Ce n’est pas demain la veille que l’on montera à bord d’un taxi volant électrique pour se déplacer. Il n’en reste pas moins que le Québec a tous les atouts pour devenir le « centre névralgique » de ce secteur qui intéresse un nombre grandissant d’entreprises, croit le spécialiste des simulateurs de vol et de la formation CAE.

Signe de l’intérêt de la multinationale québécoise à l’endroit des aéronefs à décollage et atterrissage verticaux, qui peuvent transporter un petit nombre de personnes ou des objets : elle y consacrera une partie de son enveloppe de 1 milliard sur cinq ans visant à financer des projets d’innovation.

« Nous avons tout ce qu’il faut à Montréal pour créer un centre névralgique spécialisé dans ces aéronefs […] avec plusieurs entreprises, nos universités, l’École nationale d’aérotechnique et l’École des métiers de l’aérospatiale », a affirmé le président et chef de la direction de CAE, Marc Parent, lundi en s’adressant à un parterre de gens d’affaires réunis par le Cercle canadien de Montréal.

Pour financer ses ambitions, l’entreprise établie dans l’arrondissement montréalais de Saint-Laurent avait reçu, en juillet dernier, un soutien financier combiné de 340 millions de Québec et d’Ottawa.

M. Parent estime que ce marché combine les objectifs des gouvernements visant à la fois à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à accélérer le transport de marchandises et de passagers dans des « villes achalandées ».

Il reste toutefois de nombreuses étapes à franchir pour les projets qui ont été publiquement présentés jusqu’ici. De plus, des questions d’ordre réglementaire devront également être résolues, puisque l’on parle d’appareils qui souhaitent emprunter l’espace aérien pour circuler, souvent à basse altitude.

« On travaille déjà de près avec les organismes de réglementation pour s’assurer que ce nouveau domaine soit aussi sécuritaire que l’ensemble du transport aérien », a affirmé le dirigeant de CAE, qui n’était pas disponible pour répondre aux questions des médias après son allocution.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Le dirigeant de CAE Marc Parent croit que le Québec peut devenir un chef de file dans le secteur des taxis volants électriques.

Au cours de son discours, celui qui a été nommé à la tête de CAE en 2009 est essentiellement revenu sur les turbulences provoquées par la pandémie de COVID-19 et la stratégie de l’entreprise, qui a décidé de passer à l’offensive en réalisant neuf acquisitions pour accroître sa taille et se diversifier.

Déjà un intérêt

L’entreprise québécoise a déjà effectué ses premiers pas dans ce nouveau créneau en concluant une entente avec l’entreprise allemande Volocopter en juillet dernier afin de former les pilotes de son taxi aérien électrique VoloCity, qui peut accueillir un pilote et un passager. Thales Canada s’est également associée à Bell Textron Canada.

Pas plus tard qu’en septembre, c’était au tour d’Airbus de présenter le CityAirbus, développé en partenariat avec Siemens. Le premier vol de l’appareil est prévu pour 2023. La société américaine Jaunt Air Mobility, qui planche également sur un appareil, est venue s’installer au Québec.

Il est pour le moment difficile d’avoir une idée de la taille de ce marché potentiel. En 2018, une étude réalisée par la banque américaine Morgan Stanley et citée par plusieurs publications spécialisées l’estimait à 1500 milliards US.

Le souhait de M. Parent est-il réaliste ? Tout à fait, croit Mehran Ebrahimi, professeur à l’UQAM et directeur de l’Observatoire international de l’aéronautique et de l’aviation civile.

« Nous avons tous les éléments du casse-tête que l’on peut mettre en place, a estimé l’expert au cours d’un entretien téléphonique. Ce genre d’appel de M. Parent, c’est pour lancer le concept. »

Le Québec jouit déjà d’une réputation enviable dans les secteurs de l’aéronautique et de l’intelligence artificielle, qui sont complémentaires pour certains types appareils – autonomes ou pilotés à distance.

M. Ebrahimi a comparé les idées publiquement présentées à ce que l’on observe parfois dans de grands salons automobiles.

« À chaque salon, il y a toujours des concepts, analyse-t-il. Certains ne deviendront jamais des modèles. Mais cela donne une idée vers où la technologie se dirige. »

En ce qui a trait aux aéronefs électriques à décollage et atterrissage verticaux, les entreprises tentent, pour le moment, de « se positionner » pour ne pas accuser de retard.

25 %

L’action de CAE a perdu près du quart de sa valeur depuis la publication des résultats du deuxième trimestre, le 11 novembre dernier, lorsque le secteur de la défense avait déçu les analystes. M. Parent n’a pas abordé le sujet.