Si certains investisseurs ont choisi de bouder le premier appel public à l’épargne de Coveo, jugeant notamment son évaluation trop élevée, d’autres ont sauté sur l’occasion sachant très bien que le titre de l’entreprise de Québec spécialisée dans l’intelligence artificielle appliquée au commerce en ligne n’était pas bon marché.

« Ce n’est pas une aubaine », lance l’investisseur Voicu Valentir. « Mais à cause de la rareté découlant du fait que les nouveaux actionnaires obtiennent seulement 13,7 % des actions de Coveo dans l’opération, il y a un potentiel haussier. »

« Je n’ai eu que des peanuts », ajoute-t-il en précisant avoir obtenu seulement 10 % de sa commande passée par l’entremise de son courtier en prévision de l’entrée en Bourse.

L’évaluation initiale de l’action semble avoir été plutôt bien calculée par les banquiers, selon cet opérateur de marché professionnel et président du Groupe Cavaliro.

L’implication de plusieurs courtiers américains (BofA, UBS, Oppenheimer et Ramirez & Co) dans la gestion de ce premier appel public à l’épargne est notamment ce qui a attiré l’attention de Voicu Valentir. « Ça aide beaucoup une entreprise du secteur des technologies qui veut devenir publique », dit-il.

« Coveo est une business qui a une belle croissance bien qu’elle ne soit pas extraordinaire, mais j’ai vu dès le début du roadshow que c’était très hot. Tous les courtiers n’avaient pas accès au book, ce qui était déjà un bon signal en soi », dit-il. « Dès les premiers jours du roadshow, c’était bien vendu. »

« Trop cher », tranche pour sa part Stephen Takacsy, chef des placements chez Gestion d’actifs Lester à Montréal. Ce gestionnaire dit avoir passé son tour, jugeant le multiple d’évaluation sur les ventes trop élevé.

Le gestionnaire de portefeuille Eric Gibouleau, de la firme montréalaise Gestion d’actifs Dorchester, a lui aussi préféré s’abstenir. « On n’a pas participé au IPO de Coveo. Super belle entreprise, mais l’évaluation était trop élevée pour nous », dit-il.

Première séance

Coveo a vu son action s’apprécier de 8 % jeudi à sa toute première séance à la Bourse de Toronto. Le titre a clôturé à 16,20 $ après que son prix initial eut été fixé à 15 $ la veille par les banquiers de l’entreprise au terme de présentations et de rencontres organisées avec des investisseurs dans les dernières semaines.

Le prix initial de l’action de Coveo a été fixé dans le haut de la fourchette de 13 $ à 15 $ préalablement établie pour donner aux investisseurs une indication de la valeur recherchée dans le cadre de son premier appel public à l’épargne.

Le premier appel public à l’épargne permet à Coveo de récolter 215 millions. Cet argent doit servir à renforcer la situation financière de l’entreprise et l’aider à poursuivre sa stratégie de croissance.

Selon nos informations, l’émission d’actions a été substantiellement sursouscrite avec plus de 1 milliard de dollars en commandes de la part d’investisseurs désireux de devenir actionnaires de Coveo.

Les principaux actionnaires de Coveo sont ses dirigeants, le Fonds de solidarité FTQ, Investissement Québec, Omers (la caisse de retraite des employés municipaux de l’Ontario) ainsi que les fonds Evergreen (une filiale d’Elliott Management) et Qatar Investment Authority.

Il n’a pas été possible de parler aux dirigeants de Coveo jeudi pour obtenir des commentaires. « Nous sommes toujours en quiet period. On ne peut pas s’adresser aux médias », a fait savoir la porte-parole Sheila Morin.

Le chiffre d’affaires de Coveo, qui compte une portion importante de revenus récurrents, a dépassé les 64 millions US au cours de son dernier exercice financier.

Le chiffre d’affaires est en progression comparativement à son niveau de 44 millions US en 2019 et de 55,5 millions US en 2020.

Un profit net de 11 millions US a été dégagé pour la période de six mois terminée à la fin de septembre. La marge brute des activités se situe entre 75 % et 80 %.

La direction estime la taille de son marché potentiel à près de 39 milliards de dollars.

Coveo a été fondée en 2005 par Laurent Simoneau, aujourd’hui président et chef de la technologie, Marc Sanfaçon (vice-président principal à la technologie) et Richard Tessier (vice-président principal aux produits).

L’entreprise est dirigée par Louis Têtu, qui s’est d’abord joint à l’entreprise en 2008 à titre d’investisseur et membre du conseil d’administration. Il est devenu chef de la direction en 2012. L’effectif de l’entreprise s’élève à environ 750 employés.