La plus importante entreprise mondiale en services informatiques, Kyndryl, une ancienne division d’IBM, s’installe à Montréal.

La multinationale qui compte 90 000 employés dans une soixantaine de pays annoncera ce jeudi son intention de créer « un nouveau centre bilingue de services technologiques » dans la métropole québécoise, qui devrait compter d’ici cinq ans 500 employés.

De l’infonuagique à l’intelligence artificielle en passant par la conception et la gestion des infrastructures informatiques, Kyndryl compte quelque 4000 clients dans le monde, essentiellement de grandes entreprises qui veulent accélérer ou consolider leur transition numérique. Son arrivée à Montréal correspond à une nouvelle philosophie de Kyndryl, qui souhaite offrir des services plus personnalisés à des entreprises plus petites.

« La proximité va nous permettre de “co-créer” et d’innover avec nos clients, et ce, dans différentes sphères de marché », explique en entrevue Maxime Desbiens, nommé président de Kyndryl Québec en septembre dernier.

Moi, je veux m’assurer qu’on puisse [soutenir] nos clients en français si c’est nécessaire, que nos clients québécois puissent travailler dans la langue de Molière.

Maxime Desbiens, président de Kyndryl Québec

Le seul centre canadien de Kyndryl jusqu’à maintenant a été ouvert à Markham, en banlieue de Toronto. Montréal aura un « centre d’innovation infonuagique », dont l’implantation a commencé il y a plusieurs mois avec l’embauche d’une centaine d’employés, actuellement en télétravail.

« D’ici le premier trimestre de 2022 », précise M. Desbiens, on souhaite trouver des bureaux au centre-ville de Montréal.

Hormis la langue, en quoi ce centre sera-t-il différent de celui de Markham ? « C’est vraiment notre nouvelle génération de centres, où on se consacre à de nouveaux domaines d’expertise dans des marchés en croissance », répond le président. Il estime que Kyndryl, une ancienne division d’IBM qui a officiellement coupé le cordon le 4 novembre dernier en entrant en Bourse, est devenue « plus agile » pour effectuer un tel virage.

Celui-ci était manifestement nécessaire. À titre de division d’IBM, Kyndryl a rapporté des revenus de 14,1 milliards US pour les neuf premiers mois en 2021, en baisse de 2,2 % par rapport à l’année précédente. Ses pertes pour les trois premiers trimestres de 2021 se sont établies à 1,6 milliard US. Alors que ses revenus annuels étaient de 21,8 milliards US en 2018, ils ont baissé pour se chiffrer à 19,35 milliards en 2020.

La séparation de Kyndryl d’IBM permettra de mettre sur pied « un modèle différent », estime Maxime Desbiens. Lui-même provient du sérail d’IBM, où il travaille depuis 2006, « et même depuis 2000 dans des jobs d’été ». « IBM s’est rendu compte que Kyndryl devait devenir une entreprise à part entière, pour faire nos propres investissements et être [concurrentiels] dans le marché. On avait besoin d’un modèle différent, d’être “agnostiques” pour amener les solutions nécessaires. Le futur est brillant devant nous. »

Compter sur l’écosystème

Il se dit « conscient » du défi de trouver 400 employés d’ici cinq ans et estime qu’il n’y a pas de solution unique au problème de pénurie de main-d’œuvre.

« Il faut se concentrer sur tout l’écosystème. On va réentraîner certaines de nos personnes dans des tâches plus en demande. On va parler, travailler avec des universités, des cégeps, pour développer des programmes avec eux pour amener la prochaine génération d’experts. Et compter sur l’immigration, avec des programmes pour les aider à avoir la bonne expertise. »

Par communiqué, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a salué l’arrivée de Kyndryl, qui « démontre l’impact des efforts faits par la Ville et ses partenaires au cours des dernières années pour assurer le dynamisme économique de la métropole ».

« L’entreprise pourra compter sur les talents de la main-d’œuvre montréalaise et le soutien de nos équipes à toutes les étapes de son développement d’affaires », a-t-elle assuré.

Du côté de Montréal International, le PDG Stéphane Paquet estime que « cet investissement permettra aussi aux entreprises de la région d’obtenir des services spécialisés dans un domaine en pleine évolution, alors que la demande ne fait que grandir ».