Rogers Communications a fait valoir lundi devant le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) que sa proposition de prise de contrôle de 26 milliards de Shaw Communications était nécessaire non seulement pour créer une plus grande concurrence dans l’Ouest canadien, mais aussi pour rivaliser avec les fournisseurs de contenu sur le marché mondial.

« Le Canada n’est plus une île isolée dans un océan », a dit Edward Rogers, président du conseil de l’entreprise, lors de la première journée d’audiences du CRTC, à Gatineau.

« Bien que nos principaux concurrents soient toujours Bell et Telus dans le secteur de la câblodistribution, dans ce marché mondial, nos concurrents sont également de plus en plus des plateformes et des marques mondiales », a ajouté M. Rogers, qui a remporté une bataille judiciaire très médiatisée pour le contrôle du conseil d’administration de l’entreprise plus tôt ce mois-ci.

Lors des audiences, l’entreprise a souligné que ses investissements dans la télévision sur l’internet étaient essentiels pour répondre aux menaces pesant sur la radiodiffusion canadienne venant de Netflix, d’Amazon Prime et d’Apple TV, puisque l’offre de Rogers permet aux clients de voir à la fois du contenu national et international, tout en restant dans un cadre réglementé.

Il a déclaré qu’il prévoyait également d’investir des milliards de dollars pour étendre l’accès aux services à large bande et investir dans les réseaux 5G pour rester compétitif.

« Shaw ne peut pas le faire seul »

Brad Shaw, chef de la direction de Shaw, a pour sa part déclaré que l’accord proposé intervient à un moment critique pour l’industrie et que l’entreprise établie à Calgary ne peut pas faire les investissements nécessaires dans le réseau et la diffusion sans un partenariat.

« En termes simples, Shaw ne peut pas le faire seul. Nous avons besoin de l’échelle, de la force et des ressources des actifs combinés de Shaw et Rogers », a-t-il dit.

Dean Prevost, chef de la division Rogers Connected Home, a fait valoir que les investissements augmenteraient la concurrence en matière de radiodiffusion dans l’Ouest canadien, en particulier dans les collectivités rurales où Telus est souvent la seule option. Il n’a pas assuré que les clients de Shaw ne verraient pas d’augmentations de tarifs, mais a déclaré que la concurrence était le meilleur moyen de contrer cela.

« La meilleure assurance que vous ayez est le concurrent le plus incroyablement agressif de l’Ouest, qui est Telus. Augmenter les tarifs n’est pas un acte isolé, ça dépend du marché. »

Le CRTC a entendu Rogers et Shaw lundi, alors que d’autres groupes intéressés, dont Telus, BCE et des groupes de défense des consommateurs, devraient avoir leur mot à dire plus tard cette semaine.

Oppositions à l'accord

Dans les documents déposés, Telus et BCE se sont opposés à l’accord, affirmant qu’il donnerait à Rogers le contrôle de 47 % des abonnés à la radiodiffusion anglophone au Canada et une trop grande influence sur la distribution de contenu et la sécurisation des droits sur le contenu.

S’exprimant à l’occasion du retour au parlement lundi, le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a dit qu’il était également opposé à l’accord.

« Nous sommes absolument opposé à cette fusion. Cela va faire du mal aux gens, cela va rendre la vie plus difficile, cela va faire augmenter les coûts pour internet », a-t-il déclaré.

Les audiences du CRTC sont axées sur les implications de l’accord pour la diffusion, y compris les réseaux de câblodistribution en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba, le service de télévision par satellite Shaw Direct et un système de relais par satellite.

Le CRTC ne tiendra pas compte des répercussions sur le marché du sans-fil mobile, qui feront partie des examens effectués par le Bureau de la concurrence et par le ministère de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique.