Les attentes envers la Banque Nationale étaient à ce point élevées que même une bonification de 23 % du dividende et une hausse substantielle des profits n’ont pu satisfaire les investisseurs. L’évaluation de l’action de la banque dans les derniers mois s’était d’ailleurs notamment appréciée en anticipation de grandes annonces.

Le titre de la plus grande institution bancaire québécoise a cédé 3,5 % mercredi pour clôturer à 95,84 $ à Toronto. C’est la plus importante baisse du titre en une séance cette année. L’action a maintenant perdu une dizaine de dollars depuis son sommet de 106 $ atteint le 22 novembre, mais demeure néanmoins en hausse de près de 35 % cette année.

En plus d’une hausse de 23 % du dividende, la direction a révélé son intention de racheter pour annulation jusqu’à 2 % de ses actions, c’est-à-dire 7 millions d’actions.

La Banque Royale a de son côté fait savoir mercredi qu’elle relève de 11 % son dividende, ce que la Scotia avait aussi annoncé la veille.

« On s’est gardé une petite gêne »

« Tel que je le prévoyais, de toutes les banques ayant présenté leurs résultats jusqu’ici, la Nationale est celle ayant annoncé la plus forte augmentation de son dividende », relate l’analyste Darko Mihelic, chez RBC.

Son camarade Scott Chan, chez Canaccord, rappelle pour sa part qu’il s’attendait à ce que la Nationale annonce une croissance du dividende supérieure à 30 %.

« On s’est peut-être gardé une petite gêne, mais on est très confortables avec l’augmentation annoncée », indique le nouveau PDG Laurent Ferreira en entrevue.

Laurent Ferreira a officiellement pris la relève de Louis Vachon à la tête de la banque au début de novembre avec assurément une certaine pression en regardant la poussée du titre durant la pandémie.

PHOTO FOURNIE PAR LA BANQUE NATIONALE

Laurent Ferreira, nouveau PDG de la Banque Nationale

« Je préfère être dans cette situation-là avec des bases solides que l’inverse, dit-il. Je suis confortable avec le positionnement de la banque et on va travailler fort pour la faire grandir. »

En ce qui concerne la réaction des investisseurs mercredi, il juge que les attentes étaient peut-être plus élevées envers la Banque Nationale qu’envers les autres banques. Il pourrait aussi y avoir plus d’investisseurs à court terme au sein de l’actionnariat, selon lui. « Il faut attendre que la saison des résultats se termine pour se forger une opinion », dit-il.

Laurent Ferreira voit la reprise économique d’un bon œil malgré la récente apparition du variant Omicron. « On observe un bon momentum dans toutes nos lignes d’affaires. Toutefois, les deux sources d’incertitude que nous voyons dans nos scénarios sont les variants et l’inflation. On reste prudents. On ne sait pas comment un variant réagira dans la population vaccinée et non vaccinée. »

Laurent Ferreira s’attend à une croissance des profits de la banque aux alentours de 5 % pour 2022 et entend diriger la banque dans un esprit de continuité en misant notamment sur l’élan de l’organisation dans le secteur commercial et en gestion de patrimoine.

Profits en hausse

Les profits de la Banque Nationale se sont élevés à 776 millions pour les mois d’août, septembre et octobre, l’équivalent d’une hausse de 58 % par rapport à la même période l’an dernier.

Sur une base ajustée, le bénéfice par action de 2,21 $ s’avère inférieur au consensus des analystes, qui s’articulait autour de 2,24 $ par action. « Principalement en raison de revenus plus faibles et de dépenses plus élevées qu’anticipé », souligne Scott Chan.

Pour l’exercice 2021, les profits de la Nationale ont atteint 3,2 milliards, en hausse de 53 % par rapport à l’exercice précédent.

Les annonces de hausse de dividende par les banques canadiennes surviennent après que le surintendant des institutions financières a signalé cet automne aux institutions financières du pays qu’elles peuvent de nouveau augmenter les dividendes ordinaires et racheter des actions.

En raison des défis posés par la pandémie et la conjoncture économique, le Bureau du surintendant des institutions financières avait demandé aux institutions financières en mars l’année dernière de suspendre l’augmentation des dividendes, les rachats d’actions et la hausse de rémunération des dirigeants.