de la transaction. Il précise qu’il aurait souhaité pouvoir être impliqué dans un redressement des activités de Cominar, mais qu’il vient d’accepter le poste de PDG par intérim de Calfrac, une entreprise de Calgary spécialisée dans la fracturation hydraulique.

« Je ne peux être partout à la fois », dit-il.

Cominar avait révélé le 24 octobre une entente avec un consortium mené par Canderel entourant sa vente au prix unitaire de 11,75 $ la part, entente évaluée à 5,7 milliards en incluant la dette.

Dans le cadre de cette opération, le Groupe Mach doit acquérir certains immeubles commerciaux et de bureaux, alors que la firme américaine d’investissement Blackstone doit récupérer 190 immeubles industriels.

Si l’investisseur institutionnel Letko Brosseau s’est opposé publiquement à la transaction dans les dernières semaines, les deux grandes agences de conseil de vote ISS et Glass Lewis recommandaient d’appuyer l’opération proposée.

L’arrangement conclu avec le consortium mené par Canderel est survenu au terme d’un processus d’examen stratégique de plus de 13 mois notamment lancé en raison de difficultés financières chez Cominar et alors que la pandémie entraînait une incertitude supplémentaire entourant les activités.

La direction de Cominar avait expliqué que l’examen stratégique a surtout été motivé par des « défis structurels » exacerbés par la pandémie.

Les détenteurs de parts avaient ainsi été prévenus que le maintien de l’inscription en Bourse comportait des enjeux « importants ».

Une émission « significative » de parts pouvait donc être nécessaire, selon la direction, pour « mieux calibrer » les niveaux d’endettement et améliorer la souplesse pour assurer la poursuite des activités en tant que société publique, ce qui risquait d’entraîner une dilution « importante » de l’avoir des porteurs de parts.

Les dirigeants de Cominar n’étaient pas disponibles pour commenter mardi. Le président du conseil des fiduciaires, René Tremblay, a simplement souligné par communiqué qu’il aimerait « remercier les porteurs de parts pour leur soutien au fil des ans et en lien avec le projet d’arrangement ».

Durant le processus d’examen, les conseillers de Cominar soutiennent avoir approché officiellement 33 parties (soit 25 investisseurs financiers et 8 investisseurs stratégiques) potentiellement intéressés par la totalité ou des portions de l’entreprise. Sept investisseurs financiers et trois stratégiques ont signé des ententes de confidentialité permettant d’effectuer une vérification diligente, indique-t-on.

Disant détenir une participation de 3,3 % dans Cominar, Letko Brosseau avait notamment souligné que le moment paraissait mal choisi pour vendre l’entreprise puisque Cominar émerge à peine de la pandémie qui a entraîné de longues fermetures des centres commerciaux et des bureaux en 2020 et en 2021.

Joint au téléphone, Peter Letko était visiblement déçu. « Qu’est-ce qu’on peut dire ? L’entreprise est vendue. C’est un peu triste. Les points de vue et les opinions diffèrent d’un investisseur à un autre. »

Cominar possède 310 immeubles industriels, commerciaux et de bureaux au Québec et en Ontario.

La vente de Cominar s’inscrit assurément comme la transaction immobilière commerciale de l’année au Québec et possiblement comme la plus importante jamais réalisée dans la province.

Le portefeuille immobilier de Cominar compte notamment des propriétés comme la gare Centrale de Montréal, le Mail Champlain, à Brossard, la Place Longueuil, le Centropolis, à Laval, le Complexe Jules-Dallaire et Place de la Cité, à Québec.