Les amateurs de Corn Flakes, de Rice Krispies et autres Frosted Flakes doivent parfois se résigner depuis quelques semaines à trouver une autre option pour le déjeuner. En raison d’une grève déclenchée au début du mois d’octobre impliquant 1400 travailleurs de quatre usines de Kellogg’s aux États-Unis, les supermarchés d’ici peinent à offrir une variété de produits commercialisés par l’entreprise américaine.

Lueur d’espoir toutefois pour ceux qui peuvent difficilement se passer de leur bol de céréales matinal : le conflit pourrait prendre fin le 5 décembre. Une entente de principe est intervenue entre les deux parties mercredi. Les travailleurs représentés par le Syndicat international des travailleurs et travailleuses de la boulangerie, confiserie, tabac et meunerie (BCTM) se prononceront dimanche. Les retards d’approvisionnement pourraient toutefois prendre quelques semaines à se résorber.

Pendant ce temps, Franck Henot, copropriétaire de l’Intermarché Boyer sur l’avenue du Mont-Royal, confirme qu’« il y a certains produits que Kellogg’s ne fournit plus ». « Les Corn Flakes, les Frosted Flakes, on n’est plus capables d’en avoir », dit-il. Pour éviter d’avoir des espaces vides sur ses tablettes, l’épicier a changé temporairement ses planogrammes afin de compenser avec des boîtes de céréales produites par d’autres entreprises.

M. Henot n’est pas le seul à vivre cette situation. « Il est vrai que les détaillants en alimentation constatent une difficulté d’approvisionnement sur les produits de cette marque », affirme également Francis Mailly, directeur des relations gouvernementales pour le Conseil canadien du commerce de détail (CCCD), qui représente plusieurs grandes chaînes comme Metro, IGA, Loblaws, Walmart et Costco.

Certaines modifications ont dû être faites ; certains produits ont été délistés temporairement et des promotions ont été ajustées.

Francis Mailly

De son côté, Kellogg’s, dans un communiqué, a dit espérer connaître le résultat du vote tôt au début de la semaine prochaine. « Nous restons déterminés à surmonter tout impact potentiel sur nos activités canadiennes et avons mis en œuvre des plans d’urgence depuis un certain temps pour atténuer les interruptions d’approvisionnement, a pour sa part assuré un porte-parole de l’entreprise, dans une déclaration officielle envoyée par courriel à La Presse. Le respect de nos engagements envers les clients et les consommateurs dépendra de divers facteurs, notamment la durée et la gravité de la grève, l’efficacité de nos plans d’urgence et la demande pour nos produits. »

Achat local

Stéphane Lacasse, directeur affaires publiques et relations gouvernementales de l’Association des détaillants en alimentation du Québec (ADA), dont plus de 1000 épiceries et dépanneurs sont membres, voit là une bonne occasion d’opter pour des produits locaux pour se sustenter au déjeuner.

Kellogg’s est en grève aux États-Unis. On a des répercussions au Québec, c’est sûr. Mais pour le consommateur, il y a quand même d’autres produits en magasin. Il y a d’autres fournisseurs.

Stéphane Lacasse

« Il faudrait peut-être qu’on réfléchisse », dit-il en faisant allusion à l’autonomie alimentaire. Il y a peut-être des [entreprises] qui vont y voir une opportunité. »

Rappelons que le conflit impliquant les travailleurs des usines de Battle Creek (Michigan), Omaha (Nebraska), Lancaster (Pennsylvanie) et Memphis (Tennessee) perdure depuis le 5 octobre.

« Pendant plus d’un an, tout au long de la pandémie de COVID-19, les travailleurs de Kellogg’s de tout le pays ont travaillé de longues et dures heures, jour après jour, pour produire des céréales prêtes à manger Kellogg’s pour les familles américaines », pouvait-on lire dans un communiqué publié par le BCTM, lors du déclenchement de la grève.

« La réponse de Kellogg’s à ces employés fidèles a été d’exiger qu’ils renoncent à des soins de santé de qualité, à des prestations de retraite et à des congés payés. L’entreprise continue de menacer d’envoyer des emplois supplémentaires au Mexique si les travailleurs n’acceptent pas les propositions scandaleuses qui suppriment les protections dont ils bénéficient depuis des décennies. »

Plusieurs marques de céréales, de barres tendres et de craquelins, telles que Froot Loops, Corn Flakes, Nutri-Grain, Kellogg’s Club et Pop Tarts, sont produites par la multinationale dont le siège social se trouve à Battle Creek, au Michigan.