(San Francisco) L’acquisition par Amazon du mythique studio hollywoodien MGM ne doit pas avoir lieu, estiment des syndicats américains, inquiets du pouvoir croissant du géant des technologies sur le secteur du streaming de vidéos sur abonnements (SVOD), un souci que partagent de nombreuses personnalités politiques.

« L’influence d’Amazon sur la santé et la diversité de l’industrie du cinéma risque d’être négative si on laisse l’entreprise s’agrandir encore plus », a argumenté lundi le Strategic Organizing Center, une fédération qui dit représenter près de quatre millions d’employés, dans un communiqué.

Elle appelle l’autorité de la concurrence américaine (FTC) à s’opposer à ce rachat annoncé en mai dernier.

Pour un montant de 8,45 milliards de dollars, Amazon s’est offert plus de 4000 films, dont la saga James Bond, Le Silence des agneaux, Robocop, Basic Instinct, Raging Bull ou Thelma & Louise, ainsi qu’un vaste catalogue de séries, comme The Handmaid’s Tale, Fargo et Vikings.

« Le contrôle actuel d’Amazon sur des quantités déjà massives de contenus signifie que la fusion va lui donner encore plus de pouvoir pour exclure ses concurrents », continue la fédération dans sa lettre.

Elle estime qu’Amazon va contrôler environ 56 000 titres grâce au rachat, loin devant Netflix qui disposerait d’un peu moins de 20 000 titres.

Les syndicats font en outre valoir que le pouvoir d’Amazon sur le marché n’est pas seulement horizontal, mais aussi vertical, avec la vente d’appareils électroniques pour le streaming de vidéos (la gamme « Fire ») et de services de cloud (informatique à distance) pour le stockage des contenus de ses concurrents, à commencer par Netflix, la plus populaire des plateformes.

Sollicité par l’AFP, Amazon a mis en avant la variété de choix dont disposent actuellement les consommateurs, citant notamment Netflix, Disney+, Apple TV+, HBO Max ou encore Peacock.

La société fait aussi remarquer que ni MGM ni Amazon n’ont participé à la production ou à la distribution d’aucun des 20 films ayant reçu le plus de succès dans le monde en 2018, 2019 et 2020.

La FTC et de nombreux États américains ont lancé des enquêtes et des poursuites contre Google, Apple, Facebook et Amazon, les fameux GAFA, qu’ils accusent d’abus de position dominante sur leurs différents marchés, des réseaux sociaux à la publicité numérique en passant par le commerce en ligne.

Amazon domine largement le cloud, mais c’est surtout sa plateforme de cybercommerce qui fait grincer les dents. La firme y est à la fois juge et partie : elle fixe les règles et commercialise ses propres produits.

« L’entreprise a pris l’habitude d’utiliser son pouvoir pour s’attaquer à de nouveaux marchés grâce à des pratiques qui nous semblent injustes et contraires au droit de la concurrence », écrivent les syndicats.

« Cette fusion permettrait à Amazon d’avoir recours aux mêmes méthodes contre l’industrie du streaming vidéo, affectant inévitablement les producteurs et consommateurs, et réduisant la diversité ».