En dehors du prêt pour rembourser ses clients dont les vols ont été annulés en raison de la pandémie, Air Canada ne veut plus de l’aide financière du gouvernement fédéral. Ce retrait élimine l’option qui aurait permis à Ottawa d’acquérir davantage d’actions du transporteur, qui se libère également d’éventuelles obligations en matière de rémunération de ses patrons.

« Bien que la pandémie ne soit pas encore terminée, nous interprétons cette décision comme un témoignage de confiance [de la part d’Air Canada] à l’égard de la reprise », a souligné vendredi l’analyste Konark Gupta, de la Banque Scotia, à la suite de l’annonce.

En avril dernier, Ottawa avait volé au secours du plus important transporteur au pays en déboursant 500 millions pour acheter des actions à un prix de 23,18 $, ce qui lui confère une participation de 6 %. Le gouvernement Trudeau avait aussi offert 4 milliards en facilités de crédit garanties et non garanties ainsi que 1,4 milliard pour rembourser les voyageurs. Le plan totalisait environ 5,9 milliards.

À l’exception de l’enveloppe destinée aux remises en argent, les prêts s’accompagnaient de restrictions, comme le plafonnement de la rémunération globale des hauts dirigeants à 1 million par année, le versement de dividendes et les rachats d’action.

Air Canada a répété à maintes reprises, au cours des derniers mois, qu’elle souhaitait éviter d’avoir recours aux facilités de crédit offertes par le gouvernement, qui constituaient en quelque sorte un parachute de secours.

Le retrait [de l’aide] pourrait également constituer un signal selon lequel le désendettement pourrait figurer sur la liste des priorités au cours des prochaines années.

Konark Gupta, analyste à la Banque Scotia

En tenant compte des milliards offerts par le gouvernement fédéral, Air Canada avait accès à des liquidités de plus de 14 milliards en date du 30 septembre.

Emprunter pour rembourser

Établie à Montréal, l’entreprise dit avoir emprunté environ 1,2 milliard sur les 1,4 milliard disponibles – à un taux d’intérêt annuel de 1,2 % – de la facilité de crédit destinée aux remboursements des passagers.

Ces fonds ont été « versés directement aux clients », affirme Air Canada. Des clients se plaignent toujours d’attendre leur remboursement, plusieurs mois après l’accord intervenu entre Ottawa et le transporteur aérien.

« Environ 58 % des clients admissibles ont demandé un remboursement, y compris ceux qui n’étaient pas couverts par la facilité gouvernementale, a souligné Air Canada. Les autres ont conservé des crédits pour des vols futurs. »

La somme de 1,2 milliard sera remboursée selon les conditions de l’entente.

Air Canada avait suscité un tollé en versant des primes totalisant 10 millions à ses gestionnaires ainsi qu’aux membres de sa haute direction après avoir affiché une perte d’exploitation d’environ 3,8 milliards en 2020, secouée par la pandémie.

La grogne populaire avait incité l’entreprise à faire marche arrière. Les hauts dirigeants avaient renoncé à leurs primes et à d’autres avantages. Air Canada possède maintenant toute la latitude pour rémunérer ses patrons comme elle l’entend.

Options annulées

En août dernier, le Directeur parlementaire du budget estimait que le gouvernement fédéral empocherait 177 millions en vertu de l’aide accordée à Air Canada.

Le calcul tenait toutefois compte de la valeur de bons de souscription. Le plan d’aide permettait à Ottawa d’acheter, pendant une période de 10 ans, jusqu’à 15 millions d’actions de plus à environ 27,27 $ par titre.

Avec le retrait, la moitié des bons, qui n’ont pas été acquis, sont automatiquement annulés. Air Canada entend se prévaloir de son option de racheter, à des fins d’annulation, la tranche restante, à sa « juste valeur marchande ».

Selon le plus récent rapport trimestriel du transporteur, en date du 30 septembre, la « juste valeur marchande » des bons de souscription acquis était estimée à 84 millions.

Parallèlement au plan d’aide, Air Canada avait obtenu, à la fin du troisième trimestre, environ 970 millions grâce à la Subvention salariale d’urgence du Canada, un programme qui a pris fin le mois dernier.

En plus d’Air Canada, Ottawa a conclu des accords de financement, qui prévoyaient des remboursements pour les voyageurs, avec d’autres compagnies, comme Transat A.T., Porter Airlines et Sunwing.

À la Bourse de Toronto, vendredi, l’action d’Air Canada a clôturé à 23,55 $, en recul de 59 cents, ou 2,4 %.