(New York) Si l’expérience du premier magasin américain de Kanuk est à l’image de sa toute première vente, celui-ci connaîtra un succès bœuf.

La boutique, située au 75, rue Greene, dans SoHo, a procédé samedi dernier à une préouverture (ou soft opening) en prévision de son ouverture officielle, le 1er décembre prochain, qui sera relevée d’une performance de la chanteuse québécoise Charlotte Cardin.

Ses portes n’étaient pas ouvertes depuis une heure quand un couple de touristes mexicains d’un certain âge est entré dans la section principale du magasin, une salle au dôme blanc où l’éclairage donne l’impression que les manteaux flottent dans l’air.

PHOTO RICHARD HÉTU, COLLABORATION SPÉCIALE

Keith Ferguson, chargé de projet chez Kanuk

« Ils ont acheté cinq manteaux d’une claque », a raconté à La Presse Keith Ferguson, chargé de projet chez Kanuk. « Ils étaient déjà allés à Montréal et ils étaient tombés amoureux de l’entreprise. Dès qu’il a vu [les manteaux], l’homme a dit : “J’en achète un pour mon garçon, deux pour mes filles, un pour ma femme et un autre encore pour moi.” »

« Ça partait très bien », a ajouté celui qui est à New York depuis près de deux mois pour veiller à toutes les étapes de l’ouverture du magasin et qui y restera jusqu’au printemps.

La « folie » de SoHo

Et les ventes se sont poursuivies le lendemain.

« On a un trafic intéressant. Les gens veulent savoir qui on est », a dit Keith Ferguson mardi matin, après le départ d’électriciens venus ajuster des éléments de l’éclairage créé par le studio new-yorkais Derek Porter et James Clotfelter Lighting Design, en collaboration avec le studio d’architecture montréalais Atelier Barda, qui a conçu l’espace.

PHOTO ERIC PETSCHEK, FOURNIE PAR KANUK

Intérieur du nouveau magasin Kanuk de New York

Et ce « trafic » devrait s’alourdir au cours des prochains jours, marqués par le long congé de la fête de Thanksgiving et le début du magasinage des fêtes de fin d’année. « C’est ce qu’on va voir », a dit Keith Ferguson en tentant de maîtriser son enthousiasme. « Tout ce que je peux dire, c’est que c’est fou à SoHo la fin de semaine depuis que je suis ici. La semaine passée, je me suis dit : “Mais qu’est-ce qui se passe dans SoHo ? C’est la folie.” Ça m’a quasiment fait peur. »

Je n’avais pas encore vu New York comme ça. C’était comme si la ville renaissait de ses cendres. Il y avait des files devant toutes les boutiques. On se disait : “C’est vraiment le temps d’ouvrir.”

Keith Ferguson, chargé de projet chez Kanuk

Bien entendu, cette préouverture ne se déroule pas sans quelques pépins.

« Nous avons eu nos propres difficultés avec les chaînes d’approvisionnement », a affirmé le président de Kanuk, Richard Laniel, lors d’un bref entretien téléphonique.

Une « impression muséale »

Mardi, par exemple, le magasin de la rue Greene attendait toujours un banc pour une salle d’essayage, un miroir et des manteaux importants de sa collection de vêtements d’extérieur automne/hiver 2021.

Mais la boutique avait reçu ce jour-là un élément capital de son décor, à savoir un « autel » autoportant où les clients peuvent payer leurs achats à l’aide d’un écran encastré et où les vendeurs peuvent plier les manteaux selon le rituel de la maison avant de les glisser dans leur sac.

PHOTO RICHARD HÉTU, COLLABORATION SPÉCIALE

Écrans à l’entrée du magasin de Kanuk, à New York

Cet autel se trouve au centre d’une pièce dotée d’un haut plafond et dont deux murs sont ornés d’écrans. Sur l’un d’eux, le visiteur voit défiler des images de mannequins vêtus de manteaux. Sur l’autre apparaît un harfang des neiges, emblème de Kanuk.

Les deux écrans sont accompagnés de textes bilingues, en anglais et en français, où Kanuk se présente.

« Cela donne une impression muséale que je trouve intéressante », a déclaré Kevin Botchar, architecte au studio Atelier Barda. « Cela donne un avant-goût, comme si tu t’apprêtais à entrer dans une salle d’exposition. »

L’architecte montréalais a suivi de façon virtuelle l’évolution des travaux de construction du magasin de SoHo. Il y a mis les pieds pour la première fois dimanche. Un sourire a alors éclairé son visage.

PHOTO RICHARD HÉTU, COLLABORATION SPÉCIALE

Kevin Botchar, architecte au studio Atelier Barda

La première chose que je me suis dite en arrivant, c’est que c’était plus spacieux que je le pensais. De voir la boutique en personne a aussi confirmé que l’espace fonctionnait bien.

Kevin Botchar, architecte au studio Atelier Barda

Une recrue new-yorkaise

Ladu Pearson, natif de New York, sera le premier directeur d’un magasin de Kanuk à l’étranger. Keith Ferguson l’a choisi parmi dix candidats finalistes. Il y a deux semaines, il l’a emmené faire une visite de quatre jours à Montréal.

« On voulait qu’il puisse comprendre vraiment Montréal, d’où part l’industrie », a expliqué le chargé de projet. « Il a vu les manufactures made in Canada. Il est déjà tellement impliqué, engagé. Il parle au “nous”. Il incarne très bien l’entreprise. On est fiers de notre recrue. Et toute son équipe est en train de s’imprégner de la culture québécoise. »

PHOTO RICHARD HÉTU, COLLABORATION SPÉCIALE

Ladu Pearson, directeur du magasin Kanuk de New York

De son côté, Ladu Pearson dit être tombé amoureux de Montréal et de sa diversité, trait qui est au cœur de la culture de Kanuk, a-t-il pu constater sur place.

« Tout ce qu’ils disent être, de ce que j’ai vu jusqu’à présent, ils le sont véritablement, et plus encore », a dit le New-Yorkais, qui était responsable du service à la clientèle pour quatre magasins d’une chaîne connue avant de passer chez Kanuk. « C’est pourquoi je suis si heureux et fier de travailler avec l’entreprise. Je crois en cette entreprise. Et je crois qu’elle aura beaucoup de succès aux États-Unis. »

C’est ce qu’on va voir, pour emprunter les mots de Keith Ferguson.