(Rome) Le fonds d’investissement américain KKR s’est déclaré prêt à mettre 11 milliards d’euros (15,7 milliards de dollars CA) sur la table pour racheter la totalité du capital de Telecom Italia (TIM), faisant décoller l’action de plus de 30 % en Bourse.

À la clôture de la Bourse, le titre prenait 30,25 % à 0,45 euro, dans un marché en hausse de 0,17 %.

Le groupe français Vivendi, principal actionnaire de TIM avec plus de 23 % des actions, gagnait pour sa part à la clôture 1,95 % à 11,27 euros, dans un marché en légère baisse (-0,10 %).

L’offre de KKR, à 0,505 euro l’action, valorise le groupe italien à environ 11 milliards d’euros et cette OPA, non contraignante à l’heure actuelle, est soumise à l’obtention d’au moins 51 % du capital de TIM, selon un communiqué publié dimanche à l’issue d’un conseil d’administration de Telecom Italia.

Interrogé lundi par l’AFP, Vivendi a indiqué ne pas avoir de réaction officielle à cette OPA.

Juste avant la tenue du conseil d’administration extraordinaire dimanche, Vivendi avait démenti « fortement avoir eu des discussions avec des fonds » et avait réitéré « son souhait de travailler avec les autorités italiennes et les institutions publiques pour le succès de TIM à long terme ».

L’offre, qualifiée d’« amicale » par KKR, est soumise à deux autres conditions : un audit approfondi des comptes et de la situation de TIM (soit la phase dite de +due diligence+ classique avant une acquisition) qui devrait durer environ quatre semaines ainsi que l’approbation des autorités compétentes.

Le gouvernement italien dispose en effet d’une « golden share » (une action donnant un droit de veto sous certaines conditions) en vertu du caractère stratégique de TIM.

Dimanche soir, le ministère de l’Économie italien a annoncé « prendre acte » de l’intérêt de KKR pour TIM tout en assurant « suivre avec attention les développements ».

Il a également annoncé la création d’un « groupe de travail » spécialisé qui doit suivre cette affaire.

KKR possède déjà 37,5 % de FiberCop, en coentreprise avec TIM et le fournisseur d’accès internet italien Fastweb, qui installe la fibre optique à travers toute l’Italie.

Le quotidien La Repubblica affirme lundi que l’offre de KKR, dévoilée dimanche, a été transmise plus tôt au gouvernement italien de Mario Draghi qui a délégué les personnalités les plus compétentes, dont le ministre de l’Économie et le directeur du Trésor, pour suivre cette affaire.

L’objectif du gouvernement serait, selon les sources du quotidien, de maintenir le caractère stratégique de l’entreprise et de préserver les emplois, ce dernier sujet suscitant l’inquiétude des syndicats qui ont demandé une prise de position claire à Rome.

KKR, ainsi que d’autres fonds d’investissement qui pourraient désormais faire part de leur intérêt concernant TIM, « ont compris depuis un bon moment que la somme des parties de ce que possède Telecom, si évaluées séparément, a une valeur nettement supérieure à celle exprimée par la Bourse », ajoute le quotidien.

« Cette opération est globalement positive du point de vue de TIM, car elle règle définitivement la question du sort de son réseau téléphonique sur lequel TIM a eu des positions qui ont changé dans le temps. Il est clair que si KKR réalise cet investissement dans TIM c’est que le réseau restera dans le périmètre du groupe », a estimé pour l’AFP Michele Polo, professeur d’économie politique à l’université Bocconi de Milan.

En outre « un groupe fort dans la téléphonie fixe et mobile » comme TIM « offre des possibilités de croissance dans la 5G », même si les développements dans ce secteur devront encore se faire attendre, car étant « davantage potentiel que réel » aujourd’hui, a ajouté M. Polo.

L’OPA de KKR intervient alors que l’opérateur italien a publié fin octobre un bénéfice net divisé par plus de trois à 159 millions d’euros au troisième trimestre.

Ce résultat était nettement inférieur aux attentes des analystes qui tablaient sur un bénéfice net de 287 millions d’euros, selon le consensus du fournisseur d’informations financières Factset Estimates, et ces mauvais résultats ont entraîné également une bataille sur la gouvernance du groupe.